"Les excuses, c'est comme le trou du cul... Tout le monde en a un..."


Pitch: Alors que la guerre du Viet-Nam s'enlise dans un conflit dévastateurs pour les forces en présence, un élément va venir ajouter à l'horreur de la situation. Nate Walker, nouveau venu dans "l'enfer vert", va se lancer à la recherche de son frère victime d'une épidémie qui transforme les êtres vivants en zombies redoutables...

Le studio Rebellion, pas vraiment réputé pour ces chef d'œuvres vidéo ludiques, nous livre une fois de plus un soft au postulat en béton armé: mélanger l'horreur de la guerre du Viet-Nam à une horreur issue de la culture underground horrifique: les zombies / contaminés. Si le pitch peut ressembler à du Fullci, il faudra plutôt lorgner du côté du retour des Mort-vivants de 1985 par O'Bannon ou des plus récents 28 Jours Plus Tard ou L'Armée des Morts (remake honteux du chef d'œuvre de Romero: Dawn of the Dead / Zombie) et de leur vision particulière du zombie, aussi rapide qu'agressif. En surfant sur cette vague un peu "hype", le studio de développeurs souhaitait apporter à la série Shellshock un renouveau par le biais du fantastique "choc". Pari audacieux mais pari raté... Nous allons voir pourquoi...

Rares sont les jeux à traiter du conflit vietnamien des années 70, et je n'en rate jamais un seul (ce qui va m'amener à prendre le prochain Call of Duty), ma référence étant le Vietcong de 2003 édité par Take 2. Shellshock 2, dérrière son pitch de série B, profite d'une ambiance formidable. les développeurs ont su jouer avec talent sur les deux registres qui constituent leur titre. Ainsi, le début du jeu nous propose tout un lot de poncifs sur le conflit, la plupart issues du cinéma américain des 80's. On retrouve les attaques éclairs, les déambulations dans une jungle en apparence sûre, les "pièges à cons" aussi redoutables que mortels, les embuscades, etc... le tout sera suivi de quelques clichés délectables du film de mort-vivants au fur et à mesure que les choses dégénèrent: le siège d'une baraque tombant peu à peu en ruine, la fuite au milieu d'un village bourrée de zombies à l'affut, les mort-vivants surgissant de nulle part pour emporter un malheureux dans un hors champ qui signifie forcément la mort, les tortures diverses et variées, etc... A ceci s'ajoute une touche "bigger than life" avec quelques personnages improbables mais assez bien géré au niveau de la trame scénaristique (le soldat tough guy un rien timbré, l'actrice sexy venu remonter le moral des troupes, son producteur véreux,etc...) qui leur réserve un sort des plus sombre. D'ailleurs, si le jeu offre des environnements relativement sombres, on reste très loin de ce qu'écrit Dinowan, toujours prêt à en mettre des couches quand il n'a rien à dire (c'est à dire tout le temps). L'ensemble reste très visible et il est possible de régler la gamma lorsque son téléviseur est un peu sombre (je vais vraiment finir par croire que les testeurs pro ne regardent jamais les options). Cette obscurité, loin d'aveugler le joueur ou de véritablement le gêner plonge celui-ci dans une peur "reptilienne" hérité de nos lointains ancêtres: la peur du noir, la peur de l'autre. Angoisse renforcée par la bande son assez remarquable pour tout ce qui concerne les sons d'ambiance. Le joueur sera régulièrement ébranlé par les bruits de non-morts résonnants au loin, mêlés aux cris de différents animaux sauvages ou encore par des bruits de portes fracassées venant de lieux trop éloignés pour se faire une idée du danger... On notera la présence de quelques scripts plus ou moins bien foutus et renforçant un poil l'immersion même si on reste très loin des ténors du genre comme les Modern Warfare. L'ambiance est donc au top mais reste desservie par une technique et un gameplay tout droit sorti d'un autre âge...


