C'est un peu long alors je vous ai fait un petit sommaire :


Introduction
I - A propos de choses tout à fait réalistes
1. Quant à la gestion
2. Quant à la baston
II - Du piquier et du brai
1. Du piquier
2. Du brai
III - Comparaison avec "Age of Empires (2)"
1. Des campagnes (militaire et gestion)
2. Construction et manufacture
3. Déconstruction et facture
Conclusion


Alors voilà ça faisait fort longtemps que je cherchais un jeu comme "Age of Empires" (je jouais au 2 et à son expansion). C'est mon jeu préféré. Souvent loué (à juste titre) pour sa richesse, finalement je n'en utilisais qu'une infime partie puisque je choisissais toujours la même chose (comme au mcdo) : carte aléatoire, mode difficile, 2 à 8 ennemis alliés entre eux, destruction totale (je ne sais plus comment ça s'appelle exactement mais le mode où pour gagner tu dois tout raser, tuer tout le monde. Quand je pense qu'il y a un mode "construction de merveille" ! Nan mais y en a vraiment qui font ça !?). Pire, la partie elle-même, ça se déroulait toujours plus ou moins de la même façon : je bourrais mes châteaux d'archers ou d'arbalétriers, je mettais des tours à bombarde partout, le but ultime était que mon château arrive à se défendre sans que j'intervienne (eeet, bon, avec cinquante tours à bombarde, ceux qui connaissent savent que ça marche plutôt bien. C'est affreux, tout le monde crève à une vitesse... Une vraie bouillie.). Je prends rarement autant de plaisir à faire quelque chose dans un jeu vidéo (ça plus mettre une lucarne opposée ou me téléporter à l'intérieur d'un mec dans UT) que quand j'observe mes assaillants se faire décimer par la puissance de ma défense.
Je voulais donc m'adonner à nouveau à ce penchant, qui met au jour une facette étonnante de ma personnalité, mais dans un autre jeu. Je peinais à trouver. Les suites de la licence AoE étaient décevantes : le 3, malgré des unités qui m'attiraient, ne procurait pas les mêmes plaisirs, le "Mythology" ne me plaisait pas du tout.
C'est alors que je suis tombé sur "Stronghold". 2001, ce n'était pas tout récent, comme jeu, mais c'était justement un contemporain d'AoE2, un peu postérieur même. Ça devait être un bon vieux pot, promesse d'une bonne confiture. En plus, pour une bouchée de pain, on pouvait avoir toutes les expansions. Le Père Noël me l'a apporté. J'étais rudement content.


I - De choses tout à fait réalistes
1. Quant à la gestion


"Sire ! Vos vaches sont atteintes d'une étrange maladie !"
Encore ? Ça ne fait jamais que cinq fois en une semaine !...
Maladie de la vache, charançons qui dévastent le houblon, lapins qui ruinent le blé, fléaux, incendies, et j'en passe et des meilleurs, autant d'événements qu'il faudra apprendre à gérer, et qui apportent une touche hautement réaliste. Sauf quand dans la même journée vous avez le droit à trois incendies, deux invasions de lapins et quatre épidémies de peste. Ça fait quand même beaucoup, sur une journée...


 2. Quant à la baston

Il y a également des choses tout à fait réalistes dans le domaine militaire. Un spadassin ou un piquier peut se prendre cinquante flèches dans le buffet sans broncher. Euh oui, ils ont une armure en métal donc ils sont plus résistants que les autres, mais Azincourt, ils connaissent ? Mieux : un soldat armé d'une épée, d'une pique, ou encore d'un gourdin, peut ouvrir une brèche dans votre pan de muraille de dix pieds d'épaisseur.


Puis il y a l'IA, même en mode plus difficile, parfois elle leur fait faire des choses un peu bizarres, à ses soldats. Par exemple, pour prendre mon château, ce qu'il y avait encore de mieux à faire, c'était d'essayer de défoncer la porte d'entrée. C'était ultra dangereux, mais ça avait un sens. Sinon, derrière mon château, il y avait une cabane de bucheron. L'IA a préférée envoyer le gros des troupes (environ 200 hommes) détruire ça. Pour ça, il fallait contourner tout le château, en restant constamment sous son feu, et passer par un champ de chausse-trappes. Ma cabane de bucheron (qui ne me servait à rien) a été détruite. Il restait 2 mecs sur les 200. Ils sont morts deux secondes après.


