Secret of Mana
8.1
Secret of Mana

Jeu de SquareSoft et Koichi Ishii (1993Super Nintendo)

Percer le secret pour rétablir la vérité

Condition du test : SNES Mini


Enfin, enfin j’aurai pris le temps de me plonger dans l’aventure Secret Of Mana, dans une volonté de retourner à quelques jeux bien ciblés venant de l’ère 16 Bits, Secret Of Mana arrivait en haut de la liste à entreprendre.
Si on ne peut nier que par son statut de premier des autres, dans le sens ou il y est arrivé assez tôt dans la vie de la Super Famicom, 1993, et surtout bien avant la ribambelle de classiques qui se succèderont à partir de 94 jusqu'à 97, Secret Of Mana souffre beaucoup aujourd’hui de la comparaison avec les autres du genre. En ayant servi de pionnier certes, mais surtout de brouillon pour de nombreuses idées pas toujours bien implémentées dans celui-ci.


Prenant place dans un univers très coloré et proche des Dragon Quest, l’aventure se déroule en de nombreuses phases pour ne vraiment décoller que dans les dernières heures au niveau du scénario, et c’est là le premier point que je critiquerai, son intrigue. Parfaitement oubliable et qui tient bien facilement sur moins de caractères que ce que je viens d’écrire depuis le début de cette critique, la longue traversée du monde n'apporte pas de réels moments bouleversants ou attachants d’un point de vue scénaristique et ce n’est que vers la fin avec quelques courageuses décisions et twists, que la dynamique se relance, tout cela malheureusement au prix d’une linéarité assez indigeste, enchaînant les boss et salles tous plus oubliables les uns que les autres.


Nous faisons face au deuxième défaut majeur que je me permettrai de mettre en avant et de nuancer les avis de critiques dithyrambiques que l’on peut trouver ici ou là. Secret Of Mana est très répétitif et cela sous plusieurs aspects.
Premièrement à cause de la sur utilisation d'ennemis identiques, un artifice régulier des JRPG certes, mais j'ai ressenti cela bien plus ici que durant d’autres jeux du genre. Le recyclage permanent des mêmes assets pour les boss, une fois bleu et la quatrième fois rouge en passant par toutes les couleurs de l’arc-en-ciel, a commencé de manière sérieuse de me lasser sur la fin de l’aventure d’autant plus si cela est dans un but d'étirer l'intrigue de manière artificielle. Tout ceci n’est pas arrangé par le système de combat à base de "appuyer sur B en boucle”. Hé oui, car au-delà de ce qu’on vient d’aborder, Secret Of Mana ne brille pas nécessairement par son système de combat. Pauvre en variété et une magie évoluant à la manière d'Oblivion ou Skyrim, plus j’utilise celle-ci plus elle s'améliore, ne répond pas nécessairement à l’idée que je m'étais fait pour ce action RPG plus qu'adulé en France. Loin de moi de dire que je n’ai rien apprécié des combats, mais entre ce que je viens d’aborder plus une difficulté quasi inexistante une fois que vous avez trouvé l’unique sort qui fonctionne sur un boss, une IA complètement au fraise et la latence importante (parfois plusieurs secondes) entre le moment ou vous frappez et le moment ou l’ennemi réagit aux dégâts, je n’ai pas été transcendé par le gameplay et surtout celui-ci souffre largement de la comparaison avec d’autres jeux, certes arrivés quelques mois ou années après, mais qui aujourd’hui sont encore parfaitement agréables manette en main.
Tout comme le système de jauge à charger entre chaque coup et la fonctionnalité des damiers pour placer ses alliés autour de soi, tout cela ne semble pas abouti et contredisant assez largement l’idée que l’on se fait d’un action RPG qui doit réagir rapidement à l’action du joueur, ce qui n’est clairement pas le cas ici, ou on en vient à spammer la magie qui contrebalance assez ridiculement les dégâts physiques et nous permet d'expédier les combats de boss en quelques minutes voir secondes.
Notons que l’on peut aussi changer de personnage à la volée, mais cela est plus souvent nécessaire pour débloquer un héro du décor qu’une vraie feature de combat.
Avec le recul Secret Of Mana ne possède pas un point marquant de gameplay qui vient marquer le joueur au fer rouge.
Concernant la progression globale, celle-ci reste très sommaire avec quelques armures tout au long du jeu et cela s'arrête là.
En somme, difficile de réellement justifier la terminaison RPG pour Secret Of Mana.


