Persona 5
8.5
Persona 5

Jeu de Atlus et Deep Silver (2016PlayStation 4)

Après 115 heures de jeu qui en paraissent 20, c'est presque un devoir et une façon de se respecter que de questionner : quelle magie a opéré ? Qu'en tire-t'on ?


Vous lirez mieux dans d'autres critiques, dans d'autres tests ou parceque vous avez déjà joué à un Persona le scénario et les mécaniques de jeu, mais lançons nous quand même. Dans le #5, on incarne un adolescent victime d'une erreur judiciaire (défendant une femme violentée, il s'attire les foudres de l'agresseur, vrai criminel au bras long) et qui se retrouve en probation à Tokyo. On est en 20xx - ça pourrait être 2017 ou plus tard. On partage son temps entre la vie réelle, où l'on a (pour simplifier) deux créneaux par jour pour approfondir des relations avec des proches ou pour améliorer ses compétences, d’une part dans l'univers du lycée et de la mégapole japonaise, et d’autre part dans le Métaverse où l'on évolue en temps réel, en se cachant derrière des obstacles et où l'on attaque des Shadows créatures vaguement humanoïdes sous le masque desquelles se cachent des Personas, i.e. des monstres issus des bestiaires mythologiques et plus généralement de l’imaginaire de différentes cultures. On se fritera aussi bien contre Thor que contre des demi dieux shinto ou contre des archanges. Notre personnage et ses compères ont leur propre Persona, issus de la culture populaire, à thématique voleur/justicier. Le Métaverse est une interprétation de la réalité d'une personne en particulier (un professeur de Gym, un peintre) dont un désir secret central a créé une distorsion si forte entre le monde réel et leur propre perception qu''il en résulte une poche à laquelle on peut accéder grâce à une app (installée sur son smartphone).


Vous suivez ? En tentant d'écrire un résumé, je réalise l'une des forces de Persona 5 : créer un univers cohérent, malgré des prémisses et des règles alambiquées et absurdes. Mais tout se tient ou presque et on digère et on s'approprie les règles du jeu sans aucun effort ni resistance mentale.
Elles sont exposées dans une introduction/tutoriel très bien fait et étonnamment rapide. On se bat vite, on prend vite du plaisir, puis on raffine, on approfondit. Et très vite on se met à réflechir, chaque matin, à ce qu'il serait le plus judicieux de faire. Proposer d'aller au cinéma à telle personne, qui ouvrirait une compétence intéressante ou aller se relaxer aux bains chauds, pour affuter son optimiser son charme ? Mais avant de faire ça, s'assurer d'avoir dans son équipe un persona de la bonne classe, pour optimiser l'effet du temps passé ensemble. Aussi, passer du temps pour optimiser la future infiltration, le prochain casse où l'on volera le trésor cognitif d'un des adultes corrompus. Pendant ces sections de jeu où l’on est pas en temps réel, on se surprendra à réfléchir pendant de longues minutes à l’action suivante.


Impossible de ne pas parler du style. Techniquement, rien de sensationnel. Le jeu est en 3D semi cell-shading, les animations des personnages sont loin d'être impeccables - c'est même parfois raide - et les décors sont souvent loin d'être renversants. Mais encore une fois, il y a quelque chose qui fonctionne formidablement bien. Chaque personnage a sa démarche et sa façon de se tenir. Les décors changent en fonction du moment de l'année et de la météo locale. On voit la lumière varier en fonction des saisons, on sent quasiment l'odeur de l'asphalte mouillé après une grosse pluie, on entend les cigales à la fin de l'été et le jeu devient moite. Notez d'ailleurs qu'en fonction des circonstances climatiques (voire du niveau d'activité de tel virus ou de la présence de tel pollen) certains aspects des Metaverse, comme la virulence des Shadows, sera affecté !
Bref, Persona 5 nous rentre dans la tête. Son univers et ses règles, son groupe de pote qui se soude peu à peu, mission après mission, cut-scene un peu débile et fraîche après discussion plus lourde
Car c'est de ça dont il s'agit : rendre justice, renverser l'oppression sociale des adultes envers les plus jeunes, mais aussi (re-)vivre cette adolescence, ces débuts d’amourettes et ces constructions d’amitié.


Alors un défaut : c'est long, très long. Certains dialogues son épuisants ; on comprend tout de suite où tout le monde veut en venir mais non, chaque personnage reformule pour être certain que le héros - nous de l'autre côté de l'écran plat - a bien compris. On a beau marteler le bouton x, ça ne suffit pas. On ose imaginer le nombre de lignes de dialogues pour le doublage, pour la traduction. En dehors de cet aspect, il y a miraculeusement peu de grind (comprendre : faire et refaire les mêmes combats pour améliorer des compétences). La fonction en ligne du jeu permet de savoir le niveau moyen des joueurs et même si j'étais systématiquement en deçà, cela ne m'a pas posé de problèmes. Les combats contre les boss de fin de palais sont ardus à souhaits et demande plus une stratégie à suivre méticuleusement, une fois comprise, qu'une préparation longue et mentalement épuisante.
Les combats, parlons en : c'est du tour par tour typique des JdR japonais, mais avec plein de petites subtilités et de compétences qui se débloquent. Devenir très amis avec tel membre de son équipe fera qu'il aura une chance d'arrêter une attaque critique, par exemple. Ou bien, on débloquera la possibilité de faire des changements d'allié en plein combat après avoir pactisé avec un politicien.
À chaque combat de base - et il y en aura plusieurs centaines - la même musique démarre. Et là encore, merveille de cette musique, dont on ne se lasse pas alors qu'elle pourrait devenir insupportable. Les actions des alliés et des ennemis se synchronisent avec le rythme de l'acid jazz et chaque rencontre devient un balais synésthésique.
La musique est hors du commun. Rythmée, drôle, dynamisante, émotionnelle... Tout est là. Pas encore disponible sur ma plateforme de streaming préférée, mais déjà explorée par des groupes de YouTubeurs


Pour résumer, Persona 5 est une expérience indispensable, sur PS4, mais qui demande un lourd tribut : plus de 100 heures de votre vie, qui seront passées avec un plaisir si grand qu'il n'en sera plus coupable, dans ce metaverse là.

ur_best
9
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le 10 sept. 2017

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