Planetarian
6.4
Planetarian

Jeu de KEY, Sekai Project, Prototype et Visual Art's MottoSP (2004Nintendo Switch)

Toutes les étoiles du ciel vous attendent dans notre planétarium

"...Venez visiter le planétarium. Le beau scintillement de l'éternité qui ne s'éteindra jamais, quoi qu'il arrive. Toutes les étoiles du ciel vous attendent dans notre planétarium."

Nous sommes dans un monde devenu apocalyptique suite à des guerres nucléaires qui ont laissé derrière elles une pluie toxique tomber en continue. Nous y suivons un homme surnommé Le Ferrailleur dont le boulot consiste à récupérer des objets utiles dans les anciennes villes désertées, terrains gardés par des robots-sentinelles tuant tout intrus qui oseraient y pénétrer. Afin de se protéger de la pluie et d'échapper à plusieurs robots-sentinelles dans Ville-Sarcophage, l'homme va se réfugier dans un centre commercial déserté.

En fouillant l'endroit pour y dénicher des ressources, il finira par tomber sur un robot l'accueillant dans un planétarium. À son contact, il va découvrir que l'espoir peut encore subsister en ce monde.


Un monde ravagé où une rencontre changera un homme


Planetarian est un visual novel qui au contraire de nombreuses autres œuvres du studio reconnues comme CLANNAD, Air et bien d'autres demeure assez anecdotique à première vue. En effet, au lieu des multiples routes occasionnant bon nombres de rencontres et de petites amies potentielles, et alliant moments d'émotions et moments dramatiques qui ont fait la patte du studio, le titre ci-présent ne dispose que d'une seule route principale et ne laisse pas de choix multiples qui nous feront parvenir à une bonne ou une mauvaise fin. Une sorte de roman imagé si on peut dire que l'on nomme dans ce type de média un kinetic novel.


Ainsi on est loin de l'image du visual novel classique dont on a déjà parlé à de nombreuses reprises dans nos différentes critiques et qui sont des jeux qui s'apparentent aux Livres dont Vous Êtes le Héros. Ici, ce ne sera donc pas le cas, nous ne serons que de simples lecteurs, mais cela viendra d'autant plus servir le propos de l'histoire que le studio veut nous conter.


Planetarian nous place donc dans un monde post-apocalyptique ravagé par de nombreuses guerres biologiques et nucléaires, un conflit qui malgré la quasi-extinction de l'humanité n'a jamais cessé. La Terre et la Nature étant emprisonnées dans une pluie toxique sans fin. On y suit donc un homme surnommé le Ferrailleur (The Junker), un homme survivant, dur, froid et réaliste faire la rencontre de Yumemi Hoshino, un robot à l'apparence humaine un peu cassé qui ignore le contexte du monde actuel et dont la mission est d'accueillir les clients venant au Planétarium et d'animer les projections. Une rencontre entre deux êtres totalement opposés, l'un résigné se contentant de survivre à travers ce monde désormais détruit et l'autre optimiste de caractère et dédié à la mission qu'on lui a assigné, inconscient de l'état du monde actuel donc, et dont la seule joie est d'être en contact avec les humains.


Une rencontre qui malgré un début houleux forcera notre personnage principal à aider cet androïde en réparant Jena, le projecteur du planétarium, tout en devant contenir l'excès d'enthousiasme et l'inconscience dont Yumemi fera souvent preuve en raison de sa programmation. Malgré tout, plus le temps passera et plus le Ferrailleur qui s'affairera à réparer le projecteur le projecteur en apprendra sur l'étrange quotidien de ce robot pas comme les autres. Un quotidien ponctué par les répliques parfois décalées de Yumemi mais aussi par la tristesse qu'elle ressent de ne pouvoir réparer Jena elle-même, une tristesse qui affectera le Ferrailleur qui, malgré ses principes, cherchera finalement à faire du mieux qu'il peut afin de trouver les pièces manquantes pour pouvoir assister à la représentation de Yumemi et Jena, une représentation qui bouleversera à jamais le Ferrailleur qui apprendra que l'espoir subsiste toujours en ce monde et qu'il suffit parfois de lever les yeux pour le voir.