Mais donc au fond ça ne me gêne pas, ces petites choses pas très réalistes. Il n'y aurait pas de jeu sinon. Et puis a-t-on déjà vu une IA vraiment I ? Et c'est marrant d'exploiter les faiblesses de l'IA. J'ai fait une partie comme ça. Sur une carte il y avait un pont, seule voie d'accès à un bout de falaise, minuscule et stérile, prévu normalement pour une dernière enceinte de résistance. Moi j'ai décidé de m'installer dessus et j'ai fait péter le pont. Bon, au début c'était chaud à gérer parce qu'il n'y a presque rien en possibilités de ressources, mais on peut se débrouiller avec un marché. Le pont disparu, l'ennemi ne savait plus quoi faire. Des hordes de massiers restaient là, au bord de la falaise, à portée de mes arbalétriers. Là où ça a failli se retourner contre moi, c'est que des ponts, on peut en détruire mais on ne peut pas en construire. Et pour gagner il faut éliminer tous les ennemis. Et je ne pouvais plus sortir ! Alors comment faire pour ceux qui étaient hors de portée ? Mais mon esprit malade a trouvé la solution. J'ai fait monter des trébuchets et je leur ai balancé des carcasses de vaches malades. Les nuages de vapeurs toxiques se répandent un peu, et avec de la patience on peut tous les avoir comme ça.


II - Du piquier et du brai
1. Du piquier


Je voudrais maintenant vous rendre service en vous évitant deux des quelques humiliations qui j'ai subies dans la campagne militaire. Je voudrais d'abord vous parler de ces braves petits piquiers que j'ai déjà eu l'occasion de mentionner. Et qui sont d'ailleurs des hallebardiers mais passons.
NE SOUS-ESTIMEZ JAMAIS LES PIQUIERS. Au cours d'une mission, il faut prendre un château, et pour prendre ce château, il faut faire une brèche dans le mur. Derrière le mur il y a des piquiers. Oh, pas beaucoup, une poignée. J'ai ouvert la brèche. J'ai pris large, j'ai envoyé cinquante massiers + cinquante lanciers. On était à 10 contre 1. On s'est fait massacrer. Pas un n'en a réchappé. L'ennemi a peut-être perdu deux, trois hommes. Tous les autres étaient encore dans le vert, fringants.


 2. Du brai

Le brai permet l'accès à un élément de défense horrible : la douve empoisonnée, qu'une simple flèche enflammée fera flamber (et le feu, ça se répand).
MÉFIEZ-VOUS DES DOUVES EMPOISONNÉES. Encore au cours de la campagne, un autre siège. Il ne me restait qu'un mur à escalader et le donjon ennemi était à moi, de l'autre côté de la cour, pas loin, après quelques moulins et des huttes autour desquelles s'affairaient des mères et leurs mouflets. L'ennemi était fait comme un rat. Il ne lui restait qu'un poignée d'archers. De pauvres petits archers ! Ha ! Ha ! Moi j'avais formidablement géré le début de mon assaut : il me restait presque 200 hommes. Hop, les échelles sur le mur et tout le monde y va d'un coup, ça va saigner ! Ils sont maintenant de l'autre côté du mur et s'avancent dans la cour, vers le donjon. Et là TOUT prend feu. Quelques douves judicieusement placées et tout crame. A noter la cruauté de l'IA, qui fait donc cramer ses propres bâtiments et ses propres mouflets. Mais donc aussi tous mes hommes, en seulement dix secondes. Tous mes hommes sauf un. Je n'avais donc plus aucun moyen de gagner mais par vengeance j'ai voulu faire autant de mal que possible à l'ennemi. Je vois un de ses paysans. J'ordonne donc à mon soldat (blessé, certes, mais ça reste un soldat, avec une arme et tout) de mettre à mort ce paysan. Je ne sais pas ce qui s'est passé. Il était en train de cueillir un truc. Je lui ai mis un petit coup. Et là il s'est levé au ralenti et je ne sais pas ce qu'il a fait, mais il tué mon soldat, en un seul coup.