Et parlons en de ce gameplay. Se calquant sur la vague des FPS réalistes, le joueur ne devra compter que sur une arme de poing, un fusil, ses grenades et son couteau pour résister à l'ennemi qu'il soit humain ou non... Cela n'a pas l'air comme ça mais c'est peu dès que l'on se retrouve dans un jeu à la dimension fantastique ou le meilleur moyen de stopper un adversaire et de lui coller un pruneau dans la tête grâce à un calibre. A la rigueur une "roue" de 4 armes aurait été la bienvenue car vers la fin du jeu, les vagues de zombies sont fort nombreuses et la mire graphique n'aide pas à grand chose tant les armes manque de précision. Rappelons que dans Left 4 Dead, celles-ci sont si précise que le fait de ne pas pouvoir "viser" n'est pas un problème. Ici, c'est le contraire on peut viser mais cela ne sert pas à grand chose. Niveau matos on retrouve les grand classiques de l'époque du colt 45 (idéal pour les tunnels) au M-16 en passant par le 357 Magnum, la m60, le pompe ou le AK-47. Il faudra savoir également économiser ses munitions car certains mini boss (au design fort sympathique) encaisseront un nombre incroyable de balles dans le buffet avant de rendre l'âme. Et il ne faudra pas compter sur la vélocité du héros puisqu'il semble porter un équipement bien trop lourd pour ses frêles épaules ce qui nuit grandement à sa marge de manœuvre... Le perso est donc lourdaud et incapable de vraiment viser juste à moins d'être à une portée plus que douteuse ce qui accrue de façon désagréable la difficulté du jeu. Certaines actions nécessiteront l'accomplissement d'un QTE (de plus en plus exigeants au fil de l'aventure) que ce soit pour éviter un piège mortel ou se livrer à un corps à corps impitoyable avec un ennemi un peu trop entreprenant. Ceux-ci apporte une petite touche de fraicheur et rappelle (sans égaler) les QTE de Clive Barker's Jericho. A certains moment du soft, le personnage sera confronté au redoutable "agent orange", sorte de gaz utilisé lors du conflit, ce qui entrainera une altération des sens du héros assez sympathique. Enfin, et plus gênant car nuisant à l'immersion du soft, le pop des ennemis sera la plupart du temps complétement improbable. Il ne sera pas rare, que traversant un tunnel étroit un zombie apparaisse dans votre dos (peut-être pour vous faire ramasser la savonette). Aussi absurde que rédhibitoire, la "souplesse" du héros ne permettant pas de vraiment réagir rapidement à ce genre d'agression...

Techniquement, et c'est une habitude chez Rebellion, le soft est un peu à la ramasse et le moteur du jeu n'est pas vraiment maîtrisé. On le ressent surtout au niveau des personnages "vivants" qui manque clairement de détails et affichent presque une apparence de type "comics" alors que cela n'est pas vraiment voulu. Du côté des cadavres en vadrouille, le rendu passe plutôt bien et se permet même un rien de variété. Niveau textures de décors, elles restent relativement pauvres mais cela ne choque pas vraiment lorsqu'il s'agit d'architecture, par contre pour tout ce qui touche à la nature, cela est plus gênant. Niveau doublage, on subit la VF aussi peu impliquée qu'à l'accoutumée et heureusement la V.O a été conservé pour les Viet-cong. Pour la musique certaines sont particulièrement bien choisies et parviennent à remémorer un imaginaire collectif concernant la guerre du Viet-Nam au joueur le plus féru de culture underground américaine, alors que d'autres, de qualité moindres, se font heureusement rarement entendre. Comme dit précédemment, les sons d'ambiance sont particulièrement réussis et parviennent à plonger le joueur dans une atmosphère aussi étouffante que flippante...


Pour conclure ce test, je dirais simplement que Rebellion a encore massacré une idée de départ formidable, en se reposant sur celle-ci. Si l'ambiance du jeu est fabuleuse et vaut le détour, elle est largement dynamitée non pas à cause de ses graphismes un rien datés mais à cause d'une jouabilité douteuse et d'un gameplay pas vraiment adapté. Les amoureux d'horreur ou de la guerre du Viet-Nam pourront y trouver un rien de satisfaction pendant les 8 heures que dure la campagne solo (surtout si le jeu est trouvé à petit prix, je le déconseille à plus de 10 euros) mais la plupart des joueurs feraient bien de fuir ce FPS aussi bancal que l'implication des forces américaines sur le territoire Vietnamien...
Manji1981
5
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le 14 déc. 2010

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Manji1981

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