Obscure
6.9
Obscure

Jeu de Hydravision, Olivier Derivière et MC2 France (2004PlayStation 2)

Si vous êtes nostalgiques de l'époque du lycée et que vous aimez avoir la frousse, alors Obscure est fait pour vous!


Présentation & genèse du jeu


Situation simple et crédible (presque): une bande d'adolescents dans un petit lycée délabré quelque part dans le comté fictif de Leafmore part à la recherche de leur ami disparu un soir après un entraînement de basket. Les personnages sont au nombre de cinq au début du récit: il y a d'abord Kenny (le gros bourrin sportif de l'équipe, c'est lui qui va disparaître), Josh (le journaliste fouineur), Stan (le bad boy qui n'en fout pas une), Shannon (la petite soeur de Kenny, frêle et bonne élève) et Ashley (la petite amie de Kenny, accessoirement douée pour mettre des pains à ceux qui l'énervent).

Le groupe que l'on nous présente est composé de personnages assez clichés, ce qui aurait pu être dangereux mais la caricature fonctionne étonnement bien, nous permettant à la fois de mémoriser rapidement les différentes identités des protagonistes (caractères& et aptitudes spécifiques) et aussi de nous marrer devant leurs imperfections.
A noter que Obscure s'inspire du film The Faculty de Robert Rodriguez sorti en 1998 (avec au casting les excellents Josh Hartnett, Elijah Wood, Laura Harris).
Personnellement, je ne vais pas vous la jouer ''critique qui a une culture cinématographique très très étendue et qui avait tout compris bien avant tout le monde'': je n'avais jamais vu le film avant de jouer à Obscure, aussi les références me sont-elles largement passées au dessus de la tête tout au long du jeu.
Un personnage en particulier me semblait contraster avec les autres, par son entrée dans l'intrigue, un peu en décalée par rapport à celle des autres, et aussi par son caractère, son langage et son attitude mais enfin, ça n'est pas allé plus loin et ma foi, si vous n'avez pas vu le film et que vous jouez quand même à Obscure, ce n'est pas dramatique.


Le début des ennuis


Donc, l'histoire commence avec une mise en scène digne des vieux films américains des années 90 avec un plan rapide sur chaque personnage et leur prénom affiché en blanc, le tout sur une vieille musique un peu rock. Tout ce petit monde s'amuse bien. On nous présente rapidement le lycée de Leafmore à l'architecture de style Art Nouveau qui donne à l'endroit un air désuet et coincé dans le temps, et puis le proviseur (c'est-à-dire le maître de ces lieux) le sinistre Herbert Friedman (oui, mon pseudo vient du jeu, ça suffit, je vous entends pouffer) qui n’a pas l’air d’aimer beaucoup ses élèves et encore moins le soleil.
Un point important: Obscure est un jeu que vous pouvez faire en mode multijoueur. Quelque soit votre choix, le premier personnage que vous incarnerez sera Kenny, le joueur de basket. C'est un parti pris intéressant, parce que vous le verrez (en quelque sorte) disparaître et cela aura le don de vous coller des frissons dans le dos une fois que vous incarnerez l'un de ses potes déterminé à le retrouver.
Je ne vous raconte pas tout sinon, ce n'est pas rigolos; ce que je peux vous dire, c'est que si Kenny disparaît, il le fait un peu bêtement. Un être humain normalement constitué n'aurait probablement pas fait les mêmes choix que lui. ("Oh une trappe qui descend dans un souterrain tout noir! Si j'allais voir ce qui se passe là-dedans? Oh! Un flingue chargé et une lampe-torche! Tiens, j'entends des cris effroyables qui sortent de ce tunnel lugubre! Vite, allons voir, je suis tellement curieux!").
Voilà. Il en fallait un donc c'est le moins intelligent qui s'y colle.


Santé & système de sauvegarde


Après la disparition de Kenny dans de terribles circonstances, il y a une ellipse temporelle qui nous ramène à Leafmore High (ouais, je parle anglais) le lendemain matin. Ashley qui avait prévu un rencart torride avec Kenny est vaguement déçue du lapin qu'on vient de lui poser et traite Kenny de crétin. (oui oui). Shannon et les autres s'interrogent... si Kenny n'est pas venu, c'est qu'il lui est arrivé quelque chose après son entraînement du soir au gymnase du lycée. Le groupe a donc l'idée lumineuse de se laisser enfermer dans la cafétéria à la fin des cours pour explorer les lieux et retrouver leur pote. C'est là que le mode multijoueur intervient. Vous pouvez incarner le personnage de votre choix, chacun possédant un don particulier qui sera plus ou moins utile au fil du jeu.
A noter que le jeu est ''vieux'' entre guillemets, (il date de 2004) et que du coup, il s'affiche en 4/3 sur PC avec d’énormes bandes noires sur les côtés, ce qui peut vous surprendre un peu au début. Si vous voulez y jouer sur console, c'est possible mais je vous conseille la grosse télé cathodique qui pèse une tonne pour un meilleur rendu visuel (sinon RIP vos yeux).
A partir de l’épisode dans la cafétéria sordide, le jeu vous apprend à manier des armes, leur efficacité augmentant au fur et à mesure que vous progressez dans le jeu. (Au début, votre arme est quand même une pauvre batte de base-ball). Les personnages n'ont pas de jauge de vie affichée en permanence, il faut aller sur un menu spécifique pour voir leur état de santé. Étant donné qu'Obscure est un jeu d'horreur plutôt bien réalisé, vos personnages n'ont pas d'auto-régénération. Vous avez deux sortes de remèdes possibles que vous trouverez tout au long de votre progression: les trousses de soins qui vous régénèrent totalement et les "Energy Drink" sous formes de canettes Monster qui vous régénèrent à moitié si vos blessures ne sont pas trop importantes. Je vous préviens, même en mode simple (facile quoi), il n'y en a pas beaucoup dans le jeu. Le mode multijoueur ne prend que deux joueurs en simultané. Si le personnage que vous incarnez meurt, vous vous retrouverez automatiquement dans le corps de l'un des personnages restés à un point de rassemblement dans le jeu, ce qui signifie que vous ne perdez pas votre progression. En revanche, pensez bien à récupérer les armes du personnage disparu sur son corps (ou ce qu'il en reste) sinon, vous n'aurez plus rien.
Il est à noter que les blessures infligées par les monstres (les grands) sont assez importantes: en trois coups, ils peuvent vous tuer.
Autre difficulté : les sauvegardes sont limitées par des disquettes à ramasser sur votre chemin. Sans elles, vous ne pourrez pas protéger votre avancement dans le jeu.
Ne sursautez pas comme moi à chaque fois que vous entendez des cris d'effrois résonner dans le hall d'entrée désert du lycée ou que des éclats de vitres brisées retentissent à un étage que vous n'identifiez pas...


