Persona 5
8.5
Persona 5

Jeu de Atlus et Deep Silver (2016PlayStation 4)

Comme d’hab’, garantie sans spoiler puisque c’est un excellent jeu (la maison ne spoil que les jeux de merde). Et promis je reste synthétique.


ceci est un mensonge.


Persona 5, c’est le jeu qu’on attendait tous en avril 2017. Je déconne. Pour contextualiser un peu, Persona est une série dérivée de Shin Megami Tensei, série de RPG où l’on incarne un genre de maître pokémon dans un univers dystopique où les anges, les démons et tout un tas de créatures pas commodes tentent de vous casser la gueule. Assez curieusement, c’est une série qui recoupe la plupart de mes centres d’intérêts mais à côté de laquelle je suis passée complétement. A l’image de pas mal de jeu de 2017 finalement, c’est un peu par hasard que je me suis retrouvée à faire l’acquisition du jeu. Un stream du jeu, des menus ultra fluide et bien animé, une DA qui te casse la rétine, et voilà comment on se retrouve à commander un jeu.


C’est l’histoire d’un mec…


Niveau histoire, on incarne Ren Amamiya de son nom officiel (mais vous pouvez l’appeler comme vous voulez), un jeune lycéen japonais sans histoire. Une nuit, une femme se fait agresser dans une ruelle près de chez lui. Notre jeune protagoniste, n’écoutant que son courage, se précipite pour expliquer les règles du #PADANLARUE au vil être qui ose molester cette pauvre demoiselle. Cependant, au moment où il lui spécifie qu’en étant aussi insistant, il est quand même pas super sympa, le vilain monsieur s’enroule les chaussettes les unes dans les autres et finit par terre, blessé, énervé et avec une seule phrase à la bouche « I’ll sue you ». Qui dans la langue de Molière ne signifie pas « je vais te faire suer » mais bien « je vais engager des poursuites [judiciaires] ».


Le système légal étant ce qu’il est, notre héros se retrouve en probation, obligé de déménager pour une année, pour avoir interrompu le vilain monsieur alors qu’il vérifiait les mensurations de la demoiselle (qui, intimidée, a témoigné contre Ren). Voilà donc notre héros qui débarque à Tokyo où il se retrouve sous la garde d’un gérant de café et où il va intégrer l’un des lycées de la zone. Je vous passe les détails, notre héros fait une nuit un rêve qui le projette dans la Velvet Room où il rencontre Igor, ce charmant personnage avec un très long nez, qui lui confie le fait qu’il est un prisonnier en voie de réhabilitation et que de cette réhabilitation dépend le destin du monde.


Ainsi commence donc les aventures de son alter égo, le très charismatique quoi que très silencieux Joker, détenteur de la Wild Card qui lui permet de contrôler plusieurs Persona, qui va donc parcourir les Palaces, des émanations cognitives particulièrement fortes, nées des obsessions malsaines et des désirs distordus du propriétaire, pour changer le cœur des gens.


Je ne m’étends volontairement pas sur les détails : Sachez juste que Persona 5 bénéficie sans doute de l’une des meilleures narrations que j’ai vues dans un RPG. Le jeu connait suffisamment de rebondissements pour continuer à mettre des claques humiliantes à la tête du joueur du début à la dernière seconde. Le jeu est extrêmement long (on parle de 100h pour le finir et croyez-moi, je n’ai pas tout fini) parce qu’il prend son temps, ne se précipite pas dans son déroulement et nous apporte une foutue satisfaction à chaque dénouement. L’on peut considérer que l’histoire a réellement deux niveaux de narration, pour trois de compréhension, dont un qui questionne notre vision et notre action sur notre monde, en tant qu’être humain, c’est quand même pas mal pour J-RPG. Le jeu connaît quelques inspirations marquées qui sont ultra intéressantes d’un point de vue culturel et finalement pourrait se résumer : il se passe quoi quand tu mélanges de la science parapsychologique, des héros de comics et une certaine mythologie que je ne vais certainement pas spoil ? Il se passe que c’est terriblement cool.
Je vous ai dit que je ne vous ai absolument pas raconté ne serait-ce que 5% de l’introduction au fait ?


