Nier
7.9
Nier

Jeu de Yoko Taro, Cavia et Square Enix (2010PlayStation 3)

Un ARPG bourré de défauts comme de qualités grandioses

Certains jeux ont une réputation injuste et émérite d’être des chefs d’œuvre incompris, par les critiques, par les ventes, j’ai eu le sentiment que Nier est de ceux-là à force d’en entendre parler. Voulant me faire mon propre avis sur un tel titre, me voilà lancé dans la quête d’un père ne voulant que sauver sa fille, une quête semée de surprises et d’émotions.


La critique étant longue et ce thème magnifique je vous propose cet extrait de l’OST pendant la lecture : https://www.youtube.com/watch?v=Z6G3rokNkuQ



GAMEPLAY : 6 / 10



Nous sommes en présence d’un ARPG qui doit donc combiner un plaisir de jouer grâce au dynamisme du maniement, de la technique avec une diversité de façons de faire à prendre en main et un aspect addictif par l’engrangement de points d’expérience pour level up. Ces 3 aspects sont présents mais chacun ne l’est pas assez pour moi. Pour le maniement, notre héros aura tendance à se bloquer sans raison dans le décor où mêmes les alliés en voulant esquiver, le lock auto peut faire n’importe quoi... c’est pas injouable loin de là mais je trouve que c’est perfectible.


Si au début on n’a que très peu de façons de jouer différentes avec un seul type d’attaque et un tout petit peu de magie pas bien folichonne (ce qui m’a vraiment fait peur durant les premières heures), le gameplay évolue heureusement au fur et à mesure et on comprend qu’on a différents styles d’armes, plein de sorts... à notre disposition mais au final c’est souvent du bourrinage contre les mêmes ennemis et comme il y a par moment une succession de combats et rien que ça je me suis ennuyé ferme en plein cœur de l’action à plusieurs reprises.


Une bonne idée pour moi ça aurait été de nous faire jouer Kainé, Emile ou même Weiss, de façon ponctuelle au moins, qui seraient prétexte à d’autres séquences de gameplay originales pour apporter un peu de variété, là même avec toutes les armes et les sorts disponibles en fin de jeu je trouve ça un peu trop léger. Pour le côté addictif, on a bien du level up à force d’accomplir des quêtes et de tuer des mobs mais il se fait très peu ressentir vu qu’on ne peut le voir que dans le menu jamais dans l’interface et qu’on ne nous demande pas d’améliorer des stats ou de choisir parmi de nouvelles capacités, ce genre de choses, du coup il est un peu trop transparent à mon goût.


Les boss sont très inégaux, s’ils ne sont en règle générale pas très impressionnants visuellement certains peuvent être intéressants à combattre avec une technique inédite jusque là, une difficulté bien dosée quand d’autres peuvent juste être un mob déjà vu avec plus de HP, ce qui est décevant. Tout ce qui compose le gameplay d’un bon ARPG est là mais pas très travaillé, ce qui donne un gameplay acceptable mais assez moyen au final pour le genre, si on compare ça au gameplay d’un Demon Soul par exemple (qui est aussi un ARPG sorti deux mois après Nier) on sent comme un léger problème.



REALISATION / ESTHETISME : 6 / 10



Un point négatif souvent relevé en priorité quand on parle de Nier c’est que techniquement il est faiblard et c’est clair qu’il l’est, le niveau de texture n’est pas bien élevé sur beaucoup d’éléments, les environnements ne sont pas bien grands avec beaucoup de vide au loin, beaucoup de dialogues sont complètement figés en terme de mise en scène, dès que ça pète de partout à l’écran on sent que ça rame un peu sur le coup... la technique est clairement responsable de pas mal de petits défauts qui une fois accumulées peuvent entacher l’expérience de jeu.


Pour moi, le souci majeur à ce niveau là, c’est le manque d’environnements différents dans lesquels on sera invité à revenir sous la même forme avec à peine un petit peu plus d’espace de jeu disponible par rapport à notre dernière visite, dans la deuxième partie du jeu ce n’est que ça. Déjà que le nombre d’environnement n’est pas énorme et qu’ils sont plutôt vides, plus le jeu nous invite à y retourner plus ça pose problème. La technique c’est une une chose, mais les graphismes c’est pas seulement la technique c’est l’esthétisme également, et là aussi c’est pas top.


