Le mâle Aimé jacquetait

Je pense que je suis un ouf moi ! Un ouf malade ! Si je dis ça, c'est parce qu'en établissant un simple classement des 10 premiers Mega Man numérotés (pour le dire autrement, ceux inclus dans les Legacy Collection 1 et 2), je me suis rendu compte que l'épisode dont il est question aujourd'hui arrivait bon dernier… alors qu'il s'agit très probablement de l'un de mes préférés.

Parce que bon, le Mega Man 8, il a beau être imparfait, il possède tout de même de nombreuses qualités, surtout quand on sort du 7 : il y a pleins de petits trucs qui font plaisir, de petits détails bienvenus. Par exemple, si vous avez lu ma critique sur Mega Man 7 (déjà bravo, vous êtes bien le seul), vous n'êtes pas sans savoir que j'ai une profonde aversion contre le magasin… magasin qui ici apparaît directement dans le menu de sélection des niveaux : pas question donc de deviner qu'il faut appuyer sur telle ou telle touche pour pouvoir y accéder. Aussi, Capcom a enfin compris qu'il y avait plus de deux boutons sur les manettes, ce qui permet à Mega Man de porter à la fois l'une des neuf armes récupérables, mais aussi d'utiliser le traditionnel Mega Buster : on perd moins son temps à switcher d'armes en passant par les menus, ce qui est forcément une bonne chose. Autre point qui fait gagner du temps : les dialogues ne prennent 36 ans pour défiler, ce qui fait que je les ai lus cette fois-ci (bon après, ils ne sont pas forcément intéressants non plus). Autre détail à noter, on récupère l'intégralité de nos munitions quand on meurt, évitant alors le côté « double punition » que l'on pouvait retrouver dans les anciens épisodes de la série (tu perds une vie, et en plus de ça, tu n'as plus assez du type de munition contre lesquelles le boss avait un point faible… jamais été fan de ce principe archaïque). Mais, surtout, ce qui frappe le plus en passant de Mega Man 7 à Mega Man 8, c'est son dynamise ! Bordel que ça fait du bien de ne plus se taper un Mega Man lourd à contrôler ! De ne plus se taper cette désagréable inertie !… de prendre du plaisir à contrôler Mega Man tout simplement.

Bien évidement, Mega Man 8 possède des qualités qui lui sont propres, il ne fait pas que corriger les nombreux défauts du septième épisode. Pour le coup, son plus gros point fort est sans nul doute la variété de ses décors et des situations proposées : même si certaines sont moins bien exploitées que d'autres, on a grosso modo au moins une nouvelle idée par niveau. On a droit à des phases sous-marines durant lesquelles Mega Man peut nager (pour la toute première fois dans la série), du runner via les séquences de snowboard, du shoot'em up, des phases orientés puzzle/labyrinthe, etc. De surcroit, chaque niveau possède un petit truc que les autres n'ont pas, notamment en gérant ses phases de plateformes différemment. Bref, le titre ne se contente pas de varier uniquement au niveau des décors, ce qui lui permet de bien rythmer ses niveaux, pourtant bien plus longs que d'habitude dans la série. Je regrette cependant le fait que les développeurs n'aient pas poussé le concept de « fonction secondaire » des armes plus loin. Pour le dire autrement, s'il est possible toujours possible de se servir d'une certaine arme (en l'occurrence la flash bomb) afin d'éclairer les rares zones plongées dans la pénombre que nous traverserons, il est aussi possible d'utiliser le thunder claw comme un grappin, le ice wave dans le but de bloquer certaines flammes et le tornado hold pour déplacer certaines plateformes… le truc, c'est que ce n'est pas assez exploité. En fait, hormis le thunder claw dont l'utilisation sera nécessaire à plusieurs reprises, les fonctionnalités secondaires des autres armes ne seront pas réexploitées plus tard. Dommage…

Niveau gestion de sa difficulté, j'aurais tendance à dire que Mega Man 8 est dans la moyenne basse de la série, notamment à cause de ses séquences de snowboard, qui s'avèrent être les phases les plus difficiles du jeu… peut-être même trop difficile par rapport au reste en fait (surtout le premier stage de Wily). Heureusement que les sauvegardes de l'émulateur sont là pour venir corriger le problème. Après, on n'est pas non plus au niveau du 7 qui gère archi-mal sa difficulté, globalement trop facile durant la majeure partie de l'aventure, et malheureusement beaucoup trop dur une fois devant son boss de fin (je m'acharne, c'est vrai) ; du 3, qui gère très mal ses boss, au point où certains d'entre eux en deviennent presque imbattables si l'on ne possède pas leur arme point-faible, l'une des qualités du 8 étant que les boss sont tous faisables avec le Mega Buster, sans pour autant être donnés si l'on possède l'arme contre laquelle ils ont une faiblesse ; ou encore du 10, qui gère excessivement mal son magasin (on en reparlera le moment venu). Parce que le Mega Man 8, lui, il a tendance à plutôt bien gérer son shop en fait. Contrairement aux 7, 9 et 10 qui nous permettent de farmer les boulons, ceux du 8 sont tous uniques… et ne nous permettent pas d'acquérir tous les items du magasin, ce qui fait qu'en plus de permettre une certaine rejouabilité, qu'il faudra choisir judicieusement afin de se retrouver face à Wily avec le meilleur équipement disponible.

