" Pour ma part, je ne voyage pas pour me rendre quelque part. Je voyage pour l’intérêt du voyage "

Ak’Shel était épuisé. Son souffle était court et ses réserves de magie complètement épuisées. Accompagné de ses fidèles compagnons, Baccata et Paulson, il venait de sauver le royaume de Gladstone. Il allait devenir l’un des personnages les plus importants du royaume et sa légende sera contée pendant des générations.


Alors que Ak’Shel prenait le chemin du retour, il repensa à toute son aventure ...



I- Introduction



Lands of Lore est un des Dungeon Crawler les plus réputé de toute l’histoire du jeu vidéo. C’est un genre où le joueur contrôle des personnages en vue subjective et les déplacent case par case. En général le groupe de héros va affronter des créatures et s’enfoncer dans des donjons à la recherche de trésors.


Le plus fameux représentant du genre est Dungeon Masters, sorti en 1987 qui provoqua une petite révolution dans l’univers du jeu vidéo de rôle avec son monde en trois dimensions et sa vue subjective.


Sorti 6 ans plus tard, Lands of Lore sera un succès critique et commercial pour le développeur Westwood Studios. En 2020, je découvre enfin le titre et je vais essayer de comprendre les éléments de son succès.



II- L’histoire



Ultra classique pour un jeu de rôle, l’histoire de Lands of Lore pourrait tenir sur un timbre poste.


Un messager arrive au château de Glastone et porte une terrible nouvelle au roi. La méchante sorcière, Scotia vient de récupérer un artefact très puissant, le Masque des Ténèbres lui permettant de changer de forme à volonté. Le roi Richard, prend la menace très au sérieux et décide d’envoyer un aventurier (nous) pour récupérer le Rubis de la Vérité, un collier qui permettra de contrer les plans de Scotia. Mais, l’aventure ne sera pas de tout repos pour notre intrépide guerrier!


Simple et efficace, le postulat de départ de Lands of Lore ne lui aurait certainement pas valu de gagner l'oscar du meilleur scénario (quoique …). Systématiquement il faudra aller dans un nouvel environnement pour massacrer des populations entières de créatures afin de récupérer un objet nécessaire à l’avancement de notre quête. Sur la route, le héros sera rejoint par différents personnages qui resteront plus ou moins longtemps à côté de lui. Le groupe se composera au maximum de trois personnages.


Derrière ce scénario basique se cache un univers très classique, mais bien développé par l’équipe de Westwood Studios.



III- L’univers



Les environnements sont variés mais restent basiques : châteaux, grottes, forêts, marécages, donjons, villes. Cependant le charme a très vite opéré grâce aux graphismes et la musique.



  • Visuellement le jeu dégage un côté rétro assez charmant. Les cinématiques ont bien vieilli et j’ai été très impressionné par le rendu des décors et des sorts, surtout quand on sait que la palette de couleurs était limitée à 256 choix possibles à l'époque. Voici quelques captures d’écrans pour vous en convaincre.


https://www.abandonwaredos.com/public/aban_img_screens/lands-of-lore-1-02.jpg
http://robinson-special-jeux.franceserv.com/images/Lands-gel_6oa2448k.png
http://robinson-special-jeux.franceserv.com/images/Lands-brume-fatale.png
https://www.abandonwaredos.com/public/aban_img_screens/lands-of-lore-1-09.jpg
http://robinson-special-jeux.franceserv.com/images/Lands-passerelle.png



  • Les bruitages et le doublage sont d’excellente facture, mais c’est la musique qui reste pour moi l’un des facteurs clés du succès du titre. Si on passe outre le mixage, on peut quand même distinguer de très belles mélodies (je rappelle quand même que le jeu est sorti sur PC en 94).


https://www.youtube.com/watch?v=SWQ2kx8BWL4&list=PLcyBG0wn0DJWAJwyZjTeWg-N4TvRrVI_Y&index=42


C’est d’autant plus impressionnant 25 ans après.



