La critique la plus compliquée de l’année 2025 ? Elle est ici. Après 13 ans sans opus canonique, Konami ressuscite sa licence phare horrifique, Silent Hill, affublée cette fois-ci d’un petit F. Situé pendant le japon des années 1960, dans une petite bourgade rurale paumée, le jeu vous propose d’incarner Hinako, une adolescente de 16 ans, en conflit avec ses parents.
Lors d’une fugue pour rejoindre ses trois meilleurs amis, la ville est subitement envahie d’une brume mystérieuse faisant pousser des fleurs rouges partout dans la ville, avec des créatures cauchemardesques arpentant la ville. Hinako devra à la fois survivre dans le monde réel, et dans le monde spirituel (ou l’autre monde) où elle arpente un temple, guidée par un mystérieux homme portant un masque de renard, lui faisant faire des rituels de plus en plus glauques.
Bon maintenant que le contexte du jeu est posé, parlons en détail.
1) L’ambiance et la technique, la musique : Fabuleux
Évacuons tout de suite ce qui fonctionne très bien dans le soft développé par Neo bard entertainment, c’est son ambiance. Elle est réussie. Elle est angoissante, mystérieuse, on ressent par moments la patte Silent Hill comme les précédents opus. Le fait d’avoir remplacé la « rouille » par des « fleurs rouges » ne m’a pas dérangé, c’est contextualisé au Japon (et à l’histoire du titre). Les créatures sont peu nombreuses, mais le design est assez réussi.
Techniquement le jeu est beau, les cinématiques sont de qualité et malgré quelques ralentissements que j’ai expérimenté et un bug ou je suis littéralement sorti de l’écran de jeu pendant quelques secondes, globalement sur PS5 Fat, le jeu tourne bien. Peut-être un peu moins que le remake de Silent Hill 2, mais il tourne bien.
Quand à la musique, on retrouve le grand Akira Yamaoka qui ne déçoit pas. Sans dire que c’est une OST à la hauteur de celle que j’ai eu l’année dernière dans le grand Final Fantasy 7 Rebirth, on peut dire qu’il a fait un meilleur travail que ce qu’il avait fait dans The Short Message et dans le remake de Silent Hill 2. Ce que j’ai trouvé top ? Marier (c’est ironique dans le contexte du jeu) les sonorités japonaises avec les sonorités conventionnelles de la saga.
2) Le gameplay, ça passe ou ça casse ? : Frustrant
Parlons maintenant du cœur du jeu. Le gameplay. Il va diviser. Clairement le gameplay diffère entre les passages dans le monde réel (on est vraiment sur une patte survival-horror), et le gameplay dans le monde spirituel qui va évoluer au fur et à mesure des rituels subis par Hinako.
Dans le monde « réel » le gameplay est bon. Si je devais le noter je lui mettrai un 7/10. Hinako est un personnage lamba et on ressent son côté « fragile », bien qu’elle soit suffisamment agile pour permettre un gameplay uniquement orienté corps à corps (oui oui, vous n’aurez aucune arme à feu) avec des attaques chargées (qui utilisent de la santé mentale, ou du mana), des coups faibles coups forts qui puisent dans votre barre d’endurance, et des contres qui sont assez difficiles à faire en temps normal, mais si vous puisez dans votre santé mentale, vous pourrez contrer plus facilement.
A cela viennent s’ajouter un système survival-horror de durabilité des armes qui finissent par se casser, et qu’il faudra soit changer, soit réparer avec des boites à outil peu nombreuses. Le jeu oscille entre trois types d’armes :
- Les contondantes types tuyaux d’acier, batte de baseball, pied de biche
- Les tranchantes : couteaux, serpes
- Les lourdes (les meilleures) masse ou hache, qui vous permettent-elles de bloquer les coups
Et à côté de ça, des bandages, kits de soins, de la nourriture ou des boissons qui viennent influer sur la vie, la barre d’endurance ou le mana. Certains objets sont sacrifiés à des autels pour augmenter votre « foi » qui vous permettra :
- De restaurer votre santé mentale
- De piocher des « buff » que vous pouvez équiper (type santé plus élevée, meilleure esquive)
- D’influer sur vos statistiques (vie, mana, esquive et capacité à équiper des buffs)
Globalement, j’ai ressenti le coté survival-horror bien plus dans cet opus que sur l’opus remake qui donnait beaucoup trop de munitions. C’est donc un bon point, non ?
Malheureusement ce gameplay se transforme dans les phases spirituelles, que j’ai clairement moins aimé. Le jeu donne deux armes, une lance et une dague, mais celles-ci ne se brisent pas. On arpente les couloirs d’un temple, avec des monstres qui ne peuvent pas mourir. Le premier boss est clairement orienté Souls-like, tu te dis, qu’est-ce que ça fait dans un Silent Hill.