En me renseignant sur le jeu, et plus particulièrement sur ce que les gens ont tendance à reprocher au titre, je me suis rendu compte que l'effroyable doublage revenait souvent. N'y allons pas par quatre chemins : c'est vrai ! Le doublage est atroce, jugez plutôt. Par contre, j'aurais vraiment du mal à imputer ce défaut à Mega Man 8… en fait, je trouve que c'est quand même vachement de la mauvaise foi de faire ça. Je n'ai jamais vu personne critiquer le fond même de Metal Gear Solid premier du nom, Binary Domain ou encore des Dynasty Warriors en parlant de leurs doublages. Critiquer le doublage oui, ça me semble logique, surtout quand il est mauvais (ou ridicule concernant les cas évoqués), mais je ne vois pas en quoi il serait légitime de venir critiquer le jeu initial à cause de cela. J'ai l'impression que Mega Man 8 fait exception. Peut-être que cela est dû au fait que, se croyant les Maîtres du monde, ces saletés d'amerloque ne sont pas capables de comprendre qu'ils ont foirés eux-mêmes leur doublage. Non parce que comparé au doublage de ces barbares, les Japonais eux s'en tirent tout de même bien mieux. En l'occurrence, s'il fallait absolument désigner un coupable, ce serait sans nul doute Capcom qui, à travers cette seconde Legacy Collection, n'a pas daigné fournir à son public le meilleur doublage existant. En fait, disons-le clairement : le « portage » de Mega Man 8, dans le cadre de cette Mega Man Legacy Collection 2, est raté. Outre ce choix de doublage critiquable, Capcom n'a pas jugé bon d'introduire des sous-titres ou de remastériser les cinématiques animées, pourtant conçues par le studio Xebec, qui est loin de produire des animés dégueulasses (du coup, si vous souhaitez regarder des cinématiques de qualité, vous n'avez d'autres choix que d'aller sur YouTube). Aussi, même si c'est moins déplorable que le reste, la musique d'introduction de ce même portage est tiré de la version américaine, et non de la version japonaise, encore une fois bien meilleure que la musique conçue pour être écouté au pays de l'obésité. Enfin, quitte à bien rater son portage jusqu'au bout, Cut Man et Wood Man, deux boss tirés d'anciens épisodes de la série et réintroduits exclusivement dans la version Saturn, n'ont pas été intégrés dans cette version.

Le titre est cependant plus critiquable sur le plan technique. Si Mega Man 8 n'est pas moche, et même plutôt jolie par moment (on est sur ce genre de titre qui n'a pas trop mal vieilli graphiquement), force est de constater qu'il ressemble plus à un titre publié sur la fin de la période Super Nintendo qu'à un jeu PlayStation par moment (le titre a d'ailleurs failli ne pas sortir sur cette dernière à cause de la 2D). Forcément, même si l'on n'entend plus trop cette critique aujourd'hui, on se doute bien que l'aspect technique a été fortement critiqué à sa sortie… et ce fut le cas. Bref, quoi qu'il en soit, pour paraphraser ce que j'ai déjà dit plus haut, le temps a fait son œuvre et Mega Man 8 s'en sort aujourd'hui très bien, et même mieux que de nombreux autres titres PlayStation qui n'étaient pourtant pas critiqués sur leur technique à l'époque de leur sortie : certains décors fourmillant de détails (les niveaux de Tengu Man et de Clown Man pour ne citer qu'eux). Reste les musiques qui, pour le coup, sont dans la moyenne de la série : pas de thème mauvais, mais pas de thème marquant non plus. Mega Man 7 s'en sort mieux de ce côté-là (et c'est bien le seul point où c'est le cas).

Vous l'aurez compris, Mega Man 8 est un titre très (trop) sous-estimé. Bien que loin d'être parfait, cet épisode possède son lot de qualités, de spécificités, que l'on ne retrouve dans aucun autre des dix premiers épisodes numérotés de la saga, faisant de ce huitième épisode probablement le plus « à part »… et peut-être même aussi l'un des plus intéressants à appréhender. Une très bonne pioche.