Grindhousse + Taxidermie + A Serbian Film + Las Vegas Parano

Attention ! La French Touch a frappée un grand coup ! Artistiquement, mais surtout ludiquement et le studio Français Le Cartel nous montre là sa parfaite connaissance du jeu vidéo en matière de beat 'em up. Le jeu est édité par Devolver Digital qui distribue entres autres Hotline Miami. je vous laisse imaginez la suite...


Il s'agit de Mother Russia Bleed un beat 'em up comme on en a pas vu depuis longtemps. A l'image de films hommage de type Machete, Kill Bill, ou Planet Terror, Mother Russian Bleed compile absolument tous les éléments qui font un bon beat. A un tel point que tout amateur du genre sera comblé au plus au point, voir même plus !


Premièrement et il faut le signaler haut et fort : le jeu se joue à 4 simultanément, ça faisait longtemps que ça ne s’était pas fait et le titre est calibré pour ce mode de jeu. Il faudra être organisé pour mettre une raclée à ces voyous décidément un peu trop nombreux. Seul, c'est un peu plus plat, mais ça reste toutefois une bonne virée.


Deuxièmement, le jeu est réalisé façon "pixel art" et, il faut le dire, c'est du beau boulot d'interprétation. Que ce soit le dessin ou l’animation tout est au top. Alors certes, on aurait préféré voir cela sur des consoles plus oldschool tel que la Saturn par exemple qui aurait fait le taf d'une très belle manière, la Neo.Geo aurait aussi supporté ce jeu mais avec quelques effets en moins. Mais bon, c'est déjà une prouesse de voir un titre de cette qualité sortir à notre époque. En fait, le jeu va assez loin graphiquement.


Pour ce titre on peut dire selon l'expression bien connue : "le diable est dans les détails". Quand vous ne serez pas submergé par une horde de loubards assoiffés de baston, vous serez surpris par le nombre de détails et de subtilités que les décors vous offrent. Pour ceux qui y ont joué, l’exemple le plus flagrant est celui de la boite de nuit avec ses videurs en costards rose (y'en a beaucoup !) et ses backroom SM... bref, c'est un fabuleux travail de réinterprétation du genre. Un superbe équilibre entre design rétro et code graphique modernes. Tantôt chopé dans le jeu vidéo, tantôt au cinéma. C'est gore de prime abord, mais en réalité c'est blindé d'humour, très subtil et plein de références aux codes du beat 'em up autant dans le graphisme qu'en matière de gameplay.


On est dans la pure surenchère façon Grindhousse mais en version jeu vidéo. Il n'y a pas un niveau qui ne soit pas déjanté. On en est à se demander si les créateurs du jeu n'ont pas baroudé dans des lieux un peu louches pour trouver leur inspiration ! C'est du délire de A à Z y compris au niveau des hallucinations provoquées par des drogues qui boost vos capacités. A ce propos votre dernier combat sera justement celui de vous sevrer... mais je vous laisse la surprise.


Hey oui, le gameplay du jeu est aux petits oignons, et contrairement à ce que l'on pourrait penser un beat de cette trempe recèle une très bonne intelligence de jeu. Le gameplay est d'une grande richesse, parfois au détriment d'une ergonomie un peu complexe pour ce genre de titre mais j'y reviendrai... vos personnages disposent d'une jauge d'énergie qu'il est possible de recharger via des seringues qui contiennent une drogue heu... revitalisante dirons-nous. Ces seringues peuvent se recharger via les vilains que vous avez bastonnés et qui ne sont pas encore mort. Ils convulsent sur le sol, et il faut donc leur prendre leurs derniers souffles de vie pour recharger votre seringue. Ça a une part importante dans le jeu, notamment si vous jouez avec des potes.


En effet, la coopération est de mise et obligatoire. Le but est que chacun de vous reste en vie. Tant qu'un joueur est en vie la partie continue, il peut réanimer les autres. Ça donne des situations rocambolesques. Vous êtes au fond du trou seul devant une horde de vilains presque sur de vous refaire le portrait. Mais avec un peu de patience et beaucoup de dash vous pouvez réanimer vos potes de baston et repartir de plus belle. Des retournements de situation totalement improbables. Le gameplay du jeu est savamment étudié. Contrairement aux beat classiques, c'est à dire avancer tout en éliminant du méchant, n'est ici pas forcément la règle à adopter. D'autant que parmi les affreux certains sont opposés. Ainsi les contrôleurs de train ou les militaires s'attaqueront invariablement soit à vous soit aux autres voyous, et ça c'est top quand même !


