Il y a des jeux auxquels on n'accroche pas. Pyre en fait parti. Voilà. C'est tout ? Si on part du principe que ce qui m'a le plus séduit dans ce jeu est sa direction artistique formidable, propre à Supergiant Games, la sacro-sainte voix de Logan Cunningham et la composition toujours aussi géniales de Darren Korb, alors oui.
Le reste ? Bah, justement, j'ai pas accroché. Le mix improbable entre visual novel et jeu de sport qui emprunte à la Divine Comédie a beau être original, l'univers de Pyre ne m'a pas séduit tant que ça, encore moins son gameplay, perfectible sur de nombreux points.
Le cas de l'univers et du trop-plein de texte qui l'accompagne souligne surtout le fait que j'ai de moins en moins envie de lancer un jeu vidéo « pour lire ». Peut-être devins-je trop conformiste, en associant le jeu au jeu et la lecture à la lecture… quoi que ça ne m'empêche pas d'adhérer à certains titres mêlant plusieurs genres, notamment de la part de Remedy. J'aurais tout de même tendance à souligner le flux d'informations envoyé au joueur que je trouve assez mal géré, avec cette surabondance de lore balancée d'un coup suivi de phases bien plus calmes.
En ce qui concerne le gameplay, Aïe ! Autant, je salue l'originalité du concept, autant Pyre m'a plus enquiquiné qu'autre chose. Grosso modo, on sait si on va gagner la partie ou non en à peine quelques secondes de jeux. La faute à des équipes adverses beaucoup trop déséquilibrées au point où j'ai réussi à en achever certaines les doigts dans le nez avec une dizaine de handicaps derrière moi, et bien plus galérer face à d'autres, sans handicaps dans le dos cette fois-ci. La faute aussi à l'impossibilité de procéder à des changements en plein milieu de la partie, de passer d'un personnage à un autre sur le banc, de pouvoir s'échanger les objets (certains donnant des avantages non négligeables). La faute aussi à des hitbox particulières, si ce n'est bogué… très franchement, ç'a m'est arrivé à plusieurs reprises de plonger dans le brasier adverse et d'attendre un délai, certes très court, mais suffisamment long pour que je puisse perdre la balle. D'un certain point de vue, j'ai terminé Pyre et gagné de nombreuses parties sans trop comprendre comment… comble de la frustration ? Pas vraiment, car il y a un twist à tout ça. En effet, l'œuvre de Supergiants Games n'obligera à aucun moment le joueur de gagner les matchs auxquels il participe. Une manière d'accepter la défaite ? De regarder nos compagnons en face après une énième déception de notre part ?… Pour ma part, j'ai surtout eu du mal à mettre de côté 25 ans de jeux vidéo derrière moi, 25 ans de conditionnement, faire fi de la victoire pour embrasser pleinement la défaite.
C'est con, parce qu'il y a malgré tout quelque chose derrière Pyre, plus qu'une âme, il est arrivé à me faire accrocher à certains personnages, à les aimer, que ce soit pour leurs capacités sur le terrain ou leur caractère. En cela, je retiendrai, peut-être encore plus que le reste, cette mécanique nous imposant d'abandonner certains des membres de notre équipe, généralement ceux avec lesquels on a le plus d'affinités, ceux avec lesquels on a le plus joué. Ce n'est sans nul doute pas ça qui sauvera le jeu chez moi, mais ce sera bien suffisant pour que je conserve Pyre dans un coin de ma tête durant un bon bout de temps.
Bref, j'ai aimé dans Pyre ce que j'y ai retrouvé des autres productions Supergiant Games, et inversement. La faute à un studio qui a de bonnes idées derrière la tête, mais qui n'arrive pas à les concrétiser ? Vu les retours sur Hadès, je peux m'avancer sur le fait que j'ai tort.
Reste que cette première expérience avec Pyre a beau ne pas avoir été des plus accrocheuses, m'étonnerait pas que je lui redonne sa chance d'ici à quelques années, en tentant, cette fois-ci, d'adopter la philosophie de jeu souhaité par les développeurs jusqu'au bout… bon après va falloir être patient… ce n'est pas comme si j'avais un backlog de plusieurs centaines de jeux derrière moi.