Progression spatiale, orientation et chronologie


Sans vous spoiler tout le jeu, sachez que plus vous avancez et plus votre environnement de jeu évolue. Il va du plus humain au plus inhumain, ce qui est un choix sensé. Au début de l’intrigue, les personnages commencent leurs recherches dans l'antre du lycée à la fin de la journée, vers dix-huit heure. À mi-parcours, ils errent dans les souterrains lugubres de Leafmore High en pleine nuit. Un conseil d'ami: si vous aimez la lumière du jour ou que vous êtes claustrophobe, ne jouez pas à ce jeu. L’orientation est assez difficile, pour plusieurs raisons. D’abord parce que les lieux à explorer sont vastes et ensuite parce que selon les moments, les angles de la caméra sont mal orientés ce qui vous empêche de voir ce qu’il y a devant vous. Vous avez heureusement des plans tout au long du parcours, ce qui est vraiment une bonne idée, compte tenu des labyrinthes qui vous attendent.


Thématiques récurrentes du jeu & esthétique


Avec le recul, je trouve que l'aventure dans laquelle s'embarquent les personnages est plutôt bien construite scénaristiquement parlant, dans le sens où l'intrigue de fond (background scientifique inclus) a un minimum de cohérence (à la grande différence d*'Outlast* par exemple).
Les adolescents vont en effet découvrir un tas de choses effrayantes sur leur proviseur, leur vieux lycée délabré et son nom quelque peu étrange (Leafmore High) tandis qu’ils réunissent des indices au fil de leur enquête.


Le principal marqueur thématique du jeu, c’est tout ce qui se rapporte à la végétalité (ce qui est normal, parce que les ennemis que vous affrontez sont des plantes… enfin… en quelque sorte).
Cette thématique de la fleur maléfique se retrouve aussi beaucoup sur le plan esthétique du jeu, qui est également bien amené. J’ai dit au début de cette critique que l’architecture du lycée était de style Art nouveau. Le motif floral revient en permanence dans les décors des bâtiments, escaliers, fenêtres, portes, montants de portes, vitraux et tapisseries.
De nos jours, beaucoup de jeux ont un très grand sens du détail mais cela a souvent peu de sens. Ce n’est pas le cas d’Obscure qui utilise le détail pour dire des choses, même s’il ne s’agit que du décor.
Autre thématique récurrente : le contraste constant entre obscurité et lumière, (ce qui est surprenant car le titre ne laissait rien présager de tel). Le jeu fait de l’obscurité un ennemi à part entière… et de la lumière votre principal adjuvant. Sans elle, point de victoire.
Une dernière petite remarque sur la bande-son (en latin s’il vous-plaît) réalisée par la Maîtrise des Hauts de Seine et qui évoque aussi dans les grandes lignes la lumière et le danger de l’obscurité.


La dernière thématique que j’aborderai et ensuite je laisserai tranquille les plus braves d’entre-vous qui ont tout lu jusqu’ici, c’est celle de la disparition. Obscure s’ouvre initialement avec une enquête sur la disparition d’un personnage. C’est cette première disparition qui va agir comme un élément déclencheur en en révélant d’autres plus anciennes et fort nombreuses dans l’enceinte du lycée. Par le passé, d’autres élèves ont disparu comme Kenny sans qu’on retrouve jamais leur trace.
Les lieux également respirent l’abandon. Les salles de classe aux murs lépreux sont impressionnantes de vétusté, les toilettes filles/garçons sont plongées dans le noir (les lampes ne fonctionnent plus ou mal), le plancher grince et s’effondre parfois sous les pas des personnages, tout comme certains murs qui commencent dangereusement à se lézarder.
Des pans entier du lycée sont condamnés comme l’ancien internat, abandonné en raison des nombreuses disparitions d’élèves dans le passé.
La thématique de l’abandon se retrouve également en filigrane pour l’ensemble des personnages bons & méchants confondus : le cruel proviseur refusant d’abandonner son frère jumeau Léonard à son triste sort (vous verrez bien lequel), nos héros refusant d’abandonner Kenny, cet abruti à sa prison souterraine.
CONCLUSION


Bref. Obscure c’est pas un jeu pour les gens qui aiment la lumière, la propreté et la modernité.
J’ai A-DO-RÉ ce jeu. (Et j’aime pourtant tout ça à la fois!).

Proximah
9
Écrit par

Créée

le 14 août 2016

Critique lue 1.9K fois

2 j'aime

Proxima

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2

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