Et y’a ses potes…


Persona ce n’est pas l’histoire que du seul héros. C’est l’histoire de chacun des protagonistes et des antagonistes qui jalonnent l’histoire. Pour faire un bref résumé, le héros va pouvoir se lier d’amitié avec les autres personnages (sur 10 niveaux pour chaque personnage) à chaque nouvelle scenette (qui nécessiteront parfois de grind un peu des points d’amitié pour se dérouler) on en découvre un peu plus sur les personnages, alliés directs ou indirects, sur leur vie et leur façon de voir les choses, sur la façon dont il change peu à peu en réalisant l’existence des chaînes qui les retiennent. Et franchement, si sur le papier ça peut paraître un peu chiant, c’est vraiment cool en réalité. On voit notre personnage devenir plus important dans la vie de ceux qui l’entourent et on en apprend beaucoup sur eux. Les personnages sont tous variés (et je ne spoil volontairement pas), ont tous leur problématique et leurs propres solutions. Difficile de ne pas s’attacher à quelques-uns d’entre eux d’ailleurs, voire à tous. Le développement des liens, c’est l’occasion de scène drôle, de scène cool, de scène marquante mais également de choses d’une banalité incroyable, si banale que l’on se retrouve à se dire que ça nous est déjà arrivé ou que ça aurait pu. Et c’est ça qui est cool : le jeu n’est jamais hors ton niveau narration. On s’identifie facilement ou l’on éprouve une forme d’empathie pour les personnages parce que malgré le surnaturel qui rode toujours dans l’univers de P5, le jeu reste réaliste.
On se surprend même à se dire, dans les moments où l’écriture du jeu n’est pas à la hauteur et devienne à peine bonne au lieu d’être excellente que ce qui se passe n’est absolument pas réaliste. Tu m’étonnes, c’est un jeu vidéo.


Vis ma vie de lycéen


Le jeu vous propose de vous glisser dans la peau d’un mec assez lambda durant 1 an. Ce n’est pas que sur le papier en réalité : vous avez effectivement une date limite dans le jeu au-delà de laquelle la narration va venir reprendre ses droits et vous ne pourrez plus rien faire. Comment ça plus rien faire ? Reprenons depuis le début, le jeu vous propose de jouer Ren y compris dans sa vie quotidienne où il va devoir faire des trucs banals genre parler avec ses potes, faire des petits boulots pour gagner des pesos et développer ses caractéristiques (Charme, Connaissance, Courage, Efficacité et Empathie), ce qui l’aidera débloquer des choses diverses et variées, ce qui aura également une incidence plus ou moins directe sur vos voyages dans le Metaverse, cette infra-réalité psychique où vous allez tabasser votre monde au nom de la justice, l’amour et parce qu’un chat qui parle vous l’a demandé (je ne garantis pas l’efficacité de l’explication devant un juge).


Le jeu vous propose de faire tout à travers moult activités qu’il vous faudra découvrir, comme P5 vous aime bien mais vous déteste aussi un peu, il vous demandera souvent d’y revenir plusieurs fois pour compléter votre tâche. Puis au final vous vous rendrez compte que vous n’avez pas eu assez de temps pour tout faire. Mais heureusement comme P5 vous déteste mais vous aime beaucoup, il vous propose un NG+ conservant la plupart de vos gains dans ces activités de jour (d’une façon ou d’une autre). Point que je n’ai pas abordé, c’est dans ces phases là que vous allez donc augmenter vos points de relation avec les autres personnages : ce grind n’est pas sans intérêt. Chaque point (ou presque) vous ramènera une compétence nouvelle qui vous permettra d’être de plus en plus efficace. Elle est pas belle la vie ?


Au fait, on est un lycéen : ça signifie qu’il va falloir faire ses devoirs et répondre à des interros. Et ouais.