C’est déjà moins intéressant. Et puis à un moment donné, le jeu tombe littéralement dans un truc qui n’avait jamais été fait dans la saga, le beat them all. Hinako subi une transformation physique qui la transforme de victime en « prédatrice » et, si ça sert narrativement le jeu, en terme de gameplay c’est une transition à fond vers le souls-like. Vous allez, devoir apprendre les paterns des boss, et avoir des objets, pour réussir à survivre en « difficile ». Et j’ai pesté plein de fois sur le jeu en disant « putain, on n’est pas dans dark souls, c’est silent hill ».
Cette frustration je l’ai eu et même dans le character design des boss que je trouvais pas fou fou. Et puis le jeu derrière te balançait deux séquences, du pur SH, le passage dans le collège et surtout le passage dans la maison de Hinako, suivi du premier (et quasi seul ?) boss fight dans le monde réel, qui est pour moi le meilleur.
La dernière partie du jeu est frustrante. Résolument tournée vers l’action même dans le monde réel, où tu fais un aller-retour, l’aller avec le gameplay survival et le retour avec le gameplay beat them all et tu te dis que décidemment, les phases beat them all, même si ça va, ça passe, pour moi c’est un hors-sujet pur dans la saga.
La première fin du jeu est frustrante, tu ne comprends rien, tu te tapes un boss souls-like et ton personnnage peut littéralement mourir deux fois, puis derrière avoir une dernière phase avec un inventaire plein de pilules rouges et une arme incassable. Evidemment, il y a un dessein derrière, j’ai trouvé cette première fin « obligatoire » ultra frustrante.
Heureusement quand tu redémarres une partie en new game plus, tu commences à comprendre ce qui se passe, tu as des buffs de ta première partie, tu maitrises mieux le gameplay, les énigmes (qui sont cools) et surtout des choses changent par rapport à la première partie, on t’indique comment faire pour avoir les 4 autres fins. Bref, du fun en perspective j’imagine ?
J’ai fini le premier run en 12h-13h environ. Le jeu n’est pas bien long, et il manque je trouve de diversités dans les environnements du monde réel. Ville, Montagne, champs et ça s’arrête là.
3) Ça raconte quoi ? Flou
Le jeu traite de la condition féminine des femmes au Japon pendant les années 1960. Avec un fort pan de critique de la religion (shintoïsme) lors des phases spirituelles. Le jeu parle aussi de relation conflictuelle avec les parents, avec les amis, la jalousie, les triangles amoureux et les abus psychologiques.
Le personnage d’Hinako fuit un mariage forcé et la symbolique de ce mariage va transparaitre pendant tout le jeu. On parle de quitter ses attaches, sa vie, ses espoirs, ses amours même pour se marier avec une personne qu’elle n’a pas choisie, comme sa sœur Junko l’a fait autrefois. On parle aussi d’une fille un peu garçon manqué qui ne trouve pas sa place dans ce monde.
Le jeu parle aussi de dualité, entre cette Hinako dans le monde spirituel qui choisit de se marier « spirituellement » avec le dieu renard (manipulateur) et de tuer symboliquement son ancienne vie (ses amis, ses parents) pour devenir celle qu’elle doit être, et la Hinako du monde réel, qui veut retrouver sa vie d’adolescente.
Ce n’est pas le scénario le plus intéressant que j’ai vu dans un Silent Hill, maintenant au fur et à mesure des runs, je pense qu’il va s’apprécier.
Conclusion
Alors ce Silent Hill F ? F pour quoi d’ailleurs ? Fleurs ? Femme ? Fake ? Je suis partagé sur le jeu, plutôt positivement mais partagé quand même. C’est un Silent Hill et en même temps, y a des pans entiers de jeu qui ne sont/font pas Silent Hill. Le gameplay aux orientations dark souls, ça marche plutôt dans les phases survival, mais les phases spirituelles ça marche clairement moins et je parle même pas du coté beat them all. C'est osé, ça m'a surpris. Mais ça m'a pas emballé à fond non plus.
Ça aurait pu aller plus loin, y a des allers retours sur la fin de jeu, la première fin est cryptique au possible, les liens avec la saga Silent Hill sont tenus (mais identifiables), bref ce jeu c’est pas un jeu qui va se comprendre tout de suite, il va falloir passer du temps dessus. Je sens que, ayant débuté la seconde run, ça va s’améliorer.
Mais pour moi la note c’est 6 coup de cœur, ou 6,5/10 qui pourrait évoluer en 7 tendance 7.5. Ce jeu ne vaut pas plus. C’est un plutôt bon retour de la saga, et ce n’est pas la folie non plus. Certaines personnes pourraient même mettre en question son positionnement dans la série.