Si dans certaines situations vous pourrez vous faire plaisir, dans d'autres il faudra simplement éviter le combat ou balourder vos adversaires sur les autres (ou sur une moissonneuse....) pour qu'il ne puissent pas vous approcher. C'est là que le gameplay montre toute sa subtilité. En effet, les coups que vous portez ne sont pas très nombreux. On se limite à un coup de point, de pied, une projection, un saut et un mode furry qui explose littéralement vos adversaires en un coup. Par contre, contrairement à pas mal de beat 'em up, ici vos adversaires ne tombent pas sous une volée de coup de points. C'est à vous, quand vous le voulez, de leur faire une projection pour les envoyer promener, mais tant que vous utilisez le point ils se contenteront de recevoir les coups sans tomber. Si vous projetez votre adversaire vous pouvez le finir à terre en vous approchant de lui, il y a d'ailleurs un boss qui ne peut être battu que de cette façon. Il est évidement possible de faire des combo qui, parfois, amènent à des situations assez burlesques. Comme le fait de se servir d'un extincteur que vous envoyez à l'un de vos coéquipiers équipé d'une batte ou d'une barre à mine, il renverra cet extincteur contre vos adversaires. Sympa non ? Pull !!


Un autre point sacrément bien fignolé est l'utilisation d'armes en tout genre. Dans la plupart des beat'em up les objets dropés par vos adversaires peuvent être ramassés et vous servir d'arme pour faciliter votre progression. Mais généralement, si le tuyau de Street Of Rage est pratique au niveau de l'allonge, il reste toutefois peu utile au niveau de la force de frappe. Idem pour les couteaux dont personne ne se sert, tellement ils sont peu pratiques et peut efficaces. On pourrait citer les armes à feu de Cadillac And Dinosaur bien pratiques pour dégager un groupe, mais là aussi, pas toujours efficaces contre des méchants qui se relèvent après une slave de fusil à pompe à bout portant !


Dans Mother Russia Bleed c'est une tout autre histoire, vous serez amené à manipuler des battes, des barres à mine, des fauteuils de bar, des grenades, des kalachnikovs, des fusils à pompe et autres revolver de cowboy, des tessons de bouteilles plutôt efficaces, des tasers et même les têtes coupés de vos adversaires spécialisé dans le "coup de boule" ! Chaque objet est à usage limité, mais chacun est ultra efficace et leur utilisation assez "réaliste". Ainsi les armes à feux dézinguent en 1 coup, avec des explosions de crâne dignes des nanars les plus gores. Idem pour les couteaux qui font tomber vos adversaires en un coup. Dans l'un des niveaux du jeu vous avancez, une kalachnikov à la main, tout en dézinguant les méchants qui arrivent par hordes dans un scrolling automatique, un vrai carnage, sans abordé la scène des cimeterres qui vous servent à découper du méchant à tour de bras. Et pour une fois que vos armes sont efficaces dans un beat 'em up vous ne vous privez par pour leur mettre une bonne dose de plomb dans le buffet !


Ajouté à cela, des délires psychotiques du à une prise de drogue trop fréquente. Ceux-ci surviennent comme un cheveu sur la soupe et vous vous retrouvez, l'espace d'un instant dans un délire visuel qui se finira invariablement par un vomis sur le trottoir. On se croirait dans Robocop avec le Nuke. Les diverses drogues à débloquer vous donneront des aptitudes plus moins utiles... en fait non elles ont toutes leur intérêt à condition de savoir les utiliser. La seringue verte vous redonne de la vie, la violette vous permet de pomper plus vite l'énergie des voyous agonisants, la jaune vous met dans un état de furry permanent mais ronge votre énergie ou encore la rose qui vous permet de faire passer les adversaires de votre coté. Avec des noms assez évocateurs comme Bloody Mary, White Russian ou Black Widow...