Alors me direz vous pourquoi noter celui-ci avec un 7 si tout cela semble si mauvais ?
C’est que tout n’est pas à jeter, loin de là, et quelques parties du jeu procurent tout de même des moments grisants de plaisir grâce par l'intermédiaire de plusieurs points.
Tout d’abord, le jeu est, et reste encore beau aujourd’hui. S'il n’a pas la finesse de ses successeurs il faut quand même rendre à César ce qui appartient à César, et en 1993 il impose déjà le respect par de superbes panoramas et aussi une magnifique utilisation du mode 7 de la Super Famicom est ce dès 93 je le redis. Au contraire du bestiaire, les décors sont très variés et surtout présents en grand nombre au travers de l’immense carte qui se dévoilera petit à petit au joueur grâce à de nouveaux moyens de locomotions, je vous laisse la surprise de leurs découvertes.
Pour revenir sur les boss, si le recyclage est bien présent, d’autres uniques possèdent des designs très intéressants sortant des clichés et que j’ai apprécié découvrir. Au travers des magies, aussi, on aura le droit à de superbes effets visuels proches de ce qu’on retrouvera plus tard dans d’autres œuvres de Squaresoft.
Bref sur ce point impossible de critiquer Secret Of Mana, car je n’ai clairement pas été déçu, mais bien plus agréablement surpris d’autant plus sur la dernière partie du jeu qui ose d’autres choses que les prairies et déserts.
Mais si il y a bien un point qui est à retenir si l’on doit en garder un, la bande son.
Tout d’abord, il faut savoir que le jeu était prévu à la base sur Nintendo SNES/CD, celle-ci n'ayant jamais vu le jour, ils se sont rabattu sur le support cartouche et n’ayant pas voulu sacrifier la qualité audio, les équipes ont réalisé un tour de force sonore.
Le nombre conséquent de pistes, sauf pour les boss, qui accompagnent le joueur m’ont aidé a oublié en partie les défauts que l’on vient d’aborder, car sur ce point-là Secret Of Mana fait partie des plus grands et définitivement certains thèmes restent en tête pour un long moment une fois l’aventure complétée.


Malheureusement, je ne trouve pas beaucoup plus de points essentiels à retenir de ce Secret Of Mana pour réellement me donner envie d'élever la note à un standard qui s'approchera des notes d’autres œuvres du genre.
Au fond de moi, pour être tout à fait honnête, je voulais noter avec un petit 6, mais je garde aussi à l’esprit que Secret Of Mana est venu se casser les dents si j’ose dire, pour que la suite des œuvres de Squaresoft ou autres apprennent des erreurs pour parfaire la formule, et sans avoirs faits les suites, c’est apparemment exactement ce qui s’est passé.
La gentillesse à son égard, surtout en France, vient simplement du fait que c’est l’un des tous premiers actions RPG, si on peut dire, que les joueurs français ont eu la chance de toucher, d’autant plus dans leur langue maternelle, malgré une traduction très mauvaise que je ne peux confirmer ayant fait celui-ci en anglais.
On imagine sans mal que grâce à cela les joueurs touchant le jeu dans son jus en 1993 ont pu recevoir une claque assez importante. Cependant avec le recul et objectivité tout en ayant connaissance du reste des œuvres 16 bits, je ne peux pas accorder une note proche de la perfection à Secret Of Mana car le jeu souffre sans aucun doute de défauts assez profonds et importants pour placer réellement celui en haut de l'échelle des RPG Japonais, ce qui est le cas si on se réfère aux classements sur Senscritique.
Il n’en reste pas moins que le jeu procure ses moments de fun et marquants et son authenticité fait que l’on n'oubliera certainement pas toute l’aventure que l’on vient de traverser. Le bilan si on entre dans les détails est certes très mitigé mais en prenant le temps digérer celui-ci et en étant conciliant sur le fait qu’il a volontairement souffert de la jeunesse du genre pour laisser les autres apprendre de ses erreurs font que je ne peux pas dénigrer Secret Of Mana, mais je souhaitais simplement prévenir et contrebalancer les critiques, souvent courtes, se contentant de mettre 10 et nous dire que c’est le meilleur RPG Japonais ever, ce n’est pas le cas et il convenait de rétablir une part de vérité.

Sajuuk
7
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Cet utilisateur l'a également ajouté à ses listes Les meilleurs jeux de rôle japonais (JRPG) et Journal JV Edition 2022

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le 26 févr. 2022

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