Vent frais, vent du matin
Grisant, frustrant, enivrant, horripilant, magique, ridicule.
Voilà tous les qualificatifs qui me viennent à l'esprit pour décrire Mirror's Edge 10 minutes après avoir vu le générique de fin.
Mirror's Edge procure des sensations peu communes. Je ne contrôle pas simplement Faith mais je suis Faith. Je saute, je cours, je glisse. Sur ce point, je trouve Mirror's Edge irréprochable. Le gameplay au poil est couplé à une ambiance sonore remarquable : respiration, bruit de pas, vent. Rien à redire. Pour un premier jeu de plateforme en vue subjective, DICE a fait un boulot remarquable. Bravo !
Le style graphique du jeu fait mouche aussi. Tout est blanc, tout semble si propre avec des couleurs éclatantes par moment. Ce choix s'associe extrêmement bien au gameplay permettant une bonne orientation ainsi qu'au scénario. Société qui se veut parfaite et donc d'un blanc immaculée. Société qui résout les problèmes plus noirs derrières les murs...
Ou à l'extérieur. Avec des gros hélicos arrosant les toits de la vile avec des mitraillettes. La sécurité est certes le maître mot de la ville mais est-ce réellement crédible de se faire pourchasser en permanence sur les toits en évitant les balles ? Pas vraiment à mon avis. On commence là à toucher les gros défauts de Mirror's Edge.
Le scénario largement prévisible. Les développeurs auraient pu mettre un panneau au dessus de la tête des personnages indiquant leur rôle futur que ça n'aurait rien changé. Malgré ce défaut, il a un certain charme, se veut intéressant et l'est un peu. Il est juste dommage qu'il soit soutenu par des dialogues ridicules, digne d'une mauvaise série. Les cinématiques cartoon n'arrangent rien pour enlever cette impression de regarder un mauvais épisode de Batman. Paradoxalement, j'ai été touché par la fin, la vue à la première personne et toutes les difficultés éprouvés permettant d'apprécier le finish !
Le déroulement des chapitres est également répétitif. On rentre dans un immeuble en sautant quelques toits, passage par les conduits d'aération, hop les flics nous détectent grâce à leur super radar qui sent une araignée se gratter à Madagascar (il y a une référence à trouver là) et on détale, les flics au fesse en train de nous tirer dessus. Quand il ne s'agit pas d'un hélico. Quelques niveaux tentent de varier les décors mais les flics seront toujours là !
Or, ils sont un problème puisqu'il faut les affronter. Ou les esquiver ce qui est nettement plus difficile pour le débutant. Ils enquiquinent un max et ils sont toujours là. Ballot, n'est-ce pas ? Le plus simple est donc d'en désarmer un puis d'abattre les autres pour courir de nouveau tranquillement.
Courir jusqu'à la chute. Aux chutes. Aux très nombreuses chutes. Le die&retry ne me dérangerait pas si on recommençait juste avant le saut mais généralement on redémarre 2/3 sauts avant. Ce qui peut vite devenir énervant au bout de la quinzième tentative. Attention pour ceux qui jettent facilement la souris ou la manette ! Vous serez tentés de le faire plus d'une fois. L'identification avec Faith souffre également de ce die&retry. J'ai grimacé pour la première mort, pour la centième non.
Il m'est arrivé aussi d'être perdu. Ce qui est très embêtant avec les flics à mes trousses. Plus d'indications visuelles, l'autre à l'oreillette qui sert à rien. Bref, on tourne en rond et on cherche la sortie. Les courses exaltantes sont donc souvent coupées par des pauses. En plus des morts ^^
Voilà, je crois avoir fait le tour des défauts et des quelques qualités de l'histoire. Un grand nombre de défauts donc. Et pourtant, je ne peux que recommander ce jeu. Mirror's Edge est imparfait, se cherche souvent mais procure une expérience remarquable. Le mieux pour s'en convaincre est de faire un tour dans le mode contre-la-montre.
J'ai commencé à écrire cette critique juste après avoir vu le générique. Je la finis après m'être attaqué au mode contre-la-montre. Ce dernier ne consiste qu'en une course chronométrée. Soudainement, je vois de nouveaux chemins, je cours, je prends encore plus de plaisir à sauter, glisser. Et je suis tout aussi nul. Le coeur de Mirror's Edge se retrouve dans ce mode et alors que je ne l'ai senti que par moment dans le mode histoire, il est ici débarrassé de tous les défauts.
il est regrettable que les développeurs n'est pas réussi à insuffler cette sensation en permanence dans le mode histoire. Car tous les joueurs n'iront pas s'amuser dans le contre-la-montre (ce qui est normal). Il est probable que Mirror's Edge ne connaisse jamais une suite délivrant pleinement cette expérience. Il nous faut donc savourer pleinement ce qu'offre jeu imparfait :
Le plaisir de sentir le vent siffler aux oreilles un instant.
