Portal 2
8.4
Portal 2

Jeu de Valve et Electronic Arts (2011PlayStation 3)

Quand bien même avait-il été initialement pensé comme une sorte de démo plutôt que comme un jeu pouvant être vendu à part entière, pour moi « Portal » premier du nom était le genre de chef d’œuvre qui se suffisait à lui-même. Un titre épuré de tout superflu au service de ce que j’aime le plus : le jeu pour le jeu.


Pourtant, quatre ans plus tard sortait ce « Portal 2 ».
Officiellement c’était la suite du premier « Portal », mais dans les faits, tout le monde a très vite compris qu’il allait en fait s’agir d’une version enrichie et développée de son prédécesseur.
Un univers plus grand. Une histoire plus profonde. Des mécaniques de jeu encore plus développées.


Alors ce serait vous mentir que de vous dire que je n’étais pas excité comme une puce par ce « Portal 2 »… Néanmoins la claque de « Portal » premier du nom était telle que j’avais du mal à voir ce qu’ils allaient pouvoir faire de plus ; ce qu’ils allaient pouvoir faire de mieux…
A dire vrai, l’introduction pose tout de suite les bases de sa réponse.
Alors que le premier opus nous faisait partir d’une petite cellule minimaliste de rien, trahissant l’esprit d’épure qui allait émailler tout le jeu, « Portal 2 » commence presque en faisant l’inverse : en nous en foutant plein les mirettes.
Espaces immenses. Effets de narration efficaces. Et puis surtout des petites pointes d’humour toujours dans l’esprit décalé du premier opus : tout participe à nous caresser dans le sens du poil. Tout est là pour jouer la carte du « bigger and stronger ».
Ça marche, mais ça interroge néanmoins… Car après cinq minutes, se pose toujours la question du jeu…


Le jeu, il arrive une fois la démonstration technique terminée.
Et là – surprise – on se retrouve dans les premières salles du premier opus… sans que ce ne soit vraiment les premières salles du premier opus pour autant.
Tout est délabré, laissé à l’abandon et à la jungle. Pourtant ces premières salles continuent à jouer leur fonction originelle – celle d’initier les néophytes aux mécaniques du jeu – mais elles parviennent en même temps à apporter une couche de narration et de nouveauté qui ne pourra que parler aux adorateurs de « Portal 1 ».
L’air de rien, cette phrase de (ré)initiation est assez rapide à faire, très efficace et surtout très agréable à parcourir. Voilà qui se prend, mais voilà qui interroge toujours…
Et après quoi ?


Alors je ne vais pas vous faire toute la liste des choses qui vous attendent dans ce « Portal 2 », car ça n’aurait aucun intérêt ni pour celui ou celle qui l’a déjà fait, ni pour celui ou celle qui escompte le découvrir. Car là où ce second opus excelle c’est bien dans sa capacité à innover et à surprendre régulièrement mais tout en restant fidèle au matériau original.
Or, ça, pour moi, je dois bien avouer ça représente un sacré tour de maître…


Cependant, on ne va pas se mentir non plus : l’énorme plus-value de ce titre, elle repose essentiellement sur sa remarquable capacité à donner de l’épaisseur – devrais-je dire de la profondeur ! (…ceux qui auront joué à ce titre comprendront le double sens de cette affirmation !) – à tout l’univers du premier « Portal ».
Plus d’une fois j’ai fait « Ouah !» J’étais vraiment fasciné par la manière dont on parvenait à me développer ce monde de « Portal », surtout qu’à chaque chapitre, l’orientation de l’histoire nous permettait vraiment de découvrir une nouvelle facette qu’on ne s’imaginait pas jusqu’alors.
Mais là où ce jeu a vraiment achevé de me conquérir, ce fut juste après…


…la chute.
Tout reprendre depuis le dernier sous-sol.
Tout reprendre depuis les origines.
Tout devoir remonter pour retracer l’histoire de ce lieu, de cette aberration.
C’est ça qui, pour moi, fut juste un régal.


A partir de ce moment-là, le jeu se met à fourmiller de détails.
Les décors – jusqu’alors minimalistes – révèlent des trésors d’humour mais aussi d’informations subtilement disséminés…


(Par exemple j’adore la galerie des trophées de Cave Johnson, où on voit qu’au milieu de ses grands mérites en tant qu’astronaute ou industriel dans l’armement, il s’est avant tout illustré dans le domaine de la patate. Ainsi le jeu prend-il la peine de nous expliquer – excusez du peu – cette blague qui consistait à enfermer des intelligences articificielles dans des patates ! Donner un sens à une blague en le justifiant par son univers, moi je trouve que c’est le summum de l’humour. J’ai adoré ce détail. Et ça, pour le coup, ce n’est qu’un exemple parmi tant d’autres.)


...
Et ce qui est intéressant, c’est qu’à côté de cet enrichissement de l’univers, il y a aussi un enrichissement du gameplay de base qu’avait apporté le premier « Portal ». Et pour le coup c’était vraiment indispensable pour moi parce que – jusqu’à présent – quand-bien même le jeu avait su glisser quelques nouvelles subtilités…


(…comme les cubes réflechissants et les tremplins par exemple…)


…je trouvais que c’était tout de même bien peu au regard des innovations apportées au cours de cette deuxième moitié de partie.


(…parce que l’air de rien, le simple fait que les nouvelles possibilités offertes le soient par des fluides qu’on peut étaler où on veut selon notre habilité à tirer parti de notre environnement, j’ai vraiment trouvé ça très malin.
Dans ce cadre là, j’ai notamment été assez scotché par ce moment où il a fallu jouer des portails pour retapisser notre aire de jeu de roche lunaire liquide afin qu’on puisse augmenter notre surface d’action. Pour moi c’est là l’une des très grandes idées de ce titre.)


...
Alors après, peut-être que, sur son final, ce jeu s’épuise un peu en voulant rajouter quelques salles de test superflues. Certes ces salles sont encore une fois brillantes de conception mais par contre elles nuisent tout-de-même un peu au rythme de cet élan conclusif.
Malgré tout, rien de grave non plus dans la mesure où ce jeu parvient à se terminer sur un très beau finish…


(Le coup sur la Lune, franchement, je trouve ça très bien amené)


…quand bien même celui-ci est totalement illogique au regard de l’architecture de l’endroit…


(…Bah oui, après on se rend compte qu’il nous restait quand-même un sacré paquet d’étages à remonter pour retrouver la surface, donc comment ça se fait que la salle de Wheasley donne sur la Lune ? Mystère.)


...
Du coup, au moment de faire le bilan, difficile pour moi de cacher mon adoration pour ce jeu.
Y ayant très récemment rejoué, les sensations et le plaisir sont toujours intacts.
Je trouve même que ce « Portal 2 » a réussi un tour de passe-passe assez phénoménal : celui d’avoir su se faire un enrichissement de « Portal 1 » plus que pertinent sans pour autant rendre ce parent obsolète.
Ensemble les deux jeux forment même un tout cohérent, quand bien même chaque opus dispose d’une identité qui lui est véritablement propre.
La définition même d'une suite pleinement réussie, non ?

Créée

le 7 juin 2020

Critique lue 231 fois

5 j'aime

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5

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