Il y a des choses sur lesquels South Scrimshaw est assez inattaquable. Sa direction visuelle est sublime, il y a un vrai savoir faire dans les illustrations et on sent que le gars derrière s'est vraiment renseigné sur la biologie marine pour nous pondre ce qu'on a devant les yeux. L'écriture est aussi au rendez-vous, et on est pris de bout-en-bout, accroché à la barre espace ou le clique gauche de la souris, pour savoir ce qui attend notre baleineau à la diapositive suivante.


De quoi traite donc ce visual novel ? On est sur un docufiction qui pastiche les documentaires animaliers qu'on retrouve habituellement sur Arte ou Netflix. Le jeu s'ouvre avec des textes incompréhensibles sur fond bleu et des effets de vieilles cassettes, créant un enrobage qui emprunte à l'analog horror mais sans jamais tomber dedans. En effet on est inconfortable dans South Scrimshaw. Mais cette sensation n'est jamais dù au malaise créé par une ambiance malsaine similaire au Mandela Catalog.


Non, ici, on a peur comme devant n'importe quel documentaire animalier. On suit un enfant qu'on voit grandir dans un environnement hostile et chaque péripéties nous fait vraiment nous demander à quel point le chérubin va s'en sortir indemne.


Évidemment, il y a un twist, et le twist c'est que tout l'écosystème qui nous est présenté est complètement inventé. L'espèce de baleine que l'on va peu à peu découvrir également, puisque l'on va rapidement comprendre que celle-ci a une spécificité et pas des moindres : chaque individu est capable de symbiose et va tout au long de sa vie cultiver sur son derme un jardin d'animaux et de plantes qui le fait à l'arrivée ressembler à une véritable chimère.


South Scrimshaw comme je disais, réussit beaucoup de choses. Et ces accomplissement peuvent se résumer en la capacité à nous immerger de manière si réaliste qu'on s'y croirait dans le quotidien d'un monde qui n'existe pas tout en reprenant à la perfection les codes des émissions que l'on retrouve sur National Geographic. Mais une question se pose :


Pourquoi est-ce un jeu ?


Non parce que l'interactivité est ici quasi inexistante. Juste on fait défiler du texte. Je n'ai rien contre les expériences ludiques plus minimalistes mais même Still Heroes que l'on pourrait également considérer comme un visual novel arrivait à justifier d'appartenir à son média par quelques propositions qu'il n'aurait pas été possible d'amener autrement. Ici, je ne vois rien qui justifie que le "jeu" ne soit pas plutôt une série sur YouTube. Les très rares fois ou cliquer sur un mot nous donne des informations supplémentaires auraient très bien pu être remplacé par un lien en description.


Au contraire, je pense qu'un format plus passif comme le court-métrage aurait bien plus apporté à l'œuvre qui gèrerait ainsi bien mieux son rythme.


M'enfin, j'ai quand même passé un bon moment.

Panineohm
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le 20 avr. 2024

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