IV- Un gameplay intuitif



Ce qui frappe d’entrée avec Lands of Lore c’est son accessibilité. Pas besoin d’être un expert en jeu de rôle ou un joueur chevronné pour prendre du plaisir sur le titre. L’interface du jeu est très lisible. Il n'est pas nécessaire d’ouvrir une dizaine de menus pour accéder à vos objets ou à vos sorts. Tout peut être effectué depuis l’écran principal. C’est simple mais diablement efficace même en 2020. Le seul menu supplémentaire qui existe sert à l’équipement des objets qui apparaît en cliquant sur les portraits des personnages.


http://robinson-special-jeux.franceserv.com/images/Lands-interface_867d966z.jpg


Les développeurs ont souhaité simplifier l’expérience du joueur : au bout de quelques minutes vous disposerez d’un atlas qui permettra de dresser la carte des lieux visités en indiquant tous les éléments susceptibles de le faire avancer : levier, boutons, coffres, murs secrets ou trappes.
Vous récupérez une boussole pour vous repérer selon les points cardinaux et une lanterne pour éclairer votre chemin dans les grottes et les donjons que vous allez visiter.


Même la création de personnages, qui est pourtant l’un des éléments central des jeux de rôles, est très rapide : vous avez le choix entre 4 personnages : un mage, un guerrier, un voleur et un mixte des trois. Les caractéristiques sont déjà faite. Vous choisissez votre héros et l’aventure se lance.


Vous avez une barre de point de vie et de magie qui peuvent se régénérer en dormant dans un endroit tranquille. Il n’y a pas d’augmentation de niveau. Vous gagnez des compétences dans trois catégories (mage, guerrier et voleur) et effectuant des centaines de fois une même action. Les armes augmenteront votre attaque et les armures votre protection.


Les combats sont très simplifiés : une touche pour attaquer avec son arme et une autre pour choisir la puissance du sort que l’on souhaite utiliser. Plus le sort est puissant plus la quantité de mana utilisée sera importante. Pour changer de sort il suffit de cliquer parmi la liste des sorts disponibles. Inutile de sélectionner sa cible, il suffit d’être suffisamment proche pour une arme au corps à corps et un sort ou d’avoir son adversaire dans son champ de vision pour une arme de jet. Il existe un léger délai d’attente à chaque coup effectué ou sort lancé dans la tradition des jeux de rôles papiers où les combats s’effectuent au tour par tour.


Vous l’aurez compris le studio de développement voulait toucher un très large public.


Le pari est réussi dans son ensemble. Le gameplay est fluide et très agréable, et j’ai accepté sans broncher la création ultra rapide de mon personnage. Mais, il y a quelques bémols selon moi.


Globalement l’ergonomie du jeu est excellente, mais montre ses limites dans certaines situations.



  • L’inventaire commun des personnages sous forme de la barre défilante simplifie l’interface, mais lorsqu’il est rempli il est nécessaire de faire défiler l’inventaire pour trouver l’objet qui nous intéresse. Cela peut être particulièrement agaçant lorsque l’on cherche une potion de soin lors d’un combat qui se passe mal.


Au départ on ne prête pas attention à ce détail, mais au bout d’une dizaine d’heures le système devient un peu lassant.



  • Lorsque vous récupérez des équipements, le jeu indique simplement une hausse de force pour les armes et une hausse de protection pour les armures. C’est simple à comprendre à première vue.


Le problème c’est que l’absence de description peut parfois vous faire passer à côté d’objets (armes, armures, voir des sorts) magiques qui dispose d’effets une fois utilisés. Combien de fois j’ai pu découvrir une « Hache de Fossoyeur » ou une « Arbalète de Valkyrie » sur le papier très faible et que j’ai donc mises de côté. Ce n’est qu’une fois l’aventure terminée que je me suis rendu compte en lisant des sites de solutions qu’elles auraient pu me faciliter certaines passages du jeu.


Même lors de l’achat d’une arme ou d’un objet vous n’aurez qu’une description évasive de la part du vendeur : « C’est une arme très bien forgée, elle vous coûtera … d’or ».


Supprimer certaines caractéristiques pour privilégier l’aventure est louable, mais ici le manque d’informations peut parfois jouer des tours très retors aux joueurs.


