Breath of the Pokémon

Je place ma critique suffisamment tôt pour garder la légitimité d'un titre plus que consensuel et attendu. Car de l'opus de Zelda, il en sera évidemment question dans la suite de ce propos. Mais cela ne sera pas à l'avantage du jeu visé par cette critique...

Petite note préliminaire : cette critique est écrite à la suite de la fin du mode histoire et de la quête des plaques du dieu des Pokémon. On est plus ou moins sur du 20h de jeu donc.

Commençons par l'histoire. Elle est autant intrigante que frustrante. [Merci de noter que je vais espoillier sans vergogne]. Notre héros tombe, d'une mystérieuse faille dans le ciel, amnésique dans un monde étrange où son aventure commence. Le joueur à l'esprit affuté apercevra que ce monde est peuplé d'étranges créatures aux pouvoirs étranges... ces "Pokémon" peuvent être de solides alliés ou de terribles adversaires. Les humains de ce monde sont partagés entre la crainte de vivre dans un monde de dangers et l'espoir d'avoir trouvé une terre accueillante. Alors que la faille dans le ciel et des Pokémon-roi sous stéroïdes font craindre le pire, votre arrivée va pousser les différentes parties à prendre position.

Vous joindrez le groupe des exploreurs et rencontrerez les différentes factions (Perle, Diamant, marchands, voleurs...) tout en complétant votre Pokédex pour un vieux timbré, trop fainéant pour se taper le boulot tout seul. A noter que votre joueur a 15 ans [ce qui fait que Nintendo enverra bientôt, dans les futurs jeux, des adultes accomplir toutes ces tâches dangereuses, il serait temps].

Le scénario ne casse pas trois pattes à canard, j'en conviens. Mais je reste sur ma faim. Votre personnage n'a aucune histoire, aucune famille, rien. Il tombe, se fait adopter par le professeur de la région et part à l'aventure sans demander son reste. C'est tout ? Rien, aucune quête pour retrouver sa mémoire et finalement décider de rester sur ce nouveau monde parce que quand même, les Pokémon, il n'y a rien de plus beau ? Non, rien. Le pire, c'est qu'au moins un autre personnage est aussi d'un autre espace-temps et le sujet est évacué en trois lignes ! Un peu léger, non ? Le mystère ne se suffit pas à lui-même, chers scénaristes.

Pour le reste, la conclusion est assez logique somme toute ? Plus d'arènes, cinq grandes épreuves (identiques) et un Pokédex à remplir. Surtout si vous voulez rencontrer Arceus. Parce que le Dieu ne daignera se pointer que si vous avez rencontré tous les Pokémon (il vous a même envoyé un SMS pour vous le dire, je ne déconne même pas...). Pour le reste, on traque et on capture.

Mode de jeu donc ! Autant les possibilités sont diverses entre les combats, les appâts ou les captures silencieuses, autant le jeu est assez limité dans son ambition encore une fois. Passé la première heure de jeu, toutes les techniques sont connues et ne changeront pas d'un iota. On est vraiment sur le gros point noir du jeu. Où est l'accomplissement ? Oui, le jeu est plutôt bien foutu mais tout pêche par petitesse.

Ce jeu, dont l'ambiance est clairement une reproduction du jeu Zelda éponyme, a ce désir de vendre une atmosphère épique et pleine de surprise. Mais là où le joueur pouvait encore apprendre après une cinquantaine d'heure sur le Zelda, le joueur devra se contenter d'une répétition de techniques enclenchant une routine mortifère passé les cinq premières heures de jeu. Le point est clairement valable pour le "monde ouvert". Passer cinq ans après BoTW et nous sortir un truc pareil, ce n'est plus du marketing, c'est un doigt d'honneur. Ce fameux monde ouvert est en réalité six (plus une septième anecdotique) zones qu'on ne peut pas dépasser. Et dont on ne peut accéder sans passer par un "hub" (la première zone du jeu) qui casse toute la dynamique. Si on veut sortir d'une zone, il faut faire son rapport au professeur, sortir de la zone, arriver au village de départ et repartir dans la zone désirée. On a vu monde ouvert plus fluide....

Pour avoir zieuté sur d'autres critiques, je rejoins l'avis que ce jeu n'est qu'un test grandeur nature ce que l'on peut attendre du futur de la licence. Un test à 60€ tout de même !

Pour le reste, le bestiaire est comment dire ? Parcellaire et globalement immonde. Je pardonne la mutilation de Typhlosion parce que je suis amateur du type spectre mais je ne pardonne ni le sort de Palkia / Dialga ni d’avoir placé Arceus en récompense des 100%. De même, les logiques de Pokémon « monarques » et « barons » m’ont semblé un simple copier/coller de la 7G. Et autant, rappeler que je ne suis pas convaincu. Je reconnais à cet opus d’avoir proposé quelques nouveautés. Mais encore une fois, pour se contenter de le répéter en boucle. Typiquement, l’épreuve pour affronter les monarques. Première fois, « ah tiens ! », « Rigolo », « original » ; boucler ça cinq fois et vous atteindrez une forme d’ennuie phénoménale.

Pour ma part, la photographie et la bande-sonore forment un tout cohérent, largement satisfaisant. Absolument rien de transcendant mais on reste trop sur un style BoTW qui a au moins cinq ans. C’est dire encore une fois, le manque d’ambition…
A part pour les quelques geeks émo du coin, changer d’apparence et de vêtements ne fera pas oublier les choix stylistiques douteux notamment sur le style de certains personnages (j’ai un certain Camille en ligne de mire…).

Les changements de mode de jeux m’apparaissent nécessaires pour relancer une licence vieillissante.
Mais le sacrifice inévitable d’une partie du Pokédex ne justifie pas les choix douteux effectués (les formes régionales ou la sélection arbitraire d’une partie du Pokédex) ne traduisent en réalité d’un manque de créativité, GF se reposant sur ses succès précédant. Facile mais fainéant.
Proposer un renouveau des techniques de jeu est louable. N’en concevoir qu’une poignée, c’est honteux.
Se vendre avec autant de volonté sur un jeu Zelda de haute volée pour autant rester dans son ombre, c’est criminel.
Vanter une révolution et accoucher de cet opus, c’est du marketing !