Cela fait deux ans que Mr M et Mr N (qui se reconnaitront) me recommandent (non sans trop de rappel) de découvrir ce qui fut l'un des jeux qui a cimenter leur enfance. Pokémon, c'est une licence que je connais que de trop loin. Ma seule expérience se résume à 25h passer sur Pokémon version noire et même si c'était sympathique, je n'ai pas rempilé derrière. Pokémon, ce n'est donc ni une série de coeur ni une série d'enfance pour moi. Je m'y sus toujours intéressé par procuration. Cependant, certains jeux qui sortaient quelques peu de l'ordinaire m'intriguaient de temps en temps. Le spin off photographique Snap, le spin off un peu historique Rangers (enfin je sais pas, je confonds toujours); j'ai même eu l'occasion de découvrir Pokken Tournament qui, même s'il faisait des choses bien, tournait bien vite en rond. Et puis il y a donc Donjon Mystère parce que c'est un peu pour ça qu'on est là x)


Deux choses m'étaient vendu avec PDM : Ses musiques et son histoire. Et si j'avais apprécié certaines d'entre elles via quelques remixes, je m'attendais à chaque fois que je reportais mon rendez-vous avec le jeu à une histoire un peu intéressante, un peu touchante mais à des années lumières de ce que certains jeux sont capables d'offrir de part leur recul et leur singularité. Et c'est ainsi qu'en ce milieu d'été pluvieux (oui oui), je me suis fait violence en me disant : c'est le moment. Voyons ce que ce fameux jeu avait à offrir.


Après avoir créé mon duo de personnages à l'image de mes deux amis qui m'avaient presque menacé d'un couteau en plastique sous la gorge pour m'inciter à faire ce jeu (des choses sont fausses dans cette phrase), me voilà, sur une plage, coucher de soleil et bulles tournoyantes dans le ciel, où mon Salamèche a échoué en compagnie d'un Tiplouf, paniqué de me trouver ici mais surtout de s'être fait chourré sa pierre préférée. Sans trop comprendre pourquoi il se retrouve là, mon Salamèche accepte de former une alliance avec ce Tiplouf pour poursuivre les rigolos dans une caverne générée aléatoirement dans laquelle nous reviendront par la suite. Pif paf pouf, les ennemis sont vaincus, la pierre retrouvée et me voilà à former un duo d'exploration avec mon compagnon de fortune. Cette alliance précaire me permettant peut-être d'en apprendre plus sur qui je suis réellement.


Et c'est là que le jeu commence. L'ensemble des équipes d'exploration composées de diverses pokémons travaillent pour une guilde qui doit arpenter des "donjons mystères" pour y résoudre des tas de tracas rencontrés par diverses habitants. Retrouver un objet, faire la police en appréhendant des criminels ou faire l'agent de sécurité pour escorter un certain pokémon à un étage précis. Ainsi démarre une certaine routine composé de voyage dans ses souterrains générés aléatoirement. Et là, se pose un soucis pour la grande majorité des joueurs. Parce que ce système... est assez déséquilibré. On peut donc se retrouver avec des étages très faciles à résoudre comme des séries d'étages particulièrement retorses qui occasionneront des dégâts dans vos équipes voir l'échec de votre expédition. Si au départ, le problème de l'aléatoire ne semble pas si dramatique, on se rend compte dans les zones avancées qu'il pose un véritable problème si bien que beaucoup de gens considéreront ce déséquilibre comme un défaut. Mais la faute à qui? Au jeu ou à sa licence? Parce que Donjon mystère est en réalité une licence à part entière qui à ses propres codes immuables depuis quasiment sa création. Chunsoft (désormais Spike Chunsoft) ayant appliqué la formule à d'autres licences avant cela avec Final Fantasy et depuis avec Danganronpa et Etrian Odyssey.


Ainsi, toute la critique qui peut se manifester (et qui peut être légitime) doit aussi prendre en considération le choix des développeurs d'appliquer au sens le plus strict du terme le même système du jeu. Sans d'ailleurs véritablement de simplifications puisque la mort sera tout aussi punitive que dans d'autres épisodes de la série. Ainsi, le jeune joueur et l'ancien (moi ici) peuvent être surpris de la relative difficulté de certains passages, tout ça à cause d'un aléatoire peu clément, clés de nombreux rogue like. À vous de vous positionner. Personnellement, en parcourant chaque épisode de la série Donjon Mystère et notamment sa voute principale Shiren the Wanderer, j'ai considéré que le choix de gameplay était bien trop exposé pour le considérer comme un défaut. Mais vous voilà prévenu.


Cela dit, l'habillage autour du gameplay a subit un lifting Pokémonesque. Les potions sont remplacés par des baies, les armes que l'on trouvent par des CT, les ennemis que l'on rencontrent dans les diverses donjons sont des Pokémons et notre village de départ fourmille d'équipes se reposant ou prêtes à partir à l'aventure. Le joueur qui connait la série n'a aucun mal à se retrouver dans son confort avec les animations, les attaques, les cris; tous les codes y sont. Et cela passe bien sûr par le scénario qui impliquera diverses Pokémons, du bon et du mauvais côté de la barrière.


