Sam Féshier

Marathom Clancy : 3,5/8

Alors qu'Ubi Montréal développe Splinter Cell Double Agent, la maison-mère réclame un jeu de la série phare du studio sur la toute jeune PSP de Sony. Les Canadiens s'y collent donc, et trouvent une pirouette scénaristique amusante.

En effet, on incarne Sam Fisher après les événements de Double Agent… Alors que le jeu est sorti quelques mois plus tôt ! Il s'agit d'une mise en bouche pour le jeu principal, annonçant certains événements-clés (la mort de Sarah et de Lambert) tout en laissant la résolution suffisamment ambiguë pour inciter le joueur à passer à la caisse en fin d'année. Malin.

Au niveau du gameplay, le jeu mélange des missions inédites et d'autres tirées des précédents jeux de la franchise, Double Agent compris. C'est une proposition assez intéressante, puisque malgré le downgrade graphique, on se rend compte de la puissance de la petite console qui parvient à reproduire des environnements et événements déjà vus sur PS2, avec une esthétique faisant beaucoup penser à Pandora Tomorrow.

Toutefois, le jeu souffre énormément sur certains aspects. Le framerate est assez fréquemment en berne, les temps de chargement sont à la limite de l'insoutenable, l'audio est parfois haché, mais surtout, la PSP n'est absolument pas adaptée à ce genre de gameplay.

Le plus gros souci est évidemment l'absence de second stick, qui rend le contrôle de la caméra compliqué (il faut obligatoirement être immobile si on veut la pivoter), ce qui est rédhibitoire dans un jeu d'infiltration. Il n'est ainsi pas rare de se faire repérer par un garde au moment où vous pénétrez dans une pièce, alors que celui-ci est dans un angle mort. C'est très frustrant, même si on finit par prendre le pli. Pour le reste, la série est adaptée très fidèlement et on retrouve les armes et gadgets emblématiques de la licence, une interface toute droit sortie de Chaos Theory, et même le saut mural impossible à placer est là. De plus, on peut sauvegarder la partie à n'importe quel moment, ce qui est indispensable dans un jeu portable, et surtout très appréciable dans cette série qui a tendance à avoir de trop rares checkpoints dans ses niveaux (même si recharger une sauvegarde demande de longs chargements, hélas).

J'ai assez peu de choses à dire sur les missions en elles-mêmes, les nouvelles sont correctes et permettent de découvrir un Sam Fisher jeune, avant les événements du premier jeu. Les missions recyclées sont globalement bien choisies, même si j'aurais apprécié un autre niveau de Splinter Cell 1 que la plate-forme pétrolière, assez courte et peu intéressante malgré sa jolie présentation. Et étrangement, Pandora Tomorrow n'a aucune mission dans le mode scénario, mais se taille la part du lion dans le mode bonus avec pas moins de trois missions (dont deux qui doivent être les plus longues du jeu).

Les missions recyclées sont simplifiées par rapport aux originales, en particulier au niveau du nombre d'ennemis qui est très diminué. Je ne sais pas s'il s'agit d'une contrainte technique ou d'une volonté de game-design pour tenter d'adapter l'action aux commandes assez rigides, mais ça rend le jeu peu intéressant lorsqu'il adapte ces anciennes missions (on se demande pourquoi ne pas ressortir notre copie de Double Agent ou Chaos Theory, si c'est pour faire la même chose en moins bien). D'autant que malgré ses respectables 12 missions, le jeu se boucle en environ 6h, c'est peu pour la licence, surtout si vous passez la moitié de ce temps à recentrer la caméra.

Une dernière chose à noter, c'est que les missions n'ont pas été uniformisées dans leur déroulement. Dans celles adaptées de Pandora Tomorrow par exemple, on retrouve ce système débile où un cadavre laissé à la lumière vous vaudra une pénalité, même s'il n'y a plus aucun PNJ pour le voir, alors qu'aucune autre mission n'a ce système. C'est franchement idiot, et je ne comprends pas pourquoi ils n'ont pas modifié cet élément.

Bref, Splinter Cell Essentials est une curiosité amusante, mais loin d'être essentielle. Il partage en outre des tares avec des épisodes des deux autres séries d'infiltration traitées auparavant : comme Hitman Contracts, il ne s'agit que d'un best-off mêlant anciennes et nouvelles missions avec assez peu d'intérêt au final ; et comme MGS Portable Ops il s'agit d'un épisode PSP pensé pour être canonique mais qui n'apporte pas de pierre significative à l'édifice et qui souffre de la jouabilité de son support.

Tout ce que je risque de retenir du jeu, c'est que mon boîtier est une version de la gamme PSP Essentials, ce qui en fait une essentialception. Merci Ubi et Sony !