Une destruction massive...salvatrice...en tout cas pour moi...

C'est encore durant ce mois d'avril 2022, en pleine guerre afin d'acquérir les consoles de nouvelles générations...fantomatique en terme de nouveautés alléchantes...et à l'aune de la version définitive de Death Stranding, véritable œuvre qui m'aura marqué à l'instar d'une blessure...que je me suis enfin décidé à me lancer dans ce fameux Metal Gear Solid 5...autant aimé et vénèré, que détesté et renié...donc m'intriguant forcément, et renforcé par mon amour pour ce créateur qu'est Kojima, mon amour pour sa dernière proposition et mon amour pour l'univers de la licence...bien que n'ayant jamais réussi à terminer un de ses volets, sûrement dû à leurs rigidités ou mon jeune âge...mon envie et mon entêtement vis-à-vis d'arriver à enfin pourvoir prétendre d'en terminer un...donc nous y voici...7 ans après sa sortie officielle...sur PC via Steam, pad de Xbox Série pour un jeu cross PS3 et PS4...et qui après une semaine entière dédié intégralement à lui...m'a paru comme une envie de la part de son créateur...de disséquer...de démantèler...de démolir...de déconstruire...son mythe...son œuvre...son icône...

Une destruction de son identité artistique, tout d'abord en choisissant volontairement de s'écarter de ses structures militarisées, de ses bases à infiltrer, de ses environnements cloisonnés...lui préférant 3 zones ouvertes...l'Afghanistan et son ambiance désertique et montagneuse, l'Angola et son ambiance plus forestière et marécageuse, et la Mother Base et son ambiance plus maritime et isolée...nous offrant 3 panoramas, 3 conceptions, 3 approches du level-design en open-world, évoluant au gré de nôtre parcours, se réinventant en permanence, s'explorant de manière non-linéaire, possédant des cycles et événements naturels singuliers, peuplé par une faune, une flore, une population...et pas que de simples militaires...mais je vous laisser la surprise...qui lui est propre et constitués par une architecture respectant autant l'époque, la situation, la culture, la géographie, le patrimoine, l'histoire, les enjeux intrinsèquement lié à eux...proposant sont lots de missions, de quêtes, d'activités, de micro-narration, d'événements aléatoires...traversable en long et en large à pied, en véhicules terrestres ou volants, motorisé ou non...le tout de manière fluide et organique, laissant le joueur fasciné, admiratif, amoureux de ce qu'il observe, entend, interagit...lui donnant une sensation de personnalisation de son parcours, de sa découverte, de son exploration...évitant toute redondance, ennui et lassitude...permettant multiples approches, compréhensions, tactiques...offrant de nombreuses surprises, relectures, decouvertes et bien aidé par un sound-design et un visuel autant immersif que affordant...sans oublier un petit 4eme...notre lieu de vie principale...notre cher Super-coptère...servant à la fois de HUB central, d'instants de respirations, de point de vue, évoluant au fil de notre avancée et customisable à souhait, tout comme notre cher Snake, musculeux et badass et ses drôles de compagnons, possédant un chara-design racé, ah ma Quiet furieusement sexy...une garde de robe a faire rougir n'importe quel styliste...comme si Kojima nous laissait la possibilité de modeler ceux-ci à notre guise et imagination...comme un architecte, un artiste, un artisan...devant son œuvre...

Une destruction de son gameplay, en s'écartant volontairement de la linéarité hérité des précédents épisodes, lui préférant, une ossature, un croisement autour de trois expériences ludiques, action/gestion/exploration...allant de la collecte de ressources, de la recherche de documents, d'enquêtes, de pistage et de chasse...et pas que la faune...mais je vous laisse la surprise, d'exfiltration de personnalité, sécurisation de sites, assassinats d'antagonistes, gestion économique/logistique/humaine, recrutement de personnel et de soutien, construction de base, de développement d'équipements et d'armements, d'espionnage industriel et militaire, de filature sonore et visuelle, piratage et destruction, de récupération de matériel et de soldats, d'interaction relationnelle, de livraison en tout genre, d'opposition aussi mais ici bien plus souple entre corps à corps, bien aidé par les déplacements surhumain, les techniques de combats de notre Snake digne d'un maitre de kung-fu, tirs à mi et longue distance, via la collection et sélection d'armes digne d'un hypermarché, d'infiltration aussi mais la encore assouplie par la maniabilité modernisée, le level-design ouvert, le cycle jour/nuit, les interactions environnementales...le tout seul ou accompagné...aidé ou en galère...démuni ou sur-armé...véhiculé ou écolo...désirant l'affrontement ou l'évitement...tuer ou neutraliser...sauver ou en avoir rien n'a foutre...chercher ou foncer tête baissée...faire ça en silence ou en plein raffut...proprement ou à l'arrache...rapidement ou avec lenteur...en douceur ou couvert de sang...chasseur ou proie...le tout dans une cohérence ludo-narrative, de manière libertaire via la sélection d'outils à disposition et notamment le I-droid, extrêmement personnalisable via l'amélioration de notre MotherBase, véritable arbre de talent vivant, toujours en harmonie avec notre niveau de compétence, avec une I.A s'adaptant suprenamment nous, évoluant tout comme nous, mais sachant nous surprendre de temps en temps, et nous défier gentiment, notamment lors des affrontements contre des Boss, diversifiés et variés, offrant ainsi à chaque joueur le même but mais un déroulement et une réussite différente, mise en lumière par le système de scoring et de réputation...comme si Kojima nous laissait créer nôtre propre jeu, nos propres règles, nos propres objectifs...comme un concepteur, un développeur, un maître de jeu...devant son œuvre...