Techniquement le jeu est assez bien fait, même s'il est difficile de juger de l'aspect technique sur ce genre de titre édité en démat et utilisant un moteur de type Unity. C'est à dire un titre faisant abstraction des capacités propres de la machine sur laquelle il tourne. Globalement c'est quand même un sacré bon boulot, la déferlante de vilains-pas-beaux est impressionnante, d'autant qu'absolument tout les cadavres resteront jonchés au sol. Ce qui donne, notamment lors de l'affrontement de l'arène, un amas conséquent de tas de viande de voyous amoncelés à même le sol ! Et cela vous empêche de distinguer les poutres de fer tombées à terre vous servant à terrasser le boss. C'est parfois totalement surréaliste et l'on voit clairement la puissance qu'offrent les machines d'aujourd'hui en matière d'affichage. On a le droit à des scrollings parallaxes de belle facture, ainsi qu'a l'animation très détaillée des "sprite". Animation qui a été soignée dans le pur délire du jeu. Têtes explosées, vilains sanguinolents et explosions de corps à tout va et mort dramatico-agonisante. A cela s'ajoute quelques effets modernes, comme des déformations d'écran façon "CRT" ou des flous de mouvement qui donnent un aspect assez réalise à l’animation. Le jeu a une ambivalence graphique assez plaisante. Un mélange détonant entre pixellisation à outrance et décors de fond détaillés. Ainsi les vilains punks toxico finiront en bouillie de pixels dans une moissonneuse alors que les décors de fond du nightclub SM sont d'une grande finesse graphique. Pourtant le jeu n'est pas exempt de bugs : animations qui restent bloqués, déroulement du jeu qui se stoppe parce qu'un collider à mal fonctionné ou qu'un script ne s'est pas déclenché ou simplement la disparition inopinée de la musique en plein déroulement du jeu. Ça fait un peu tache, mais ça reste acceptable pour un jeu "steam".


En revanche, la bande son n'est pas du tout le point fort. Non pas qu'elle ne soit pas adaptée. Au contraire même elle participe assez bien à l'ambiance un peu glauque, sale et brutale du jeu. En somme la rue. La bande son utilise des sonorités assez synthétiques proche du rendu FM que l'on peu entendre par exemple sur Megadrive. D’ailleurs les BGM sont toute adaptés au lieu et fortement inspiré d'un mélange électro typique à l'est de l'Europe. Mais, oubliez les sonorités entrainantes d'un Street Of Rage, ici la musique ne joue pas le rôle de motivation, mais juste d'ambiance. Dommage, qu'elle ne soit pas plus pêchue, mélodieuse. Dans certains niveaux elle se fait carrément oubliée et c'est bien dommage, parce qu'avec un tel style graphique il y avait moyen de nous pondre une (fausse) "chiptune" en accord avec le délire du jeu. En revanche, les bruitages sont au top, râles, explosions de crâne, bruit de coups, de rue... sur ce point c'est du tout bon, les bruitages sont un pur plaisir et ont fait l'objet d'un soin aussi méticuleux que celui apporté aux graphismes. Les bruitages participent à la grande qualité de ce jeu. Il n'y a bien que la musique qui est en net retrait par rapport au reste. Pour pondérer cela, je dois préciser que ce n'est que l'avis d'un adorateur de chiptune mélodieuses, et que ma sensibilité n'a pas été titillée sur ce point. La bande son, globalement a eu le même traitement de qualité que tout le reste du jeu et colle parfaitement à l'action. Les BGM sont donc pour moi l'un des deux points négatifs du jeu.


L'autre étant la jouabilité. Non pas que le jeu ne réponde pas, au contraire même c'est vif et précis. Par contre 8 boutons pour un beat 'em up c'est un peu beaucoup de mon point de vu. Il y avait moyen, à mon avis, de réduire ce nombre beaucoup trop important de touches pour ce genre de jeu. On se prend souvent à s'emmêler les doigts dans les touches. Jugez-vous même, il y a donc une touche pour :



  • le saut

  • le point

  • le pied

  • la projection

  • la recharge d'énergie

  • la recharge de la seringue

  • la furry

  • le dash.


Bref c'est plus que n'importe quel jeu Neo.Geo qui arrive à faire la même chose avec 4 boutons. Je sais bien que les joueurs de PC aiment bien quand il y plein de boutons, mais là c'est clairement gênant dans certaines situations. On finit par s'y faire, c'est sur, mais ce n'est pas ce qu'il y a de plus adapté pour un beat 'em up.


