Shadow of a promise - Garantie sans spoil

Dès les premières heures de jeu, les craintes que j'aurais préféré démentir se sont confirmées partiellement. Ma critique ne s'étalera donc pas en longueur, puisque le constat se résume en quelques paragraphes.

En termes de structure et d'ambiance, SotTR va piocher le meilleur de ses deux ainés, avec la volonté bien présente de retourner aux ambiances d'antan (les trois premiers TR de l'histoire de la licence). La plupart des apports salutaires des deux premiers épisodes de cette trilogie ont encore évolué d'un cran, pour un gain concret plus ou moins limité à mon sens (phases de plateforme, espaces ouverts, crafting, tunning, tenues...). Développer les acquis, RotTR le faisait déjà très bien, et ce n'était donc bien sûr pas sur les points forts qu'il fallait attendre le petit dernier...

Beaucoup plus gênante en revanche est l'inspiration à peine voilée tirée de la saga Uncharted, dont Eidos a non seulement copieusement pompé les mécaniques sans faire preuve du même talent que Naughty Dog (depuis l'enchaînement routinier des différentes phases de gameplay jusqu'à la conception même des phases de combat), mais ne s'est en plus absolument pas donné la peine d'en corriger les défauts. C'est un facepalm complet du début à la fin, un abattage massif d'un nombre tout à fait improbable d'ennemis que la cohérence déjà faible du scénario ne saurait en aucun cas justifier, et qui ne semble en outre aucunement poser le moindre cas de conscience à Lara (comme c'était déjà le cas pour Uncharted, qui peut cependant se targuer d'avoir d'autres excellents atouts et une finition incomparable).

Côté points faibles, puisque c'est là que j'attendais au tournant, rongeant l'espoir jusqu'à ses derniers retranchements, l'effort d'Eidos est palpable mais malheureusement insuffisant. La trame scénaristique se déroule sans raccord grossier (défaut majeur du premier épisode, au-delà de l'acceptable), les personnages secondaires aspirent à un portrait un peu plus étoffé que les pantins acharismatiques habituels... Un grand ménage a de toute évidence été effectué dans le casting (dieu merci), un choix de rationnalité incontournable qui a permis une meilleure écriture sur le panel restant. Mi figue, mi raisin, si le jeu est pourvu d'un certain nombre de scènes intéressantes, il n'arrive pas à réellement emporter le joueur, la trame restant sur ce point malheureusement très inégale, donc décevante et assez plate dans l'ensemble.

Graphiquement comme musicalement, SotTR est un jeu sans ambition aucune, avec un travail qu'il ne m'est possible de qualifier que de moyen (ce qui est plus que discutable pour un titre qui clôt la trilogie sur la PS4 Pro) : ni médiocre, ni éblouissant, ce n'est pas sur ce plan qu'il marquera les esprits (malgré un joli titre introduisant les crédits). Rien à dire sur le doublage.

J'accuse encore et toujours l'absence d'un manoir à explorer librement et en toute quiétude pour faire autre chose que massacrer du pas-beau à retour de bras et piller des tombes. Il faudra donc peut-être, comme dans le cas de RotTR, attendre un DLC.

S'il n'en constitue pas moins à mon sens le meilleur des trois épisodes, ma note sanctionne un savoir-faire aux abonnés absents et que le nécessaire recul qui a (ou aurait dû) être pris dans les précédents épisodes condamne. Elle le sanctionne d'autant plus que SotTR aurait pu prétendre à l'excellence, à côté de laquelle Square Enix et ses studios passent encore, semble-t-il par fainéantise.

Shadow of the Tomb Raider ne demeure donc que l'ombre d'une promesse : celle de Square Enix de rétablir la licence dans une gloire nouvelle, celle qu'elle méritait, celle dont elle avait largement les moyens. Je ne peux pas quitter sereinement une trilogie qui n'a pas su évoluer, et dont je clos le dernier épisode avec le sentiment qu'il aurait fallut confier le travail à Naughty Dog pour qu'il soit bien fait.