Persona 3: Reload
8
Persona 3: Reload

Jeu de Atlus et Xeen (2024PC)

Tant de bonnes idées qui deviennent des défauts

Appréciant beaucoup le tour par tour, il était temps que je m'attaque aux Personas !


Persona 3: Reload est donc mon premier jeu de la série. Mes attentes étaient assez elevées étant donné la ferveur des fans et le statut culte de la licence. Le succès des trois derniers opus (3, 4, 5) s'est avéré rententissant, propulsant Persona au rang d'exemple à suivre dans le genre, à en croire certains.

Je suis allé tant bien que mal jusqu'au bout de Persona 3: Reload, passant d'une phase de pure addiction m'ayant fait faire des nuits blanches à une lassitude me donnant envie d'en finir avec ce jeu au plus vite. Commençons d'abord par aborder ses qualités les plus évidentes.


Les musiques sont superbes. Ce point là fait particulièrement consensus, et c'est normal, comment ne pas catjam en écoutant "Color Your Night" ou "It's Going Down Now" ? Comment ne pas se laisser bercer par la douce mélodie de "Aria of the Soul" ?

Ces morceaux sont réutilisés très souvent dans le jeu et, à titre personnel, je ne m'en lasse jamais.

Les mécaniques de gameplay sont bien pensées. Les combats sont plutôt plaisants, notamment grâce au système de "Encore 1", permettant de rejouer si l'on réussit à attaquer l'ennemi sur l'une de ses faiblesses, si tant est qu'il en ait une. En effet, la plupart des ennemis ont une faiblesse, qu'il s'agisse du feu, de la glace, de l'electricité, de la lumière, de l'ombre, du vent et j'en passe.

Cette mécanique incite à modeler l'équipe de Personas du héro de telle sorte à ce qu'il ait accès à une multitude de compétences variées et soit capable de taper sur le point faible de chaque ennemi qu'il croisera. Même sans système de parade ou d'esquive semblable à ceux qu'on peut retrouver dans les Mario RPG ou dans Clair Obscur: Expedition 33, les combats réussissent à être assez dynamiques, les actions s'enchaînent avec fluidité et on ressent l'esprit d'équipe nécéssaire à faire fonctionner les offensives de la SEES faces aux Ombres. La difficulté est très bien dosée, et j'ai trouvé la plupart des combats de boss vraiment bons dans la spécificité de leurs mécaniques, notamment Nyx que je trouve assez mémorable.

D'ailleurs, le système de fusion des Personas est un vrai point fort du jeu : on prend plaisir à tester une multitude de combinaisons, à découvrir les designs de nouveaux Personas qui, je trouve, ont une véritable identité visuelle intéressante pour la plupart d'entre eux, qu'on les trouve jolis ou non.

Le jeu dans son ensemble est beau et dégage quelque chose d'unique dans sa direction artistique malgré le fait qu'il reprenne un style anime plutôt "classique". Ce sont des détails, mais les menus sont magnifiques, au même titre que les animations des ultis.

Le jeu regorge d'éléments visuels forts, c'est bête mais devoir se tirer une balle dans la tête pour utiliser une capacité, ça pète la classe.


Parlons maintenant ce qui fait toute l'originalité du jeu : les liens sociaux et la façon dont ils impactent la force de nos Personas avec les cartes de tarot.

En effet, en plus de devoir sauver le monde d'un danger imminent, notre personnage principal doit mener une vie de lycéen tout à fait banale et aura l'occasion, jour après jour, d'entretenir une multitude de relations en plus de développer ses trois caractérisques sociales : son courage, son charme et son esprit. Chaque relation correspond à une carte de tarot (il y en a 22), et chaque Persona est attribué à l'une de ces cartes.

Autrement dit, plus une relation sera développée, plus les Personas attribués à la carte de tarot correspondante seront puissants. Ce système est intelligent dans la mesure ou il incite à s'intéresser à ce que les personnages ont à raconter afin de renforcer notre puissance en combat. C'est mêler la narration au gameplay d'une façon que je n'avais jamais vu auparavant et c'est la raison pour laquelle j'ai pris beaucoup de plaisir à jouer au début de mon aventure.


Malheureusement, beaucoup de bonnes idées présentes dans ce jeu manquent d'aboutissement, ou ont un revers qui vient ternir l'expérience. Prenons l'exemple des combats. Bien qu'ils soient agréables en soi, ils prennent place.. au Tartare. Je sens que certains savent déjà ce que je vais dire tant même les fans de Persona admettent que le Tartare, c'est nul !

Quelle horreur, le Tartare! 264 étages tous identiques les uns aux autres à quelques détails près, absoluments inintéressants à explorer. Du loot dispensable par-ci par là, des Ombres qui viennent t'agresser sans cesse.

Le Tartare, c'est du farm pur et simple, et quelque chose qu'on fait simplement parce que le jeu a eu la mauvaise idée de le rendre obligatoire en le plaçant au centre de son scénario. Si vous n'y allez pas pendant plusieurs semaines, le jeu ne manquera pas de vous mettre la pression pour que vous y retourniez, ce que vous finirez par faire en soupirant tant il s'agit d'une corvée. C'est long, laborieux, et surtout n'ayez pas le malheur de perdre une de vos combats ou vous devrez recommencer votre session d'exploration.

J'ai sincèrement été tilt quelques fois de devoir repasser une demi-heure à réexplorer des étages que je connais, simplement parce que l'ennui soporifique du gameplay signé Tartare m'a fait baisser ma garde devant un mob random qui a décidé de one shot toute mon équipe.


