La beauté ne fait pas tout

Avis général et commentaires sur le jeu :

Un peu déçu par ce Ori, dont j’attendais beaucoup. Ce n'est finalement, à mes yeux, qu'un bon jeu, avec quelques fulgurances, et une esthétique finement ouvragée... mais aussi beaucoup d’imprécisions de game design, surprenantes pour un titre aussi célèbre.

C'est que l’animal a une sacrée réputation dans l’univers du jeu "indépendant". Je venais en plus de terminer Hollow Knight, sur lequel j'ai passé une bonne cinquantaine d’heures avant de lâcher la manette¹. J’étais donc en recherche d'un autre Metroidvania avec un bon mix d’exploration et de challenge. J'ai été plutôt servi côté challenge, mais un peu moins côté exploration.

Au fond, et je dois reconnaître que je l'avais lu à plusieurs endroits sur internet, Ori n'est pas vraiment un Metroidvania. Il en a certains codes : de nombreuses phases de plate-formes, de l’action, un protagoniste qui développe de nouveaux pouvoirs, qui lui permettent d’explorer de nouvelles zones.

Mais la comparaison s’arrête là : le jeu est fondamentalement linéaire. Il n'est presque jamais nécessaire de revenir dans une zone déjà visitée, hormis peut-être pour récupérer quelques bonus cachés.

Passons aux points positifs :

• Les graphismes et la direction artistique (exception faite du bestiaire)
• Quelques très bonnes idées de level design et de gameplay, essentiellement dans la seconde moitié du jeu
• Des séquences vraiment marquantes

Je suis plus mitigé sur :

• Les musiques (c'est subjectif, car il y a indéniablement du boulot sur la bande son)
• L’architecture globale du monde, pas très inspirée, et plus généralement la progression assez linéaire
• Durée de vie un peu courte, même si ce n'est pas très embêtant
• Bestiaire vraiment faiblard, pas de bosses
• L’arbre de talent et le système d’expérience, que je trouve mal intégrés au jeu

Les défauts du jeu à mon sens :

• Le gameplay est imprécis. Ce constat est la somme de petits détails qui, ensemble, rendent l’expérience de jeu parfois pénible et frustrante. C'est en partie lié à l’inertie du personnage, en partie au fait qu’il glisse un peu lors de ses déplacements... Il y a aussi des petits soucis de collision sur les plate-formes. Trop souvent, Ori bute contre les coins, modifiant sa trajectoire et son inertie, ce qui complexifie pas mal le dosage des sauts. Quand je compare à d'autres Metroidvania / Plateformers, c'est le jour et la nuit.
• Des imprécisions de level design. Les décors sont beaux, mais c'est parfois difficile à lire.
• Le système de combat. Peut-on d'ailleurs l’appeler ainsi ? On se contente d’appuyer sur le bouton d’attaque jusqu'à ce que mort s’ensuive. Les coups sont téléguidés, ils traversent les murs. Seul le système de rebonds sur les projectiles et/ou ennemis est vraiment intéressant.
• Trop de "die & retry". Challenge n'est pas un gros mot. C'est même un atout dans d'autres jeux (je reprends l’exemple d’Hollow Knight). Mais il faut toujours que le joueur puisse être pris en défaut sur sa maîtrise du jeu. Or, ce n'est pas toujours le cas ici, et les imprécisions de gameplay n’aident pas.
• Ajoutez à cela un système de checkpoint assez archaïque (game design, encore), et vous obtenez un tout assez frustrant

J’ai toutefois bien envie de faire Ori and the Will of the Wisps, ne serait-ce que pour voir si ces défauts ont été corrigés. Et aussi parce que ce premier opus est finalement assez court (environ 10h). Ma frustration sur ce dernier point est quand même bon signe. Car j'ai fini par me prendre eu jeu, à l'univers, au gameplay qui devient bon dans les 3 dernières heures... et on regrette que l’étincelle n’ait pas jailli bien avant.

Comparables (auxquels j'ai joué) :

• Ori and The Blind Forest - 7/10 (Switch, Plate-formes & Action)
• Hollow Knight - 9/10 (Switch, Metroidvania)
• Metroid Zero Mission - 8/10 (GBA, Metroidvania)
• Metroid Dread - 8/10 (Switch, Metroidvania)
• Rayman Origins - 8/10 (Wii, Plate-formes)
• Celeste - 9/10 (Switch, Plate-formes)
• New Super Mario Bros - 6/10 (DS, Plate-formes)

Note finale : 7/10

Explication : j’ai plutôt tendance à comparer Ori à des Metroidvania, car il s’en rapproche plus que des "plateformers" de mon groupe de comparables. À ce titre, je le trouve en-dessous des Metroid (8), qui sont plus carrés, plus aboutis... et a fortiori en-dessous d’Hollow Knight (9), qui est une véritable leçon de gameplay, de challenge, et de level design. Si je regarde du côté des "plateformers", je situe Ori sensiblement en-dessous de la référence sur Switch, Celeste (9), irréprochable en matière de gameplay et de level design. En remontant dans le temps, on peut s’arrêter sur Rayman Origins (8), qui dispose lui aussi d’un gameplay de plateformer assez nerveux, avec certes son lot de frustration (bugs), mais aussi de génie (sensation trop peu souvent éprouvée sur Ori). La comparaison me paraissait pertinente. Enfin, je reconnais à Ori qu'il apporte quelque chose au genre, avec quelques très bonnes idées de gameplay (rebond) et de level design (la dernière zone), et un univers travaillé, qui le rendent plus intéressant qu’un titre convenu (mais plus carré), tel que le célèbre New Super Mario Bros (6).

Notes :

(¹) Plus par peur de pactiser avec le démon en relançant une partie en mode Âme d’acier (1 seule vie), que par lassitude.