Après l’infiltration selon Sam Fisher, à la sauce Agent 47 ou dans la peau d’un assassin luttant contre les templiers, voici l’infiltration verte et pas mûre, qui offre une approche réellement différente.


Dans Styx, le joueur incarne donc un gobelin, infamie selon les humains, esclaves pour les elfes, monstre pour tout le monde. La bestiole d’1m20 est fourbe, agile et possède des dons uniques, grâce à l’Ambre qui coule dans ses veines. Cet Ambre est d’ailleurs le point central du jeu et de son histoire: Styx infiltre une tour géante dans laquelle est enfermée l’Arbre-Monde, source d’ambre infinie, trésor des elfes gardé par les humains. Son but n’est pas forcément très honorable, mais la méthode trouvée est bien étudiée. Styx récupère les plans du Sérail d’Akenash, va libérer un ami pouvant déjouer les pièges des elfes et trouver la clé du sceau inviolable permettant d’accéder la source d’ambre.


Styx: Master of Shadows offre une approche classique, mais est dans le fond bien différent des jeux du genre. Par sa taille et sa petite condition, Styx ne peut rivaliser face à une armée de gardes. Le moindre combat au corps à corps peut devenir mortel, Styx doit parer plusieurs coups adverses avant d’espérer une riposte mortelle, en générale bruyante. S’il est possible d’assassiner discrètement, on passe la majeure partie de son temps à éviter les ennemis, les épargner, à aller du point A au point B avec pour cela plusieurs chemins possibles. Il est d’ailleurs primordial, vu la facilité pour être repéré et le nombre de gardes, de prévoir un plan de fuite pour chaque situation. Contrairement à la plupart des jeux d’infiltration, les ennemis possèdent une bonne vue et réagissent de manière aléatoire à votre vue ou aux bruits venant jusqu’à leurs oreilles. Le garde pourra réagir en fouillant les alentours, ou en appelant ses collègues, ou en ne faisant rien, par flemme. Ces réactions aléatoires pimentent ces phases de discrétion et procurent de la frustration, mais légère et supportable.



Styx m’attise



Ce n’est pas le cas des phases de grimpette, complètement ratées. La caméra ne se place pas toujours judicieusement, malgré un zoom arrière plutôt bien pensé, la gestion des sauts s’avère catastrophique, à se tirer les cheveux après plusieurs tentatives échouées. On ne sait pas avant chaque saut si la distance va suffire ou pas et si Styx va parvenir à s’accrocher à la prochaine corniche ou non. Les éléments muraux permettant de s’y accrocher sont difficilement repérables, il est impossible de passer l’angle d’une corniche en y étant accroché, il faut monter dessus et redescendre à côté. Avouez que cela peut ruiner une immersion. Ces quelques défauts s’oublient rapidement face aux multiples possibilités faites par les développeurs pour accomplir une mission. La verticalité des niveaux permet d’envisager plusieurs passages pour atteindre son objectif. Les zones sont vastes, comportent des cachettes, des raccourcis et tout un tas de possibilité pour dégager le passage sans utiliser sa lame.


Styx peut cracher dans la nourriture ou dans l’eau pour l’empoisonner, il peut faire tomber une caisse de marchandises d’une grue sur la patrouille juste au-dessous ou éteindre les torches murales, chacune de ces actions entraînant une diversion permettant de se faufiler. En plus de ces astuces, le gobelin possède des dons plutôt utiles et à utiliser avec modération pour se jouer des adversaires. En consommant son ambre, la mana du gobelin, Styx peut devenir invisible pendant quelques secondes, voir plus facilement ennemis et interactions possibles ou encore créer un clone capable d’ouvrir des portes, d’attirer l’ennemi plus loin ou de lui sauter dessus pendant que Styx passe en douce ou vient lui trancher la gorge. Ce dernier pourra améliorer ses compétences en furtivité, en clonage, en agilité ou dans son équipement, pouvant transporter davantage de fioles ou de couteaux de lancer. Styx pourra dépenser ses points de compétences entre chaque mission à sa planque dans les égouts, des missions qu’il pourra recommencer à volonté pour parfaire son score, trouver la relique secrète, ne pas se faire repérer ou en ne tuant personne. Hormis la jouabilité souvent hasardeuse, on se prend au jeu de l’infiltration, on passe par de jolis endroits une fois le premier niveau passé, on écoute les savoureux échanges entre les gardes et on se réjouit de la petite taille du héros, renforçant la discrétion. Le jeu ne met pas longtemps à se terminer mais ne se moque pas du joueur, il offre une bonne rejouabilité malgré sa facilité, c’est ce qu’on lui demande.


Avec une jouabilité maîtrisée et réussie, Styx aurait sûrement été l’un des meilleurs jeux d’infiltration sortis ces derniers temps. Son immersion est réussie, son univers est prenant, l’histoire est pleine d’humour et originale et le level design correspond parfaitement à ce type de jeu. Un héros bien trouvé pour une expérience de jeu très divertissante une fois les quelques défauts mis de côté.

RobinBeaugendre
7
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le 17 juin 2016

Critique lue 239 fois

Robin Masters

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