Pour situer, le jeu est sorti en 2003 (3 ans après Paper Mario (N64), 7 ans après Super mario RPG (SNES)).

Une fois n’est pas coutume, Nintendo change encore de studio de développement pour ce troisième RPG Mario, et c’est ce jeu qui définira clairement deux séries de RPG Mario distinctes, Paper Mario et Mario&Luigi, les premiers étant développés par Intelligent Systems (studio interne), tandis que les seconds reviennent à AlphaDream (second party… je ne sais plus comment on dit en français :’( ).

Que de chemin parcouru depuis Super Mario RPG… tout d’abord, bien que la GBA soit une Super Nintendo portable, fini le style graphique « silicon graphics » en 3D précalculée qui faisait si bonne impression il y a 7 ans. Superstar Saga est en 2D, en belle 2D, avec des formes rondelettes, des couleurs plutôt vives et très lumineuses comme souvent sur GBA (peut-être pour pallier l’absence de rétro-éclairage…), et des personnages animés de manière très fluide. Car s’il y a bien un point sur lequel ce jeu est irréprochable, c’est son animation. Non seulement on se retrouve avec un pixel art qui tourne à 60 images par seconde sans le moindre gap dans l’animation, mais en plus AlphaDream a décidé d’aller bien plus loin dans le sarcasme en incluant des postures absurdes, des expressions forcées à l’extrême, des déformations… c’est bien simple, si Super Mario RPG avait surpris par son contrepied, et Paper Mario par son style graphique, Superstar Saga allie les deux pour pousser le délire encore plus loin, et massacrer littéralement les personnages de l’univers pour la poilade. Nintendo a vraiment les idées larges, et autorise même AlphaDream à laisser planer le doute sur l’orientation de Luigi, dont la relation avec le prince Harik (prince du royaume de Végésia où se passe l’action) est particulièrement ambiguë, et dont la scène où il se fait picoter l’arrière-train en se trémoussant m’a hypnotisé pendant de longues secondes.

Les mécanismes de gameplay sont également mis à jour. Tout d’abord, contrairement à la série Paper Mario ainsi qu’à l’opus initial, pas de système de partenaire. Ici, Mario et Luigi sont les (quasi) inséparables partenaires, et plutôt que de confier des pouvoirs particuliers à de nouveaux intervenants, l’un comme l’autre possède des caractéristiques qui évolueront au fil de l’aventure, leur permettant d’accéder à de nouvelles zones, de connaître de nouvelles attaques, etc. On permute entre l’un et l’autre avec Start, entre chacun de leurs « pouvoirs » avec L et R, et A déclenche l’action du personnage de tête, B l’action du personnage suiveur. Ça prend un peu de temps pour s’y retrouver, mais c’est plutôt efficace. En combat, d’ailleurs, A correspond à valider toutes les actions de Mario et B toutes les actions de Luigi, ce qui est assez différent de Super Mario RPG où chaque touche était assignée à un type d’action spécifique, peu importe le personnage.

On retrouve le système d’ennemis visibles tout le temps, mais en version améliorée : on peut cette fois les attaquer (ou se faire attaquer), à l’instar de Paper Mario, ce qui infligera des dégâts avant le début du combat (ou fera glisser nos héros pouvant perdre un tour). On retrouve de nouveau les attaques avec « timing », les protections avec « timing » (qui sont désormais visibles puisque nos personnages sautent ou utilisent leurs marteaux pour se défendre), ce qui rend les combats très dynamiques pour du tour par tour. Le système de combat va d’ailleurs encore plus loin dans le timing puisque des attaques « frères » (qui remplacent la magie) sont désormais disponibles (moyennant des points frères), et fonctionnent sous forme de QTE (pas toujours très simples), c’est à dire qu’au cours de l’attaque, un bouton à appuyer va apparaître pendant un court instant, et si l’on appuie pas ou que l’on se trompe, l’attaque rate.

Pour terminer, outre donc la disparition des alliés et de la magie si chers à l’héritage Square, l’inventaire n’est plus limité en place (le paradis…), il n’y a aucun objet offensif, et il n’y a pas d’auberge. Le rythme de l’aventure est donc beaucoup plus soutenu que dans un J-RPG traditionnel, car si une grande place est laissée à l’exploration, le jeu vous pousse toujours à aller de l’avant et les villes sont rares. On restaure ses points de vie et ses points frère avec les champignons et les sirops que l’on trouve tout au long du chemin, c’est l’aventure « à la dure ».

Les deux frères possèdent trois emplacements pour l’équipement, à savoir un pantalon, un badge, et un… euh… truc. Un accessoire, quoi. Les pantalons et les badges peuvent se trouver et s’acheter (les deux seules boutiques du jeu ne possèdent pas forcément les mêmes produits, et sont régulièrement mises à jour), tandis que les accessoires se gagnent en faisant du café. En effet, Mario & Luigi : Superstar Saga est la première simulation de Jean-Pierre “el gringo” Raffarin, et vous propose tout au long de l’aventure de récolter des pois (ou plutôt des fèves, la traduction est un peu étrange pour le coup) pour en faire du café. Ce café vous permet d’améliorer vos statistiques, et chaque fois que vous faites un nouveau type de café (en suivant les recettes), le professeur K. Tastroff de Luigi’s Mansion ramène sa fraise et vous file un gadget susceptible de rendre le jeu beaucoup plus facile (ce qui, pour les tanches comme moi, est aux côtés de l’inventaire illimité une bénédiction). Chaque combat rapporte des points d’expérience, puis on monte de niveau et l’on choisit une compétence à améliorer un peu plus que les autres, lançant une loterie déterminant les points bonus. À noter que parmi les quelques caractéristiques habituelles comme la défense, l’attaque ou les points de vie, on retrouve également les points moustache. Parce qu’avoir une belle moustache, ça permet d’avoir des réductions dans les boutiques, et ça augmente la chance (et donc les coups critiques en combat). Si, m’sieur.

Le jeu est entrecoupé de nombreux passages de plate-forme, permettant d’utiliser les capacités de nos deux héros, que ce soit le marteau (qui permet de rétrécir Mario ou d’enfoncer Luigi dans le sol), les sauts (sauts normaux, saut tourbillon, saut sur les épaules) et d’autres (je vous laisse la surprise ^^), mêlant agilité et astuce, ce qui rapproche le jeu de Paper Mario sur cet aspect. Et contrairement à Super Mario RPG, même si ce n’est pas parfait, la maniabilité est beaucoup plus agréable, et ces passages ne seront que très rarement énervants. On retrouve également tout au long de l’aventure des mini-jeux (course de chariot, saut à la corde…) qui ajoutent à la diversité du gameplay.
Pour terminer, la partie son est agrémentée d’exclamations vocales, les musiques sont très agréables, reprennent des airs connus (le Château de Peach de Mario 64, l’air de Luigi’s Mansion…) et en introduisent de nouveau, le tout participant à l’ambiance gaie et rythmée du titre (à commencer par la musique des combats sur laquelle les héros dansent, et qui fait tout de suite comprendre que ce jeu n’est PAS sérieux).

Le jeu se termine en une vingtaine d’heures, de façon un peu abrupte car, comme dit plus haut, il n’y a jamais vraiment de répit. En ce sens, AlphaDream a vraiment réalisé un jeu pour console portable, et de fort belle manière.

C'est selon moi un incontournable, non seulement de la Game Boy Advance, mais aussi de la ludothèque Nintendo.
Yohmi
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Créée

le 31 août 2014

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Yohmi

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