Notre héros ne ressemble vraiment à rien, que ce soit en début ou en fin de jeu sa tenue est ridicule au possible, il en va de même pour Kaïné, coiffure ou tenue on a l’impression que c’est passé dans un logiciel qui a attribué morceaux de tissu et mèches de cheveu de façon aléatoire, le design de la nécrose runique sur le corps n’est vraiment pas très inspiré, par contre Emile dans sa deuxième forme et Devola / Popola je trouve que c’est réussi. Emile parce que original et inattendu sans être de mauvais goût, Devola et Popola c’est déjà plus classique mais c’est au moins réussi, dommage qu’elles ne soient pas plus mises en scène via des vraies cinématiques mais disons qu’au moins elles marquent le coup quand elles en ont l’opportunité.


Les décors quand à eux, que je rappelle pas très nombreux et tellement dépouillés, quasiment jamais je ne me suis arrêté pour les admirer parce qu’ils manquent cruellement de détails, de vie... et ça pour moi c’est un sacré problème dans un jeu du genre, je pense qu’il y avait bien mieux à faire à ce niveau-là. Un dernier mot pour dire que le sang à foison c’est pas une mauvaise idée contre les êtres organiques mais contre les ombres c’est ridicule. Donc aussi bien techniquement qu’esthétiquement, si c’est loin d’être naze c’est quand même pas terrible et c’est bien dommage, passons sur ce qui sauve le jeu.



SCENARIO / OST : 9 / 10



Le point de départ est un père qui veut sauver sa fille, le héros le dit lui-même à un moment, tuer des ombres pour sauver ma fille, c’est ce que je fais depuis le début, et c’est bien le problème que j’ai ressenti au premier run c’est que le fil conducteur de l’histoire n’était vraiment pas très réussi, sauf que non en fait il est parfaitement réussi mais faut attendre la fin pour comprendre cet arc narratif qui s’avère finalement excellent. Si le fil conducteur s’avère finalement réussi c’est aussi le cas pour tout ce qui gravite autour de lui.


Kaïné, Weiss, Emile, Devola, Popola vivent leur histoire en lien avec celle du protagoniste que l’on incarne et toutes sont intéressantes avec des moments chargés en émotion et avec des rebondissements bien trouvés. La personnalité de chacun de ces personnages est réussie, Kaïné est parfaite en badass cynique, Weiss brise habilement le quatrième mur avec ses sarcasmes, Emile apporte un côté touchant et n’est jamais niais... seul notre héros manque cruellement de personnalité, son obsession permanente de sauver sa fille limite son intérêt jusqu’à la révélation finale où cela prend enfin sens.


Les différents rebondissements sont à l’origine d’un niveau de relecture de certains dialogues lorsque l’on refait le jeu, ce qui est toujours bienvenu d’autant que le jeu n’est pas bien long en particulier sin on zappe ses quêtes annexes pas toujours très intéressantes niveau scénario mais par contre j’ai une petite réserve, c’est la conclusion de l’arc narratif concernant Kaïné, il est très bien foutu mais aurait dû être disponible dès la fin du premier run, il est trop important pour n’être un « bonus » en cas de New Game +.


J’ai gardé le meilleur pour la fin : l’OST, que dire si ce n’est la même chose que tout le monde : c’est sublime, plein de thèmes sont d’une qualité rarement atteinte en si grand nombre dans un jeu de ce genre, en général il y a un ou deux thèmes que j’adore, voire trois mais ça dépasse rarement ce seuil dans un jeu, là il y a cinq ou six thèmes que j’adore et les autres sont très bien également, c’est ce qui fait que je peux traîner dans un environnement avec plaisir sans que le jeu ne m’y invite, juste pour en entendre la musique.



CONCLUSION : 7/10



Nier est bourré de défauts sur le plan technique, esthétique, ludique mais propose des qualités grandioses dans son scénario, ses personnages et ses musiques, composants ô combien essentiels à un JRPG. J’en retiens une aventure que j’ai aimé accomplir mais qui se traîne trop de problèmes ici et là pour faire partie de mes jeux préférés pour le genre auquel il appartient, j’attends beaucoup de Nier Automata qui peut être une formidable suite inespérée comme un immense pétard mouillé.

Créée

le 27 juin 2016

Critique lue 564 fois

7 j'aime

damon8671

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