Personnellement j’ai un réflexe commun à beaucoup de joueurs de jeu vidéo et particulièrement de RPG : conserver si possible toutes les armes, armures ou objets que je découvre pour éviter des mauvaises surprises plus tard. Heureusement pour moi, ce réflexe m’a évité certaines déconvenues (que je développerai plus tard).


Le jeu vous montre à un certain moment du jeu que les objets peuvent être utilisés pour interagir avec leurs environnements. Ce n’est qu’à partir de ce moment-là qu’on va potentiellement se dire que cela concerne d’autres objets. Alors c’est vrai que découvrir par pur hasard un objet magique est une sensation très agréable. J’aurais quand même préféré une description même légère.


Je vais mettre ça sur l’époque de la sortie du jeu.



  • Sans trop m’étendre, le choix de personnages peut sembler ne pas être très important, car la création est ultra simplifiée. Le début du jeu reste cependant, plus difficile pour un mage que pour un guerrier, mais ça tout joueur de RPG le comprend lors de la création. D’ailleurs on peut partir sur une branche différente après la création du personnage. Choisir de faire de notre mage un guerrier en lui donnant une arme au corps à corps par exemple. Mais, je pense que sur le long terme on peut regretter certains choix.


La magie est extrêmement puissante à la fin du jeu et vous sauvera la mise à de nombreuses reprises. J’ai pris par réflexe un mage, mais j’ai fortement hésité avec un personnage de forme féline spécialisé en vol. J'ai bien fait.


Sur les forums, beaucoup de joueurs indiquent que le voleur n’apporte pas grand-chose et que ses compétences ne sont pas indispensables. De même pour le guerrier qui perd grandement de son prestige lors de la rencontre d’adversaires résistant aux attaques physiques qui peuplent la majorité des derniers donjons.


Cela m’amène à parler d’un dernier point.



V- La difficulté



La difficulté de Lands of Lore n’est pas perceptible durant les premières heures de jeu du titre. Certes, il faut rester prudent et éviter d’attaquer des dizaines d’adversaires à la fois. Mais, cet aspect est facilité par la structure de construction des environnements.


On se rend compte que les ennemis se déplace assez lentement et les longs couloirs des donjons peuvent servir à coincer des groupes trop importants de monstres qui n’auront pas d’autres choix que de s’engager un par un pour essayer de nous atteindre. Cette tactique militaire digne de la bataille de Salamine m’a sauvé de nombreuses fois et j’ai dès lors abusé de cette mécanique souhaitée par les développeurs. L’ajout de personnages supplémentaires renforce également notre puissance d’attaque.


L’aventure commence à se corser fortement vers la moitié du jeu. Les donjons sont sur plusieurs étages, des énigmes apparaissent et le déplacement case par case accentue l’aspect labyrinthique de certains environnements.


Même avec la carte détaillée, vous allez vous perdre un nombre incalculable de fois dans les niveaux et parfois le scénario est si avare en informations que vous allez commencez à tourner en rond pendant plusieurs heures avant de trouver la solution à vos problèmes.


Là où le jeu devient particulièrement ardu, c’est lorsqu’il est nécessaire d’utiliser un objet de quête pour continuer. Or l’absence de description des objets rend ce procédé très aléatoire. Quand on aperçoit une serrure, on sait que l’on va avoir besoin d’une clef. Mais, ce n’est pas toujours aussi intuitif.


Il est nécessaire de créer un remède pour soigner le Roi. On dispose d’un parchemin qui nous rappelle sous forme d’énigmes les objets à récolter. Ils existent des personnages qui peuvent nous donner des indices sur ces objets, mais le procédé reste cependant assez exigeant. D’autant plus qu’il est nécessaire d’interagir avec certains environnements du décor pour en récolter certains. Mais, encore faut-t’il avoir dans son inventaire, l’objet nécessaire et l’utiliser !


Pour citer le site Robinson jeu gratuit :



Un contenu énorme, pour un jeu facile à utiliser mais difficile à mener à bien.



Honnêtement sans solution je me demande s’il est vraiment possible de terminer le jeu. Il existe de nombreuses occasions où l’on peut se retrouver bloqué parce que l’on a oublié un objet dans un environnement du jeu il y a de cela plusieurs heures.


