South of Midnight est le dernier né de Compulsion Games, le studio à l’origine de Contrast et We Happy Few. Jeu relativement court (un peu moins de 15h de jeu) d'action aventure, il situe son action dans le folklore du sud des États-Unis, en Louisiane probablement. On y incarne Hazel, une jeune femme partie à la recherche de sa mère, emportée par la rivière lors d’une inondation. Sur sa route, Hazel découvre qu’elle est une tisseuse, capable de retisser les liens défaits entre les gens et de guérir les blessures intérieures, au sens propre comme au figuré.


Je suis un peu chagrinée de ne pas être montée au-delà de 7/10. Le jeu a d'énormes atout et une vraie force sur plein d'aspects, mais sur un des points centraux que constitue un bon jeu-vidéo il s'ébranle un peu...


Le charme du jeu réside avant tout dans sa direction artistique, sa musique et son histoire. Ces trois éléments suffisent à le rendre inoubliable.

L’immersion dans le folklore américain se fait comme dans un conte : on se laisse porter par les décors, la douceur du rythme et la bienveillance des personnages. L’animation « en step » donne à l’univers un aspect de poupée articulée, accentuant cette impression de fable animée.

(Pour ceux qui ne connaissent pas : une animation “en step” comporte moins d’images par seconde qu’une animation “en spline”, qui en contient les 24 habituelles.)

La musique, d’inspiration Nouvelle-Orléans, est une véritable merveille. Même une fois le jeu terminé, je me surprends encore à l’écouter en boucle. C’est, sans exagérer, l’une des plus belles bandes-son que j’aie entendues depuis longtemps (avec la notable exception de Clair Obscur sorti récemment aussi).

La direction artistique porte bien la thématique du jeu. La mère de Hazel est assistante sociale, entièrement dévouée à son travail, au grand désarroi de sa fille, qui n’a jamais compris pourquoi elle sacrifiait tant de sa vie personnelle pour les autres.

Dans sa quête, Hazel rencontre une série de personnages brisés par le passé. Elle doit les aider à renouer avec la réalité, à apaiser leur colère et à reprendre le fil de leur vie. “Hurt people hurt people”, comme dit Hazel. Chaque personnage aura sa propre chanson dédiée, avec des paroles parfois déchirantes sur ce qui les empêchent de trouver la paix. À travers ces voix, c’est toute une région blessée que le jeu fait parler, celle du Sud pauvre et oublié des États-Unis. Peu à peu, Hazel comprend sa mère, et se rapproche d’elle en devenant à son tour tisseuse d’âmes.


Je mettrais toutefois un bémol : si la thématique sociale est bien présente, elle reste parfois un peu superficielle. Hazel panse les plaies, mais ne questionne jamais ce qui les cause. Le jeu soigne les blessures sans interroger le système qui les produit. On aurait aimé un élan plus politique, un souffle révolutionnaire à la hauteur de la douleur qu’il met en scène.



Là où le fil se casse : le gameplay. Tellement dommage que ça soit le point négatif dans un jeu-vidéo ! C'est un peu le cœur du médium...

Pour commencer, les déplacements manquent de fluidité : un léger temps de latence, des sauts mous, des collisions étranges… Rien de dramatique, mais l’ensemble paraît figé. Les phases de plateforme sont si faciles qu’on s’y ennuie un peu. Heureusement, la beauté des décors compense partiellement cette mollesse : on finit par s’abandonner à la contemplation, mais ce n’est pas tout à fait le rôle d’un gameplay.

Les combats, eux, sont plus problématiques. Trop d’ennemis, une invulnérabilité quasi inexistante, et des arènes qui s’enchaînent sans renouvellement. Il y a bien un petit arbre de compétence, mais il améliore tes attaques et n'en propose pas de nouvelles.

Le résultat : un rythme inégal dans le jeu, parfois frustrant, où la répétition prend le pas sur la découverte. Les boss sont tout de même plus travaillés, donc agréables à jouer, avec la regrettable exception du boss final qui concentre, hélas, tous les défauts des affrontements classiques.


Malgré ces maladresses, South of Midnight reste un jeu à part. Sa poésie visuelle, son sens du rythme narratif et sa musique bouleversante suffisent à en faire une expérience précieuse.

On sent que Compulsion Games cherche encore sa voix après le brouillon intriguant qu’était We Happy Few, ce titre marque un pas en avant.

Hâte de voir leur prochaine curiosité !

Pichi_M
7
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le 6 nov. 2025

Critique lue 11 fois

Pichi_M

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