III - Comparaison avec "Age of Empires (2)"
1. Des campagnes (militaire et gestion)


Je dois avouer que je n'ai pas passé beaucoup de temps sur les campagnes d'AoE. Mais elles sont bien foutues et on peut apprendre plein de choses historiques ! Dans "Stronghold", la campagne militaire se passe dans une Grande-Bretagne fictionnelle, en 21 missions très prenantes, et dont certaines donnent beaucoup de fil à retordre ne serait-ce qu'au niveau de difficulté moyen. Disons match nul.
Mais il y a un bonus pour "Stronghold", qui propose également une campagne de gestion, certes courte, mais prenante aussi : faut produire un certain nombre de petits fromages par exemple.


Par contre AoE est imbattable au niveau du jeu libre. Je regrette l'absence d'un vrai jeu libre dans "Stronghold". Heureusement, il y a un éditeur de cartes, mais bon, ce n'est pas pareil...


 2. Construction et manufacture

Là où "Stronghold" l'emporte haut la main, c'est dans la construction de l'édifice défensif. Il y a énormément de possibilités et c'est bien fait, mention spéciale au chemin de ronde : les soldats peuvent vraiment l'arpenter et vous aurez besoin d'un escalier pour y monter ou pour avoir accès à vos tours (pas de téléportation mystérieuse ici, à part pour le corps de garde et le donjon). En plus il y a des éléments réalistes : l'avantage de portée avec la hauteur, les créneaux protègent vraiment, pas de trajectoires de projectiles impossibles, erreurs dans les trajectoires...


Au niveau de la manufacture, c'est également très fouillé. A la différence de nombre de jeux du genre, la plupart du temps, les matières premières ne peuvent pas être utilisées telles quelles. Pour avoir du pain, il faut d'abord cultiver du blé, puis en faire de la farine, et enfin en faire du pain. Pareil pour la bière, les armes...
Tout ça en gardant bien à l'esprit que la main d’œuvre ne s'obtient pas à la demande. Il faudra des conditions favorables pour que les paysans viennent dans votre château (il faut gérer les portions de nourritures accordées, le montant de l'impôt prélevé; il y a aussi des facteurs de peur et de contentement)...


 3. Déconstruction et facture

Au niveau de la déconstruction, on regrettera peut-être qu'elle soit aussi rapide. On a vu plus haut qu'un simple homme d'arme pouvait venir à bout d'un rempart, alors imaginez les dégâts infligés par une catapulte ou un bélier... Ça va très vite.
Et là c'est personnel, mais j'aime bien quand les unités ont des points de vie et des points par coup. A noter qu'ici on ne peut pas les soigner, nos pauvres unités ! Vraiment cruelle, cette IA... Surtout si l'on ajoute les tâches suicides. Parfois l'IA elle place un pauvre type avec son chaudron d'huile bouillante sur un pilier en pierre dont il ne peut aucunement partir. Il est juste là pour verser son petit chaudron, et quand il a fait ça (s'il a eu le temps), il n'a plus rien à faire, il s'assoit (comme il peut, il n'a pas beaucoup de place) et il attend une flèche ou un carreau. Et des fois, pour prendre un château, y a des soldats, c'est sûr que tu les envoies à leur mort (donjon entouré de chausse-trappes). C'est chaud. Ça me fait toujours penser au premier qui montait sur l'échelle, lors des sièges. Est-ce qu'il pouvait vraiment s'en sortir ?


Esthétiquement, bien qu'il soit sorti deux ans après le deuxième opus d'AoE, "Stronghold", même si je trouve qu'il a très bien vieilli, est un poil en dessous. Les graphismes sont légèrement moins jolis, mais franchement pas mal. La bande-son est propre. Par contre le doublage des personnages de la campagne est assez abominable.


En conclusion, "Stronghold" est un excellent jeu de stratégie en temps réel, complexe, riche, bien foutu, qui a peu à envier à mon modèle du genre, si ce n'est au niveau de la diversité des modes de jeu et des unités (une seule "civilisation"). Mais dans ce qu'il propose, il est très, très bon. J'ai hâte de découvrir les suites !
En plus ce jeu est ton ami; il te parle. Quand ça fait trop longtemps que tu joues, il te demande si tu ne voudrais pas faire une pause ou manger quelque chose, ou aller te coucher, s'il est tard.

Dimitricycle
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le 31 janv. 2014

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