Une destruction de sa structure narrative, en choisissant volontairement de s'écarter du dirigisme inhérent à la vision cinématographique et vidéo-ludique des précédents volets, pour s'orienter vers un aspect plus télévisuel, à l'instar d'une serie, avec son générique de début et de fin, son résumé, son titre, son casting, son cliffhanger et ses retournements de situations...excellemment mise en scène ici...nous laissant toujours envie d'en voir, d'en comprendre, d'en dévorer plus...le tout construit sous la forme de missions principales et secondaires, toutes deux intelligemment liées, l'une pouvant influencer l'autre, accessible de manière libre...permettant au joueur de picorer, d'entreprendre comme bon lui semble et pouvant être rejoué...et cela peut avoir un intérêt et du sens...toute deux aux objectifs clairs, via un guidage radio mais pouvant évoluer selon les actes ou les choix du joueur...donnant des conclusions et des lectures extrêmement différentes et surprenante...tout deux liées au statut de Snake, présenté ici comme un chef, un leader, d'hommes et d'armée...devant tout faire pour prendre soin et préserver tout ce petit monde qu'il construit au fur et à mesure, malgré les problématiques, les tensions, les oppositions qui vont naître en son sein...renforcé par la présence de divers personnages secondaires, représentant diverses personnalités, diverses visions, diverses philosophies...à l'instar d'une famille et de ses membres...permettant une allégorie touchante et profonde, entre fait historique et imaginaire collectif autour de l'épuration ethnique et culturelle...la privatisation du monde militaire...la course à l'armement...la problématique des enfants en zone de conflits...la lutte pour les ressources naturelles...les crises épidémiques et sanitaires...l'aberration scientifique et technologique...la résistance et la rébellion...bref la guerre et la dérive politique et de son impact psychologique...mais ici sans être manichéen ni vulgaire, jouant constamment avec nos a priori, nos acquis, nos convictions, nos certitudes...renforcé par les enregistrements audio et les rares cinématiques, ayant grande importance...mais je n'en dirais pas plus...créant chez le joueur diverses émotions, interprétations, sensations et réflexions...et seul décisionnaire de sa conclusion...comme ci Kojima nous laissait écrire notre propre récit...nôtre propre identité d'incarnant...nôtre propre vision de l'héroïsme...comme un écrivain, un scénariste, un narrateur devant son œuvre...

C'est donc au fur et à mesure de cette entreprise de destruction...pièces après pièces...missions après missions...épisodes après épisodes...que ce puzzle géant...cette énigme...ce mystère qu'est MGS 5...Phantom Pain...se dévoile, se résout, se comprend, se ressent...à l'usure, autant physique que morale...avec le temps, comme une forme de cycle infernal interminable...avec douleur, comme une plaie émotionnel ouverte...me laissant comme son héro, son mythe...marqué, hanté, traumatisé par un fantôme, un souvenir, une trace indélébile dans mon esprit et mon cœur...mais repus, satisfait, fière d'avoir su vaincre mon incapacité à finir un Metal Gear...touché par sa métaphore sur la famille, le liens aux autres, la relation envers l'étranger...enivré par ce road-trip à travers des territoires peu mis en lumière...ému par les thèmes explorés ici...étonné par son game-design et sa modernité...admiratif de cette relecture de l'héroïsme et de son impact sur le monde...enthousiasmé par son accessibilité et sa bienveillance...éreinté par ses différents rebondissements et son scénario complexe, ayant nourri moulte réflexions et reves durant cette semaine...heureux d'avoir jouer autant d'heures sans ennui, ni redondance, pouvant privilégier la non-volience...amoureux, fanatique, aveuglé par l'intelligence, le talent et le savoir-faire de Kojima...conscient, convaincu que toutes les propositions vidéo-ludiques doivent être respectés et honorées tant elles sont fortes et impactantes, quelques soit leurs qualités comme leurs défauts....faisant de celle-ci une œuvre intemporelle, une proposition singulière, un truc à part, un chef-d'œuvre autant pour les novices que les initiés...à la fois enfant terrible d'une franchise, Metal Gear et père fondateur d'une nouvelle, Death Stranding.......et putain je suis enfin devenu Big Boss.....ou peut-être plus mon Big Boss très Papa cool, Papa protecteur voir Papa poule...mais follement amoureux de sa silencieuse acolyte.......

AlMomoSan87

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