L'une des très grandes réussites de ce jeu, c'est le rythme de son aventure. La routine de l'exploration s'installe bien vite entre exploration des donjons, discussions avec les villageois et les commerçants, et mon banquiers pour stocker l'argent mais aussi incertitude qui va mener le joueur et nos protagonistes à découvrir de nouveaux lieux et la trame principale à base de la recherche des rouages du temps va très vite se mettre en place entre discussions, exploration et combat. Mais le jeu fait ça avec une telle insolence dans la fluidité que l'on passe la très grande majorité des étapes sans trop s'en rendre compte. Chacun de ses chapitres (puisque le jeu est chapitré) et l'occasion d'augmenter l'amitié de nos deux partenaires de fortune afin de faire face à de nouveaux dangers. Les explorations obligatoires sont assez courtes même si ce sont parfois de véritables courses d'endurance si l'aléatoire ne joue pas en votre faveur, qui plus est quand un boss se cache au bout du chemin. À ce titre, j'ai trouvé l'équilibrage de certains boss assez questionnable puisque le jeu nous fait bien souvent en infériorité numérique comme pour volontairement vous compliquez la vie. Comme si le jeu n'était pas assez exigeant !! Et cette exigence deviendra carrément insupportable dans les histoires annexes qui raconteront des petits récits annexes de certains membres de la guilde ou de personnages que vous ne rencontrerez que dans la deuxième partie de l'aventure. On décernera même un petit carton jaune pour certaines d'entre elles tant l'équilibrage sera très, très questionnable. Et c'est dommage parce certains chapitres permettent vraiment de se rendre compte de la qualité d'écriture du titre. Celui de Grodoudou étant, n'ayons pas peur de le dire, une masterclass.


L'écriture est certes enfantine mais elle est fine, elle ne bascule jamais dans l'excès et se permet le luxe de plusieurs révélations à certains moments clés qui sont vraiment bien ficelé. Et même si ma préférée restera celle énumérée trois lignes plus haut qui est une leçon de vie magistralement exécuté de ses auteurs, certains passages de l'aventure principale valent aussi leur pesant de gourmandise. Ainsi, le jeune joueur se surprendra à découvrir des lieux mystiques mais aussi l'étendu de l'importance de sa quête à travers un chapitre qui le met devant ses responsabilités. La responsabilité d'empêcher comment le monde sera. L'importance de ne pas croire n'importe qui. L'importance de l'amitié et que celle-ci, en l'espace d'un temps, peut lui glisser entre les doigts. Et ce n'est jamais fait (ou presque) dans l'abrutissement ou dans la force. Tout le message glisse au joueur et les deux protagonistes s'identifient à ces aventures. D'ailleurs, la plus grosse réussite selon moi de l'écriture du jeu vient de l'identification non pas via le personnage principal mais via le personnage secondaire. Le jeu ne fait pas que coupler la relation dans le gameplay, la synergie est aussi présente dans la réalité, entre un joueur qui incarne principalement celui qui n'a peur de rien, l'adulte finalement; et cela s'explique dans le scénario) et l'autre qui manque de confiance en lui. Cette association gravite autour du joueur et cela est fait d'une manière remarquable. L'autre jeu qui faisait ça sans pour autant d'application pour le personnage principal était Okami, c'est dire le compliment que je fais à Pokémon Donjon Mystère.


Alors, il y a quelques anicroches par-ci par-là. Genre la team Dark qui apparait puis disparait d'un coup d'un seul alors qu'il y avait un vrai bon coup à construire une rivalité entre les deux équipes, le village qui manque un peu d'interactions (la bouffe étant principale dans le jeu, pourquoi ne pas avoir fait un mini-jeu de cuisine à la place du truc des pieds de Pokémons). Même si le jeu le montre plus en deuxième partie de sessions, j'aurai aimé plus de lieux de rassemblement entre Pokémons, un peu plus de campements qu'on ressentent encore plus la diversité qui est exprimé ici. La cartouche était, semble-t-il toutefois, à la limite de ce qu'elle pouvait supporter.


Il est également dommage que ce fameux post game (et généreux post game) malgré quelques idées intéressantes soient beaucoup plus poussifs que l'aventure principale. On enchaine les donjons sans trop sourciller qui deviennent de plus en plus longs et compliqués, soulignant d'autant plus les problèmes d'équilibrage entrevus plus tôt. Et si avoir un niveau bien supérieur permet de moins se compliquer la vie, cela n'est pas une garantie de réussite absolue. Ils en ont peut-être un peu trop faits pour le propre bien du jeu et même si ce second acte n'impactera pas l'avis sur la quête principale, il est dommageable que celui-ci tombe dans les même travers que certains épisodes bonus. C'est d'ailleurs là que vous retrouverez d'autres personnages et d'autres lieux issus de ces épisodes (ou pas) ce qui viendra donner encore plus de consistances à l'ensemble.


Mais revenons au moment décisif, cette fameuse fin. L'ascension de la tour dans une musique mesurée par le temps et cette confrontation finale sur une autre musique, épique, contre un Dialga bien décidé à vous arrêter. Mais cela ne suffira pas et vous finissez par rétablir le cours du temps. Il est immuable. Et là est peut-être la plus grande leçon que le jeune joueur prend. La disparition. Celle d'un être dont on a partagé les plus grandes aventures, les réussites comme les souffrances, vous avez déjà vu la mort mais c'est justement ce que vous vouliez éviter. La mort du monde. Il survivra, pas le vôtre. Et là est sans doute le moment le plus terrible pour le jeune joueur qui voit une partie de lui...disparaitre. Seul subsiste les souvenirs...le souvenir de votre rencontre sur une plage, coucher de soleil et bulles tournoyantes dans le ciel; et les larmes.


Je vais être honnête, je n'attendais rien de Pokémon Donjon Mystère : Explorateurs du Ciel et j'ai peut-être pris une des plus grosses claques de ces dernières années. Généreux, intelligent, consistant, bien réalisé (même s'il aurait pu faire mieux au niveau visuel), j'ai compris pourquoi ce jeu avait autant impacté les jeunes joueurs et joueuses qui l'avaient expérimenté à sa sortie. Une aventure dont ils et elles en sont ressortis forcément grandi, l'aventure de toute leur jeune vie.

Necheku
8
Écrit par

Créée

le 16 sept. 2023

Critique lue 30 fois

Necheku

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