Une histoire à la trame assez classique donc mais au contexte assez sombre et même réaliste quand on voit l'état actuel de notre monde. Ainsi, il s'agit sans doute d'une des trames scénaristiques les plus pessimistes que Key ait pu réaliser, mais c'est sans compter sur le message principal de l'œuvre qui cherche à nous dire que l'espoir peut toujours subsister, notamment grâce à une seule rencontre qui peut nous changer à jamais. Un message là encore assez éculé, notamment dans les productions de Key, mais qui ne manque jamais de fonctionner, en particulier au vu du contexte de l'œuvre. On pourra donc voir l'évolution aussi bien pour le Ferrailleur qui sera plus tolérant que pour Yumemi qui parviendra enfin à nous parler de ses rêves, comme par exemple celui de pouvoir à nouveau travailler avec les humains qu'elle a toujours affectionné depuis sa "création". Un duo qui sera assez attachant bien qu'il détonnera pas mal avec les autres protagonistes et duos phares que le studio a déjà pu créer.


Néanmoins, je regrette la fin qui, bien que riche en émotions, demeure au final là-aussi très classique mais surtout ouverte.

Cette fin donnera donc lieu à plusieurs projet dont une suite qui sortira en light novel et qui se verra découpée en quatre parties : deux se déroulant avant les événements de l'œuvre principale appelés "Snow Globe" et "Jerusalem" et deux autres se déroulant après le visual novel appelés "Hoshi no Hito" (The Person from the Star) et "Tircis and Aminte".


La beauté du monde


Ainsi si planetarian demeure un conte au final touchant avec un duo opposé aux premiers abords qui finira par bien fonctionner, le tout proposera, au contraire des autres œuvres de Key, un ton bien plus dur. Déjà par le contexte, sur lequel le Ferrailleur s'attardera durant le début du jeu mais sans y revenir plus que ça par la suite cependant, mais aussi via une monotonie autour de laquelle gravitera une grosse partie de l'intrigue, c'est à dire la réparation de Jena le projecteur. Une réparation ayant pour but de développer la relation entre Yumemi et le héros principal mais qui tournera vite en rond en raison de la programmation du robot qui ne comprendra pas le Ferrailleur lorsqu'il cherche à lui expliquer la situation. Des conversations monotones et parfois répétitives mais où Yumemi cherchera malgré tout toujours à en faire ressortir la beauté en contant des choses qui peuvent sembler simplistes à nos yeux mais qui pour elle sont des souvenirs qu'elle chérit dans sa base de données. Des moments de quotidiens simples mais qui la ravisse, contrastant avec le Ferraileur dont le quotidien est de survivre dans ce monde ravagé et dont on suivra les pensées et réflexions nous permettant de remarquer aussi bien sa lassitude que l'évolution de son affection envers Yumemi au fur et à mesure du temps passé avec elle.


Au niveau de la réalisation, on a affaire à une œuvre assez terne, en particulier sur les décors extérieurs nous montrant la désolation d'un monde condamné. L'introduction est d'ailleurs saisissante puisque l'on a affaire à un bref aperçu de la rue montrant le monde extérieur avant et après la guerre. Un monde désormais hostile, le tout renforcé par les robots-sentinelles qui sont partout et qui, malgré les années, sont toujours activés, chassant et tuant les humains osant s'aventurer sur leur territoire. Ce qui contrastera avec la salle du planétarium, plus lumineuse et chaleureuse qui, aussi bien pour le Ferrailleur que pour le joueur, fera office de refuge où l'on échappe à ce monde désolé le temps de quelques heures. Au niveau du chara design, Yumemi sera le seul personnage à l'écran mais sera en contrepartie très colorée, avec une tenue assez simple, ne tombant pas dans le fan service habituel lié au genre moe. Pour l'OST, si les quelques morceaux que l'on entend sont assez légers comme "Hoshi no Meguri Uta (Metronome)", je retiendrai particulièrement le thème phare "Gentle Jena", morceau léger et mélancolique mais aussi porteur d'espoir qui viendra appuyer l'une des séquences phares du jeu. Enfin je citerai la chanson de fin "Hoshi no Meguri Uta" interprété par MELL, une composition peut-être moins mémorable et plus légère mais qui colle bien à l'atmosphère générale de l'œuvre.


Une fable plus qu'un jeu


Pour conclure, planetarian est plus une fable sur les étoiles et la beauté du monde qu'un vrai visual novel sur lequel on devra se pencher des dizaines d'heures pour en faire tout le tour. Mais bien qu'il ne dure que quelques heures, planetarian reste une jolie histoire avec un univers solide qui se verra offrir bon nombre de projets dérivés. De plus, il offre un joli échappatoire le temps d'un instant, avec en prime une traduction française !


Une jolie fable qui nous invitera nous, comme les personnages, à contempler les étoiles et à croire en des lendemains meilleurs car l'espoir subsistera toujours.

DuotakunoSora
6
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le 29 janv. 2023

Critique lue 20 fois

Duotaku_no_Sora

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