Aussi, il y a quelque chose que je trouve absurde dans le système de combat en lui-même. Tous les personnages qui finissent K.O peuvent être réanimés par les autres, sauf le personnage principal. S'il tombe, vous avez perdu le combat. C'est dommage parce que ça force à opter pour une stratégie défensive qui ne vise qu'à se défendre soi-même (et la soigneuse, dans une moindre mesure).

J'aurais clairement aimé pouvoir jouer avec chaque membre de ma team sur un pied d'égalité sur cet aspect là.


Le système des liens sociaux est bien pensé mais.. J'aurais aimé que les personnages soient plus intéressants. Pour la majorité d'entre eux, ils manquent de caractérisation et se résument plus ou moins à des stéréotypes qui les rendent insipides. J'aurais apprécié être motivé à renforcer mes relations pour en savoir plus sur eux, et pas simplement pour pécho ou renforcer mes Personas. On sent que le jeu essaie de les rendre attachants à leur façon, et ça marche un petit peu pour quelques-uns d'entre eux. Je pense notamment à Maiko, Mutatsu ou Aigis. Malheureusement, la plupart m'ont laissé totalement indifférent, et j'ai souvent eu le sentiment de "farmer" mes relations sociales plus qu'autre chose.

De ce point de vue, la quasi absence de mise en scène n'aide pas, et ce ne sont pas les quelques cinématiques animées en 2D qui sauvent le coup. Elles sont très rares (réservées à la trame principale) en plus de ne pas être très réussies. L'animation se contente d'être correcte, les visages manquent de vie et même la pertinence de certaines scènes est franchement questionnable.

Je les ai trouvées en dessous du standard de qualité qu'on peut retrouver dans la production de séries animées japonaises, bien qu'elles soient pourtant réalisées par l'excellent Wit Studio, groupe connu notamment pour avoir réalisé Shingeki no Kyojin, Spy x Family ou encore Owari no Seraph.


Le scénario.. disons qu'il a le mérite de tenter d'aborder des questions intéressantes liées au deuil, à l'acceptation de la mort. Je n'ai pas forcément beaucoup plus à en dire étant donné que le jeu n'a pas réussi à m'y rendre attentif, mais j'ai trouvé ça vu et revu. La trahison de Ikutsuki est extrêmement prévisible en plus de faire de lui le méchant le moins charismatique de l'histoire du jeu-vidéo.

La mort de Aragaki m'a franchement fait souffler, désolé mais la scène bien larmoyante de l'ami qui agonise après son sacrifice, on peut en plus.

La fin, c'est, en gros, le pouvoir de l'amitié qui règle tout, et même si ça ne me touche pas, je ne reproche pas ça au jeu parce que c'est cohérent avec le gameplay qui associe les combats en tour par tour avec les relations sociales.


Le plus gros point noir du jeu à mes yeux, c'est qu'il est beaucoup trop long. Une bonne partie des critiques faites précédemment auraient été plus douces si la durée de vie n'était que d'environ vingt ou trente heures. Je n'aurais sans doute pas été aussi acerbe à l'égard du Tartare s'il n'avait que cent étages. Je ne me serais pas lassé d'entretenir des relations sociales si l'entièreté du jeu se déroulait sur cinq mois et pas dix.

En théorie, le système de calendrier est une bonne idée pour favoriser l'attachement aux personnages et aider à l'immersion en faisant vivre au joueur le quotidien du protagoniste. Le problème, c'est que diluer tout le contenu du jeu en plusieurs centaines de journées a tendance à rendre le tout insipide et trop répétitif.

L'expérience est beaucoup trop chronophage vis à vis du fait qu'il y ait en réalité trop peu de contenu, beaucoup de recyclage : Ça va vous paraître dur, mais Persona 3 a parfois des airs de jeu mobile.


Comment résumer mon expérience après environ soixante heures de jeu ? Dans l'ensemble, vous l'aurez compris, je suis assez mitigé.

Je vois du potentiel non exploité voire gâché dans Persona 3, mais j'essaie malgré tout de garder en tête que le jeu original date de 2006, et que les prochains opus ont peut-être su améliorer la formule et corriger certains défauts.

Je ne retoucherai pas à la licence avant un moment, mais je suis sûr que le prochain opus auquel je m'attaquerai sera Persona 5.

Link-sans93
5
Écrit par

Créée

le 20 juin 2025

Modifiée

le 24 juin 2025

Critique lue 17 fois

Link-sans93

Écrit par

Critique lue 17 fois

D'autres avis sur Persona 3: Reload

Persona 3: Reload
Jok85
8

Désir de vivre

Sorti à l'origine sur PS2, comme le 4ème opus, Persona 3 a fait l'objet d'un remake complet qui le place techniquement à un niveau similaire à celui de Persona 5, la flamboyance en moins. Ce côté...

le 26 févr. 2024

8 j'aime

Persona 3: Reload
TeamFwiw
9

Quand un jeu culte revient sous une forme quasi parfaite.

Article réalisé à partir d’une clé Playstation 5 fournie par PLAION.Paru en 2006 au Japon et en 2008 dans l'hexagone sous le sobriquet Shin Megami Tensei : Persona 3, le troisième épisode de la...

le 24 févr. 2024

4 j'aime

Persona 3: Reload
-Wave-
9

Une renaissance attendue

Si vous êtes comme moi, un fan de longue date de la série Persona, vous avez sans doute une place spéciale dans votre cœur pour Persona 3. Sorti en 2006, ce jeu a posé les bases des mécanismes et de...

le 23 juil. 2024

3 j'aime

Du même critique

A comme aujourd'hui
Link-sans93
10

Le fantastique au service de l'Amour

Je n'aime pas lire. Mais "A comme aujourd'hui" se trouve être le seul roman que j'ai véritablement aimé, pour la simple et bonne raison qu'il raconte une histoire touchante à laquelle j'ai été très...

le 4 juil. 2020