Voici un petit florilège des « cadeaux empoisonnés » des développeurs :



  • Je pense que n’importe quel joueur de Lands of Lore a comme moi, galéré pour passer le monstre à l’entrée des mines de Urbish.


  • La Tour Blanche permet de créer l’Élixir. Dans le sous-sol vous devez passer une énigme qui nécessite de ramasser les objets par terre et les mettre dans les alcôves prévues. Si vous avez le malheur de vendre l’un des objets, vous ne pouvez pas accéder à la voyante qui ne vous donnera jamais l’élément nécessaire pour fabriquer l’Élixir. Comme vous êtes obligé de sauver le roi pour finir le jeu, votre partie est terminée.


  • Petite pensée pour le niveau 3 avec les fantômes invulnérables sauf si vous utilisez des armes spécifiques (l’astuce est donné au prologue dans l’un des livres du jeu, j’espère que vous avez pris des notes).


  • Honnêtement combien d’entre vous ont vraiment réussi à guérir le roi sans solution ? Le nombre d’objets à trouver est hallucinant. Personnellement j’ai réussi à fabriquer l’Élixir, mais j’ai failli me retrouver dans le pétrin car j’étais à deux portes d’oublier une des « pyramides ».



Comme sauver le roi Richard est indispensable pour terminer le jeu, le risque de game over est très important !




  • Sauver Dawn nécessite d’avoir le diamant et de l’utiliser si on arrive à la rejoindre !


  • Si vous sauvez le roi, il vous donne son anneau. Il est nécessaire d’avoir conservé le collier de la vérité (trouvez auprès du roi des marécages il y a de cela plusieurs dizaines d’heures) et le fusionner avec l’anneau pour créer l’artefact indispensable pour rendre vulnérable Scotia et ainsi la vaincre.


  • La fin du jeu est vraiment difficile : entre le niveau du donjon avec les créatures qui détruisent les armures, les énigmes complexes et les trous omniprésents qui vous font chuter d’un étage, trouver la sorcière relève de l’exploit.




Là, honnêtement j’ai utilisé une solution pour ne pas oublier certains objets.




  • La toute dernière « carotte » du jeu, Scotia justement.



Il est tout à fait possible de rencontrer la sorcière sans avoir libéré le roi. Et là autant vous dire que l’abattre est quasiment mission impossible, car elle se change très rapidement en araignée ce qui la rend purement et simplement invulnérable. Si vous avez écrasé votre unique sauvegarde lors du début de l’affrontement, vous êtes piégé !


Ce sentiment est semble t-il partagé par les contributeurs des forums et de Sens Critique : peu de personnes ont réussi à atteindre la cinématique de fin de Lands of Lore.


Honnêtement j’ai passé sur la trentaine d’heures de jeu, 25 heures très très agréables. Mais, les 5 dernières heures furent pour moi un vrai calvaire et je n’avais qu’une hâte : ouvrir une solution et terminer l’aventure.



VI- Conclusion



Ne tournons pas autour du pot : Lands of Lore est un très bon jeu. Malgré sa difficulté ahurissante, j’ai pris la majorité du temps beaucoup de plaisir à parcourir les contrées de Gladstone. Si vous aimez comme moi terminer un jeu sans solution, je dois vous prévenir : à moins d’être très chanceux et très attentif, cette mission est presque impossible.


Le jeu est aujourd’hui gratuit sur Abandonware. Une bonne occasion pour découvrir ce premier volet d’une trilogie de jeu qui perdra malheureusement son souffle par la suite.


Il rentre pour moi dans les catégories des jeux indispensables à découvrir si on est friand de jeu d’aventure ou si on souhaite simplement redécouvrir un titre qui a marqué toute une génération de joueurs dans son domaine.


Je lui donne un très solide 7 qui aurait pu être au moins un 8, sans les multiples pièges laissés par les développeurs et les soucis d’ergonomie qui de mon point de vue personnel complexifie grandement l’aventure.


Mais malgré tout, je vous conseille de jouer à Lands of Lore, car il possède encore des solides atouts qui vous feront passer de très bons moments.

Elminster
7
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le 22 avr. 2020

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