Le jeu se finit assez vite malgré une difficulté assez corsée. En effet, certains boss sont vraiment retords et longs et il faudra être observateur pour comprendre comment les défaire. Mais le titre troque le système de vie contre de longues phases de jeu. Ainsi, vous pourrez recommencer autant de fois que vous voulez, mais la phase de jeu sera tout de même assez longue, c'est la contrainte. Certains boss demandant plus de 10 min pour être terrassés. Et recommencer de nombreuses fois pourra vous faire abandonner la partie. Un abandon volontaire, contrairement au système de vie qui, lui, ne vous laisse pas le choix du game over mais motive un peu plus lorsque vos chances arrivent à zéro. Des vies ou des continus limités, auraient corsés le jeu plus que de raison au vu de certains niveaux bien piquant comme il faut !


Le jeu est un délire visuel qui vous fera visiter du pays et rencontrer des chics types. Dans vos pérégrinations de bastonneur, vous rencontrerez des videurs de boite, des clochards très collant, des CRS, des contrôleurs de trains, des voyous lambda, des crampes (oui oui comme celle de Pulp Fiction), des hommes cochon, des clébards pas sympa, des manifestants russes, des mutants… russes eux aussi ou des politicards véreux. C'est tout bonnement un grand délire orchestré de la plus belle manière qui soit, avec humour, second degré et ayant un gameplay assez étudié pour ne pas juste nous servir un énième beat ne jouant que la carte du gore. Ici nous avons à faire à des connaisseurs qui ont calibré leur jeu pour les amoureux du beat 'em up. Le combat final étant à lui tout seul un hommage plus qu'épique au genre, saurez-vous arriver à la vraie fin ? En tout cas, Merci bien pour le spectacle ! Et n'oubliez pas : la drogue c'est mal ! Nekro saura vous le rappeler...

Dr_Wily
7
Écrit par

Créée

le 28 oct. 2016

Critique lue 450 fois

4 j'aime

Dr. Wily

Écrit par

Critique lue 450 fois

4

D'autres avis sur Mother Russia Bleeds

Mother Russia Bleeds
LucasPFloyd
9

Sang, Drogue et Communisme

Etant un grand fan de l'éditeur Devolver Digital (qui nous a présentés les Hotline Miami ou encore Broforce et Party Hard), j'était beaucoup hypé quand j'ai vu Mother Russia Bleeds. Et bordel, je...

le 6 sept. 2016

7 j'aime

Mother Russia Bleeds
MaSQuEdePuSTA
6

"Le Hotline Miami du Beat 'em Up."

Autant l'admettre, Mother Russia Bleeds n'est pas le titre le plus original de l'histoire du jeu vidéo. Ce n'est pas une insulte, d'ailleurs. La plupart des titres vendus sur les étals métaphoriques...

le 1 sept. 2017

6 j'aime

Mother Russia Bleeds
ziltoLeDodo
6

La violence ne résout rien et surtout pas les maladresses

Mother Russia Bleeds est un beat'em all, genre qui a quasiment disparu. Le style « pixel-art » est une des grandes réussites du jeu : lisible, coloré, maîtrisé. Pour les plus jeunes, il s’agit d’un...

le 8 sept. 2016

5 j'aime

Du même critique

Super Castlevania IV
Dr_Wily
8

Canines, chandeliers et SFX

Les débuts de la SNES ont été tonitruant. Entre les jeux de lancement que sont Mario World et Zelda 3 déjà bien tranchant par rapport aux épisodes NES on trouvait Castlevania IV. Coincé entre les 2...

le 21 déc. 2012

17 j'aime

2

Akira
Dr_Wily
2

Non c'est pas Akira sur l'affiche...

Décevant ! C'est le qualificatif pour le long métrage adapté de la fabuleuse série Akira. Ce film retrace les premières heures de l'histoire offerte par les livres. Mais en aucun cas il ne reflète la...

le 28 juin 2012

16 j'aime

16

F-Zero GX
Dr_Wily
9

Super combo de mandales ludique/technique

L'une des plus grosses mandale technique et ludique de ces 20 dernières années. F-Zero GX est l'un des très rarissimes titres à réussir un doublé entre maitrise de la technique et du gameplay. D'un,...

le 29 oct. 2012

15 j'aime

4