King Kong
6.3
King Kong

Jeu de Ubisoft Montpellier, Ubisoft et Michel Ancel (2005GameCube)

King Kong n'est pas un FPS comme les autres. L'interface et le gameplay ont été épurés au possible, l'écran n'affiche ni barre de santé, ni quantité de munitions, afin de nous maintenir dans l'action de la manière la plus crédible possible, sans qu'aucune information extérieure ne vienne parasiter la relation du joueur à l'univers. Tout ce que l'on a besoin de savoir est contenu dans l'environnement, on peut solliciter notre personnage pour qu'il fasse l'inventaire de ses minutions, et les blessures se matérialisent par un flou et une teinte rouge sang à l'écran. Tous les détails sont soigneusement étudiés, tout est fait pour garder le joueur sous pression, les armes sont rares et peu nombreuses, on ne peut en transporter qu'une seule, et les munitions sont en quantité très limitée (pire que dans un Resident Evil). Il faut vite apprendre à économiser les balles et à utiliser des moyens alternatifs pour éliminer les bestioles les moins coriaces (araignées, mille pattes, monstres volants). On peut ainsi ramasser des bouts de bois et des lances en os un peu partout sur le terrain pour embrocher les bêtes, on peut embraser les ronces pour faire cramer tout ce petit monde sans s'épuiser, ou bien encore les attirer dans un coin en leur offrant une proie facile à dévorer. Le jeu gère la chaîne alimentaire, tuer une bête de taille moyenne attirera les plus grosses, le temps de s'esquiver. Il vaut mieux en effet parfois éviter les bestioles plutôt que de gaspiller des chargeurs entiers.

Les phases d'action sont vraiment bien gérées, il y a souvent plusieurs manières d'aborder les ennemis, on ne sait jamais vraiment à quoi s'attendre, ni ce qu'il convient de faire. En ce sens, le jeu arrive très bien à créer l'incertitude et la tension que l'on peut légitimement avoir dans une situation où l'on est seul et faible, et où l'on dispose presque uniquement de notre "intelligence", face à des monstres bien plus puissants. Dans le genre, les rencontres avec le T.Rex sont vraiment impressionnantes, et on se retrouve obligé de temporiser vu que l'on ne peut lui infliger aucun dégât sérieux. L'immersion est renforcée par la présence des personnages secondaires issus du film qui nous accompagnent tout au long de l'aventure et nous aident à progresser (à l'instar des sidekicks de Beyond Good & Evil). Et puis les graphismes (sur Gamecube) ne sont peut-être pas époustouflants mais l'atmosphère de Skull Island est magnifiquement retranscrite et l'on ressent parfaitement la désolation et l'hostilité des environnements, que ce soit le long des falaises surplombant la mer déchaînée, dans la jungle et les marécages poisseux ou en haut de la montagne, près du repère de Kong. D'un point de vue conceptuel King Kong est une expérience intense qui réussit le pari de proposer quelque chose de différent.

Le jeu souffre néanmoins de quelques défauts qui l'empêchent d'être un chef-d'œuvre. Le plus gênant est la progression linéaire et répétitive. Le level design reste assez basique, les niveaux sont linéaires (on débute sur la plage, et on s'enfonce dans l'île jusqu'au repère de Kong pour libérer Ann) et consistent le plus souvent à trouver des leviers pour actionner des portes et poursuivre sa route. Heureusement que les lieux où l'on doit affronter les bestioles sont plus ingénieux et proposent des architectures plus intéressantes, où l'on peut se planquer (ou pas, ce qui est encore plus flippant quand on parcourt un terrain ouvert où la menace peut venir de tous les côtés). En fait, la progression est surtout rythmée par des scripts comme les apparitions du T.Rex ou l'anthologique marche des Brontosaures. On en prend plein les yeux, c'est certain. On aurait cependant pu se passer des phases dans la peau de Kong qui, à mon sens, n'apportent pas grand-chose et ne sont pas intéressantes d'un point de vue ludique. On ressent certes une énorme puissance quand on fracture la mâchoire des T.Rex à la chaîne mais ces passages paraissent être en pilotage automatique tant ils sont simples et purement visuels en quelque sorte.

Enfin cela n'empêche pas le jeu d'être un titre à essayer car il fait l'effort de proposer une approche vraiment différente de la majorité des FPS et c'est, dans l'ensemble, très réussi et donc original et prenant. On ne pouvait pas en attendre moins de Michel Ancel.

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le 17 mars 2011

Critique lue 715 fois

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benton

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