Sonic Lost World
5.7
Sonic Lost World

Jeu de Sonic Team, Sega et Nintendo (2013Wii U)

Dès la présentation de son premier trailer de gameplay, Sonic Lost World a immédiatement été comparé à Super Mario Galaxy pour ses phases en 3D libre mettant l’accent sur la rotation des décors autour d’un axe. Un héritage non-officiel très lourd à gérer dès le départ. Pétri d’ambitions et de bonnes intentions, Sonic Lost World portait donc sur ses frêles épaules des espoirs immenses. Alors, l’étoffe du héros… ou lost in translation ?

Ce qui frappe immédiatement, c’est d’abord la réalisation irréprochable des niveaux en 3D libre. Non pas qu’il y ait une débauche d’effets visuels… mais l’ensemble est fluide, ultra-propre et retranscrit à merveille l’univers coloré pop de Sonic tel qu’on l’a connu sur Megadrive. Et oui, notamment sur les niveaux de Tropical Coast, il y a aussi un air de Super Mario Galaxy (rappelant l’Ile flottante ou la Plage saladier). La Sonic Team a vraiment fait du bon boulot de ce côté. Autre bonne surprise, la bande-son du jeu est excellente avec des thèmes variés et de qualité. On n’en dira pas autant en revanche des niveaux 2D qui sont beaucoup plus génériques graphiquement parlant (rappelant un peu le remake de Klonoa sur Wii).

Ceci dit, c’est faire un assez mauvais procès à Sonic Lost World que de le comparer frontalement à Super Mario Galaxy tant la structure du jeu est différente (elle s’apparente plus à celle d’un New Super Mario Bros.) et présente un véritable patchwork de niveaux et de gameplays différents : des niveaux en 3D libre pour laisser court à l’exploration (même si ça reste globalement très couloirisé), des niveaux sur rails, des « toboggans » en 3D, des niveaux 2D classiques… plusieurs phases pouvant au demeurant alterner au cours d’un même niveau. Mais là encore, les passages en 2D sont globalement un ton en-dessous et vite oubliés (avec souvent un gros manque de rythme par rapport à certains niveaux 3D). La variété est en tout état de cause au rendez-vous. Qui plus est, le jeu est finalement beaucoup plus difficile que son modèle inavoué. Si les deux premiers mondes un peu fadasses (Windy Hill et Desert Ruins) sont vite expédiés laissent présager le pire pour la durée de vie (il n’y a que 7 mondes principaux pour un total de 28 niveaux), les 5 suivants (Tropical Coast, Frozen Factory, Silent Forest, Sky Road et Lava Mountain) deviennent vite beaucoup plus retors avec souvent du die and retry à l’ancienne. Si les checkpoints sont heureusement assez nombreux, le jeu utilise au demeurant un système de vies à l’ancienne et autant dire que les 5 vies octroyées à chaque début de partie vont vite partir en fumée sur certains niveaux. Et si le compteur tombe à zéro, pas d’échappatoire possible, il faut recommencer tout le niveau. À l’ancienne ! Et quand on sait que les niveaux n’ont pas forcément été bien découpés (certains ont un timer qui monte jusqu’à 900 secondes, soit 15 minutes… même si avec l’habitude on peut les parcourir en 5 minutes comme la zone 4 de Sky Road), on apprendra vite à ne pas gaspiller ses vies en chemin. Rien de plus frustrant que d’arriver au boss sans aucune vie au compteur et de devoir tout recommencer à cause d’un apprentissage difficile (les joueurs des platformers des années 90 sauront de quoi je parle).

Venons-en maintenant au point qui fera débat : la maniabilité. Autant le dire tout de suite, quelques rares passages sont vraiment à la limite de l’injouable. La palme revient notamment aux passages où Sonic est transformé en « phénix rouge » utilisant le gyroscope du Gamepad : si tourner à gauche ou à droite est relativement simple, la gestion de l’altitude est catastrophique et pourra vous faire perdre quelques vies en crashant votre volatile dans le vide de manière inexplicable. Mais les quelques niveaux aériens à défilement horizontal (façon niveaux de shoot de Rayman Origins) défient également l’entendement : vous en mettrez du temps avant de comprendre que pour aller vers le bas de l’écran, il faut en fait plaquer le stick vers le haut pour faire rebondir Sonic sur une paroi invisible et tapoter ensuite sur B pour descendre progressivement ! Hors ces deux cas bien identifiés, la maniabilité est loin d’être désastreuse, comme on a pu le lire ici ou là. Il faudra en revanche bien apprivoiser les nombreuses actions à disposition (marche/course, verrouillage des ennemis, coup de pied aérien, coup de boule pilon, coups chargés, course sur les parois verticales… sans compter les pouvoirs spéciaux associés aux couleurs). Ce n’est ainsi souvent qu’à un second run (pour les niveaux 3D) qu’on commencera parfaitement à maîtriser les subtilités du gameplay pour tirer parti du level design. Non, en fait, le vrai reproche vient surtout de certains passages peu intuitifs, le jeu étant plutôt avare en indications. Tantôt ce sera une sortie récalcitrante à trouver dans une zone de Frozen Factory, tantôt ce sera un boss (Zavok le roi du chaos dans la zone 4 de Sky Road) pas évident à envoyer ad patres (la combo coup de pied / saut pilon fonctionnant durant toute la bataille… mais étrangement pas pour le finir et le précipiter dans le vide où un coup de boule chargé sera inexplicablement nécessaire). Non pas que je sois pour les jeux pour assistés… mais ça manque parfois de logique et/ou d’explications. Bref, il faudra expérimenter et tâtonner à l’ancienne.

Au final, Sonic Lost World est loin de faire injure à la saga et n’est pas le calisson fumant déposé par la Sonic Team dans le jardin clairsemé de la Wii U. S’il est certes loin d’égaler le modèle auquel tout le monde l’a immédiatement -à tort- comparé, Sonic Lost World est un platformer à la réalisation irréprochable offrant un patchwork sympathique (mais inégal) de gameplays et de situations. Compte tenu de son challenge tout à fait honnête, vous en aurez au demeurant pour votre argent avec une bonne dizaine d’heures pour voir le bout de Lava Mountain. Il est en fait surtout regrettable que le jeu soit plombé par quelques rares séquences vraiment pénibles à jouer et par un gameplay pas toujours intuitif. Mais si vous passez outre (et que vous supportez le character design hideux des Effroyables Six et l’ambiance dessin animé américain du samedi matin des cutscenes), vous passerez un bon moment avec ce sympathique platformer pétri d’ambitions et offrant quelques trouvailles amusantes. Sonic Lost World a sans doute eu les yeux plus gros que le ventre, mais il mérite au moins les encouragements du jury.
marchiavel
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le 31 oct. 2013

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