You’ll never see it coming


Je dois dire que la vie de lycéen c’est cool avec le côté visual novel, m’enfin on est là pour jouer. Côté gameplay on est sur un tour par tour classique. Classique ? Ultra efficace. C’est beau, c’est rapide, c’est tactique avec des rapports de faiblesse, des niveaux de sorts, des super attaques et le baton pass (la mécanique qui consiste à taper dans la faiblesse du monstre ennemi pour pouvoir enchaîner avec un autre personnage et ainsi de suite) dynamise le tout. J’en profite pour parler des animations de toute beauté, au début, pendant, et après le combat, ça bouge, c’est vivant, ça t’en met plein les mirettes à mesure que tu évolues. C’est donc du classique remis au goût du jour, répondant au cahier des charges du jeu vidéo actuel qui veut qu’un jeu n’est bon que s’il te déchire la rétine sur place après t’avoir retourné le cerveau.


Merci Altus. Vous prouvez ainsi à d’autres qu’il n’y a pas besoin de faire dans l’innovation aléatoire et constante pour atteindre l’excellence. Maîtriser ses codes et les enrober dans un joli colis suffit à accrocher le joueur.


Par le biais des Palaces ou par l’accès au Mementos (le Palace de la conscience commune des gens, grosso merdo), vous allez donc vous balader dans le Metaverse et tabasser des monstres. C’est tout ? Non, parce que P5, en plus de vous envoyer à la tronche un gameplay plutôt péchu, va venir réaliser vos fantasmes concernant un pokémon en 3D. Notre héros ayant hérité de la Wild Card – pour précision, cette histoire de Wild Card est évidemment liée au tarot, l’un des éléments phase de la série -, il peut capturer des Persona au cours des combats. Comment ? En les tabassant suffisamment pour les renverser ou en jouant sur leur faiblesse pour arriver aux mêmes résultats et en négociant avec eux. Ce système de capture est accompagné d’un système de fusion, accessible depuis la Velvet Room, qui vous permet de combiner vos Persona préférées pour donner naissance à une troisième, qui ne ressemblera en général pas à grand-chose mais sera diablement efficace. Ou pas.


En réalité, on devrait d’ailleurs parler de fusionS parce qu’il en existe de plusieurs types. Ajoutons à cela que le jeu propose quand même de procéder à l’enregistrement des monstres que vous avez capturé ou que vous utilisez, vous permettant de fusionner une bestiole que l’on va appeler A avec une autre et réinvoquer votre bestiole A comme si de rien n’était, moyennant simflouz cependant. Chose amusante, le NG+ conserve votre Compendium (le machin qui permet de bidouiller vos monstres) intact, ce qui signifie que vous pouvez, si vous avez l’argent, réinvoquer dès le début votre bestiole qui dispose du dernier sort de glace du jeu et qui oneshot l’ensemble des boss (toutes ressemblances avec la réalité seraient purement fortuits). Les bêbêtes sont rangées en 20 catégories représentant les 20 arcanes du tarot (et il y a donc un lien avec vos alliés, qui sont eux même des arcanes du tarot, tu m’suis ?), environ 10 par arcane, ce qui nous fait un total de 200 Pokémons à capturer, exécuter et fusionner.


The last ace in a lost hand


Parlons rapidement de la DA. Le jeu vous propose ses thèmes en choisissant de l’enrober sauce héros de comics. Vos personnages vont tous se retrouver masqués, gantés, vêtus de cuir de la tête au pied pour aller taper sur des trucs. L’inspiration n’est pas uniquement celle des super héros en réalité, beaucoup de choses viennent se mêler à ce thème central donnant une DA que je trouve, à titre personnel, ultra réussie.


Au-delà des personnages, il y a également le soin apporté aux Palaces que l’on soulignera. Il y a un effet paradoxal ici : plus on avance dans le jeu, plus le level design va se complexifier mais pourtant, à mes yeux, aucun Palace n’est aussi complet que le tout premier du jeu. Comprenez-moi bien, chacun des Palaces va vous proposer un univers totalement différents, avec une réelle recherche artistique derrière. Mais le premier, puisqu’il vous propose de découvrir le gameplay du jeu, fait encore plus. A chaque fois que l’on avance dans une pièce, on découvre une partie de son propriétaire dont les vices vont crescendo. C’est quelque chose que l’on retrouve moins par la suite, avec nos personnages qui sont eux même moins surpris.


