NARRATION
Histoire : ★★☆☆☆
Le croiseur interstellaire Aurora vient de s’écraser sur la planète océanique et inhospitalière 4546B… Seul rescapé du crash : nous. D’abord préoccupé par notre seule survie, nous devrons vite apprendre à maîtriser notre environnement sous-marin avant d’espérer pouvoir le quitter. Mais comment le réacteur de l’Aurora a-t-il bien pu être touché alors-même que sa coque paraît impénétrable ? L’accident est-il lié à une présence extraterrestre à la surface ? Ou bien est-ce en rapport avec cette mystérieuse entité qui semble nous contacter depuis les abysses, nous urgeant incessamment de la rejoindre… ?
Personnages : ★☆☆☆☆
Vous l’aurez compris, Subnautica est avant tout un jeu d’exploration en solitaire : aucun dialogue à l’horizon donc (sans compter les remarques acerbes de notre PDA, ainsi qu’une certaine rencontre tardive…), d’autant plus que notre avatar restera muet tout au long de l’aventure. Le stand-alone Below Zero aura bien tenté de remédier à ce manque en y ajoutant des personnalités plus marquées, mais sans réellement parvenir à la hauteur de ses ambitions ; après tout, difficile de concilier survie sous-marine et personnages charismatiques…
Univers : ★★★★☆
S’il ne faudra pas compter sur sa mise en scène pour s’impliquer dans son histoire (malgré quelques évènements venant ponctuer l'aventure : l’explosion de l’Aurora, l’arrivée du Sunbeam, etc…), le lore de Subnautica participe à rendre son univers intéressant. Le jeu a par exemple l’excellente idée de distiller des messages radio qui aiguilleront le joueur sur l’emplacement de capsules de survie, lesquelles nous renseigneront sur le sort des naufragés de l’Aurora. Quant à l’écosystème, il est superbement conçu et varié : il sera d’ailleurs possible d’étudier l’ensemble de la faune et la flore des fonds marins afin d’archiver nos connaissances dans notre PDA. Et c’est sans compter les mystères qui émaillent sa trame principale et qui semblent manifestement liés à une ancienne civilisation extraterrestre… mais pour s’en assurer, il faudra s’aventurer dans les profondeurs terrifiantes de l’océan…
JEU
Game Design : ★★★★★
Au sujet de son game design, il s’agit-là d’un gros morceau du titre ; après une décennie de jeux de survie initiée par Minecraft, Subnautica parvient tout de même à proposer une expérience originale et maîtrisée de bout en bout, certes bâtie sur des mécaniques propres au genre (gestion de la faim, récolte de matériaux, crafting, construction de bases…), mais aussi en transposant le tout dans un contexte jusqu’alors inédit : la survie sous-marine. L’exploration s’effectuera alors dans tous les sens, sur un plan horizontal mais surtout vertical, puisqu’il sera souvent demandé de plonger toujours plus profond pour débloquer des plans de fabrication ou pour trouver des ressources toujours plus rares. La boucle de gameplay sera ainsi constamment renouvelée et captivante : en acquérant des nouveaux objets, on se facilitera la vie pour gérer notre oxygène, notre soif ou notre faim, ce qui nous permettra d’aller encore plus loin en construisant (carrément) des sous-marins pour récolter encore plus de matériaux, puis pour débloquer des améliorations encore plus performantes, et ainsi de suite… En une trentaine d’heures, on va ainsi de surprise en surprise en découvrant toute la profondeur – dans tous les sens du terme – de l’expérience Subnautica. Seul petit frein à la progression, qui pourra d'ailleurs en rebuter certains : le jeu est très (trop ?) peu dirigiste, et il arrive parfois de s’y perdre sans jeter un coup d’œil à une soluce…
Gameplay : ★★★☆☆
Du point de vue du gameplay, celui-ci reste basique mais parfaitement fonctionnel : là où les sections aquatiques sont généralement un calvaire dans les jeux vidéo, Subnautica s’en sort très bien dans sa maniabilité en trois dimensions, tant aux commandes de l'avatar que des véhicules à sa disposition. Seuls les segments terrestres sont un peu moins réussis, mais ils ne représentent qu’une portion minime de l’aventure, tout en apportant un peu de diversité à l’exploration.
Level Design : ★★★★☆
Le terrain de jeu est subdivisé en plusieurs biomes ayant chacun leur écosystème, leurs propres dangers et leurs ressources disponibles, mais aussi parsemés de nombreuses grottes donnant accès à des matériaux encore plus précieux : la connaissance du monde ouvert restera donc primordiale, et il sera souvent nécessaire de se repérer grâce à sa boussole ou par rapport à la carcasse de l’Aurora (à ne pas approcher trop prématurément cependant, pour cause de radiations et de menaces plus… directes…). Mais là où Subnautica surprend après une quinzaine d'heures passées, c’est qu’une fois son environnement maîtrisé en surface, il faudra maintenant s’aventurer dans les profondeurs oppressantes de l’océan… Bref, un world design solide et complet.
PERSONNALITÉ
Direction artistique : ★★★☆☆
En plus de proposer de nombreux défis, les différents biomes bénéficient chacun d’une identité visuelle marquée : récifs coraliens, forêts de varechs ou de champignons, plateaux d'herbes rougeâtres, abîmes lugubres… En étalant leurs couleurs chatoyantes de jour, les algues et la faune révéleront leurs capacités bioluminescentes la nuit, rappelant parfois les décors du film Avatar ; quant au design des créatures, il est très inspiré, à l’image des majestueux Reefbacks ou de l’effrayant Faucheur Léviathan... Petit malus sur la technique toutefois, du moins sur console : quelques bugs importants sont encore à noter (freezes, crashes, bugs de collisions…), et le clipping de la map peut parfois s'avérer assez violent…
Ambiance : ★★★★★
Outre ses mécaniques de jeu, un second point aura marqué tant de joueurs de Subnautica : son aspect immersif. L'expérience a aujourd’hui la réputation d’être l’une des plus terrifiantes qui soit, notamment en nous mettant face à nos peurs les plus primaires, en particulier celle de ce qui se cache dans les fonds marins… Et même sans être particulièrement thalassophobe, on ne peut que reconnaître l’excellence du sound design et de l’atmosphère retransmise par le jeu : le grondement des créatures aura plus d'une fois l'occasion de nous donner la chair de poule, sans compter qu’il sera souvent difficile de distinguer l’origine de la menace, dans les eaux saumâtres de la Zone du crash ou dans l’obscurité totale d’une expédition nocturne…
Musiques : ★★★★☆
De très bonnes musiques d’ambiance, couplées à des sonorités électroniques (Salutations, Into the Unknown, Tropical Eden…) ou des chants mystiques (Shadow of the Reefback, Crash Site…). Petite mention à l'alarme-incendie dubstep du Cyclops (Abandon Ship), qui aura de quoi nous réveiller et nous motiver à éteindre ses flammes !
Après trois années passé en early access, Subnautica sortait en 2018 en combinant un game design maîtrisé à une ambiance sous-marine envoûtante et oppressante. Au contraire de nombre de jeux de survie, l’aventure n’en négligeait pas pour autant sa narration, en proposant un fil rouge secondaire mais néanmoins satisfaisant dans sa conclusion. Mais Subnautica, c'était aussi des mécaniques de crafting et de construction sans cesse renouvelées au cours d'une trentaine d'heures de jeu, et ce au sein d’un univers océanique parsemé de mystères. Une immersion sous-marine passionnante, pour l’un des grands jeux d'exploration de ces cinq dernières années !