[Contient des spoilers]
Je crois que Persona 4 était l'une de mes premières incursions dans le JRPG non traduit en français, commandé en ligne, forcé d'y jouer avec un dictionnaire car mon niveau en anglais était largement insuffisant pour survivre aux multiples choix critiques disponibles après +60h de jeu ou même à l'intrigue et aux mécanismes de jeu en général. Je me souviens avoir obtenu la mauvaise fin sans vraiment comprendre ce qui m'arrivait, avoir tenté un NG+ pour abandonner rapidement par lassitude. Le jeu m'aura laissé une bonne impression dans son ensemble pour ses personnages sympathiques et attachants, son système de jeu, ses décors de ville campagnarde. Par bien des égards, je le trouve toujours plus charmant que Persona 5 qui pour moi manquait un peu d'intimité en se situant dans la gigantesque ville de Tokyo.
Détenant un niveau d'anglais courant et l'envie de revivre mon expérience d'il y a au moins 15 ans, je choisis de tenter ma chance avec l'édition Golden et un guide dans l'objectif d'obtenir la si facilement manquable vraie fin.
Je vais être honnête, j'ai jeté l'éponge après 73h de jeu, juste avant d'aller secourir Marie après avoir passer le jeu à maximiser son social link. Si le jeu était une bouse totale, je ne serais pas allée aussi loin mais il est clair que le jeu tape un plateau très vite après avoir étiré pendant des heures et des heures une maigre intrigue de chasse au meurtrier pas particulièrement intéressante ou intelligente. En fait, j'ai été choquée de constater à quel point l'écriture était d'une pauvreté absolue tout en brassant des tonnes de sujets dont il serait un euphémisme de dire à quel point ils sont traités de manière superficielle. Quand on parle des multiples social links que le jeu te pousse à développer dans l'espoir de pouvoir fusionner des personas, maximiser des compétences de combat lors de l'exploration des donjons ou même juste approfondir ta vie quotidienne auprès des habitants d'Inaba, on parle vraiment de quelques variations du même dialogue en boucle sur de vagues sous intrigues fades et convenues dont on voit entrevoit directement le cheminement/dénouement. Pourtant Atlus n'hésite pas à mettre mal à l'aise lors de l'introduction des donjons mais refuse d'approfondir ou rebondir sur les arcs commencés pendant l'exploration du monde TV. J'en ai conclu que c'était finalement juste l'occasion de sexualiser les personnages féminins et faire des blagues homophobes sur Kanji qui est un délinquant qui aime la couture. Et on te sors le même bait & switch sur les social links de personnages secondaires, c'est presque comique quand on y pense et surtout quand ça concerne des personnages avec un vrai potentiel de noirceur comme l'infirmière "Devil" qui finalement rentre dans le droit chemin en changeant de carrière alors qu'elle passe les premiers rangs de son social link à te faire du rentre-dedans en mode fantasme sur pattes.
On va pas se mentir, le jeu lui-même est un gigantesque fantasme narcissique pour revivre ses années lycée en tant que figure populaire. C'est fou comme le héros est une page blanche qui ne révèle rien de sa personne mais tout le monde semble obsédé par lui au premier regard ou presque. Et si tu sors la ligne de dialogue que la personne veut entendre, tu avanceras les rangs de son social link plus vite. Désolée, il faut aller beaucoup plus loin dans les confessions si on veut vraiment me faire croire au fait que le jeu explore le concept de persona.
La sensation d'être continuellement déçue par le jeu n'est pas aidé par le fait qu'il t'oblige à répéter en boucle les mêmes tâches pour augmenter peu à peu tes caractéristiques et social links selon un calendrier établi (donc un temps limité) sans vraiment savoir quels jours tu devras te farcir des scènes inratables, rendant le planification délicate voire impossible lors de la première partie, le jeu poussant clairement à un NG+. Et ça serait acceptable s'il ne fallait pas 80-90h pour boucler une partie en ayant explorer raisonnablement les possibilités offertes. Même avec l'option d'accélérer les scènes, on a clairement pas envie de se retaper 30-40h pour voir un social link ennuyeux au possible auquel on a pas pu accéder ou finir lors du premier run.
Reste les combats qui sont sympa mais c'est le niveau zéro du dungeon crawler où il suffit d'aller d'un point A à un point B et les boss sont des éponges à PV qui ne nécessitent pas vraiment de stratégie. La réalisation était pas ouf à l'époque mais faisait la job, l'OST est incroyable cela dit.
En conclusion, c'est un jeu décent à mi-chemin entre le visual novel et le dungeon crawler mais qui ne réussit jamais à être remarquable dans l'un de ses deux aspects. J'aime bien la bande de lycéens et son lot de scènes horny/malaisantes/drôles, moins le fait que ça cible un peu trop ostentatoirement les trentenaires/quarantenaires qui ont vécu ces années en étant de gros exclus et qu'ils ont donc bien le droit à leur dose de fanservice, notamment de personnages féminins mineures. Et enfin, ça c'est complètement mes goûts personnels, mais les design d'Atlus sont à mes yeux à 80% l'antithèse du cool.