Comme je l’ai déjà dit tout ça est accompagné d’animation au top. Un petit mot sur les cinématiques en forme d’anime. On appréciera ou non, toujours est-il que c’est plutôt sympathique pour moi.


Who knows where the whims of fate may lead us


Bon, résumons. Nous avons un jeu graphiquement au point, avec un scenario excellent, des sub quests superbement écrites et qui s’offre un gameplay simple, efficace mais profond avec une capture de bestiole assurant une découverte de tous les instants. Tout ça saupoudré d’animations hyper fluides.


Alors il reste quoi ? La musique. J’ai jamais été très douée en analyse musical mais je peux au moins garantir que l’OST est une OST de tueur. Les thèmes sont tous très jazzy et ça fait du bien putain. Pour les chansons qui émaillent le jeu, chantées pour la plupart par la superbe Lyn Inaizumi qui leur donne une véritable personnalité, le jeu prendra le temps de vous les dévoiler. Croyez-moi, vous allez vous dire à chaque fois « Ca y est, cette fois, j’ai vraiment entendu la meilleure musique du jeu, impossible de faire mieux » et à chaque fois vous allez vous prendre une nouvelle claque auditive. La légende veut qu’à ce jour, on n’ait pas encore découvert la réponse à la question « quelle est la meilleure chanson de tout Persona 5 ». M’enfin, mention spéciale à Rivers in the Desert qui prend un bon 60/70h à se pointer pour truster les premières places.


De façon plus générale, le sound design est juste excellent. Certains textes sont doublés (les plus importants) d’autres le sont partiellement voire seulement par le biais d’onomatopées. Il en résulte le fait que le jeu n’est jamais réellement vide de son ambiance sonore et que cette dernière a une véritable empreinte. Côté doublage, je n’y ai joué qu’avec les voix en anglaise, aucun impair pour moi de ce côté-là.


Et pour me faire dire ces quelques lignes, il fallait vraiment que ce soit exceptionnellement bon.


I’m a shapeshifter, what else should I be ?


Reste la localisation. Le jeu ne bénéficie pas d’une traduction française et avec son utilisation d’un anglais plutôt vieilli à quelques –rares- moments et du fait qu’il soit très bavard, il pourra s’avérer un peu costaud pour les gens n’ayant pas l’habitude de pratiquer. Ceci étant dit, dès lors que vous comprenez un minimum la langue de Jacques Spear, n’hésitez à vous lancer : c’est l’occasion de renforcer un peu son niveau de compréhension puis vos efforts seront récompensés.
Pour ceux qui ont un peu plus de pratique, le jeu ne présente pas de difficulté particulière. On regrettera cependant la non traduction, avec doublage intégrale façon FF15, avec pourquoi pas une traduction des chansons : « je suis un changeforme, que puis-je être d’autre ? S’il vous plaît ne me retirez pas mon masque, révélant les ténèèèèèèbres » (ouais ça vend du rêve)


For I am thou, thou art I.


Conclusion, au-delà du fait d’être un excellent jeu (pas exempt de défaut mais objectivement très bon), Persona est surtout un coup de pied dans la fourmilière. Le jeu prend à contrecourant l’ensemble de ce qu’ont fait les J-RPG depuis 10 ans et prouve, j’insiste, que le public ne veut pas d’un jeu ultra beau avec des mécaniques pétées de A-RPG au rabais – oui, le traumatisme est bien présent – mais qu’une belle histoire, racontée par le biais d’un contenu honnête, mis en scène de façon simple mais efficace, ça suffit amplement. Ramené à son essentiel, Persona 5 est un RPG classique tel qu’on les trouvait dans les années 2000. Il n’est pas exempt de défauts et les amateurs de narration efficace vont quand même devoir prendre sur eux. Le jeu développe lentement ce qu’il entreprend de faire mais il le fait surement et le payback à la fin n’est jamais décevant.


Mention spéciale pour la dernière cinématique du jeu (avant le long épilogue) qui offre un niveau de satisfaction +++.


Atlus, vous revenez quand vous voulez pour un SMT 5 – oui je sais qu’il va sortir sur Souiche, ferme là à tout jamais - ou un Persona 6. Moi je vous attends.

LokielHanRyu
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le 2 févr. 2018

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