Sleeping Dogs
7.1
Sleeping Dogs

Jeu de United Front Games et Square Enix (2012PlayStation 3)

Lorsque les chiens dorment, les Chinois dansent.

Je pars toujours avec de l'appréhension quand je commence un jeu défini comme un GTA-like. Vous l'aurez peut-être remarqué, je ne suis absolument pas fan de la série qui donne son nom au genre, mes notes des opus allant de 4 à 6. Je les classe ainsi en deux catégories : les "vrais" GTA qui sont à 5, rigolos pendant quelques heures puis vite répétitifs à mon goût, les "sous-GTA" qui sont à 4, avec les mêmes défauts en plus de ne pas rajouter grand chose aux autres opus. Et puis il y a GTA IV qui a un point de plus que les autres parce qu'il est putain de beau et que sa physique est géniale. Bref, on est là pour parler de Sleeping Dogs, jeu que je pensais ne pas vraiment aimer mais que j'ai au final beaucoup aimé. Comme quoi. Mais il y a plusieurs raisons à cela. Tout d'abord, je pense qu'il est important de rappeler toutes les influences de Sleeping Dogs car elles sont nombreuses.

Il y a Grand Theft Auto, bien évidemment. A celui-ci il emprunte le genre même, le fait de balancer le joueur dans une ville où il peut faire à peu près tout ce qu'il veut tout en le mettant au contrôle d'un personnage étant en général un criminel. Ici, le joueur dirige Wei Shen, un agent infiltré dans les Triades de la ville d'Hong-Kong. Je parlerai plus tard des différences avec GTA, parlons plutôt de ce qu'il lui emprunte. Et je ne sais pas si ça vient du fait que j'aime pas la série initiale, sûrement, mais le côté GTA de Sleeping Dogs est ce que j'ai le moins aimé. Je parle bien évidemment du fait de se promener en ville, de tabasser tous les Chinois qui vous tombent sous la main, de fuir la police et de tirer sur tout ce qui bouge. Le jeu de Untied Front Games n'est clairement pas tourné vers les armes à feu, celles-ci sont d'ailleurs imprécises au possible et le jeu manque clairement d'un système de localisation des dégâts ou de quelque chose dans le genre : un flic peut parfois résister à quarante balles tandis qu'un autre peut mourir d'une seule ou qu'une voiture peut exploser d'un tir sur un des pneus. De ce fait, il n'y a pas vraiment moyen de foutre énormément de bordel vu que la police va rapidement venir à bout de vous et vos pauvres armes pas très précises, n'hésitant pas à tuer leurs collègues ou des civils pris en otage pour ça. Et évidemment, le plus grand défaut de GTA est là : c'est répétitif comme pas possible et on a vite fait le tour du massacre de Chinois en masse.

Il y a aussi du Just Cause (je n'ai joué qu'au second mais je suppose que c'est à peu près pareil dans le premier) dans Sleeping Dogs, notamment au niveau de la conduite. Celle-ci est arcade au possible et, surtout, plutôt jouissive ce qui est assez paradoxal avec ce que je disais juste au-dessus en fin de compte. Certains des véhicules (limités à du terrestre et du maritime, malheureusement) peuvent atteindre des vitesses totalement folles et, si on ne dispose ici d'aucun parachute, il y a quand même des moyens bien classes de faire joujou avec ces bêtes de course. Lorsqu'on en saute, on peut ainsi déclencher un classique mais pas moins efficace ralenti qui permet de faire péter la voiture tout en y survivant, un tir aléatoirement placé pouvant en effet permettre l'explosion du véhicule. Mais il y a aussi possibilité de sauter sur un autre véhicule en pleine course, et c'est là qu'on ressent l'inspiration Just Cause, et d'en prendre le contrôle ou encore d'utiliser une sorte de tacle consistant à percuter les autres véhicules pour les envoyer dans le décor (ce qui rend extrêmement simple les courses-poursuites mais reste particulièrement jouissif).

Et puis il y a du Yakuza et du Batman Arkham Asylum/City dans Sleeping Dogs, et c'est là que repose la réelle force du jeu. La grande majorité des combats et des missions du jeu se composent de corps à corps, et non de fusillades (ce qui est beaucoup moins vrai sur la fin du jeu, certes). Le système de combat est tout simplement brillantissime : le héros du jeu pratique une sorte de Kung Fu (dont on peut aller apprendre de nouvelles techniques à la salle d'entraînement) et il le pratique bien. Le jeu adopte ainsi un système de contres et de désarmement similaire aux jeux cités au-dessus, permettant de se défendre efficacement et avec classe. Il y a aussi beaucoup d'interactions avec l'environnement pour encore plus de classe, que ce soit balancer un ennemi à la poubelle, dans un four ou d'une certaine hauteur, cogner un ennemi contre un mur, les empaler sur des pics ou encore leur mettre le visage sur une scie.

Enfin, il y a un héritage de films et de classiques chinois dans Sleeping Dogs. Le scénario du jeu est lui-même classique, donnant une impression de déjà-vu un peu dérangeante parfois. Un agent infiltré au coeur des Triades et de leurs guerres qui va s'impliquer émotionnellement, ce n'est pas vraiment ce que l'on peut appeler de l'originalité, vous en conviendrez. Mais Sleeping Dogs ne fait pas qu'utiliser un classique comme scénario, il l'enroule dans une narration sublime qui va permettre une totale immersion dans le jeu au point de partager les sentiments de l'agent Shen par moment. Le tout est bien évidemment emballé dans la ville d'Hong-Kong, splendide de toutes parts.

Parce que oui, Sleeping Dogs ce n'est pas le simple mélange d'éléments ayant fait le succès d'autres jeux. Les Canadiens de United Front Games ont su mixer tous ces éléments dans un jeu unique et disposant de son propre charme, de ses propres qualités mais aussi d'une multitude de défauts. Ainsi, le jeu est répétitif (que ce soit en y jouant à la GTA ou dans les missions, suivant presque toujours le même schéma), buggé, pas spécialement beau techniquement parlant, pas vraiment original au niveau du scénario avec des personnages pas non plus super attachants ou encore raté pour tout ce qui est arme à feu, comme dit au début de cette critique. Mais tout cela est comblé par ses énormes points forts : son système de combat à la main qui vaut le coup d'acheter le jeu à lui tout seul, l'environnement magnifique, la narration superbe et la bande-son variée (forcément, avec les diverses radios que contient le jeu) et permettant de bonnes découvertes.

Sleeping Dogs est la preuve même qu'un GTA-like n'est pas forcément aussi mauvais que la série qui donne son nom au genre et même qu'il peut-être excellent.

Créée

le 25 févr. 2013

Critique lue 510 fois

3 j'aime

Ripper-

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