Super Mario Odyssey
7.8
Super Mario Odyssey

Jeu de Nintendo EPD et Nintendo (2017Nintendo Switch)

Super Mario Odyssey, un drôle de jeu. D'abord annoncé par Nintendo comme suivant officiellement la lignée des Mario non-linéaires lancée par Super Mario 64 et Super Mario Sunshine, le jeu s'annonçait déjà comme un indispensable dans le catalogue de la Switch rien qu'à la vue des trailers, qui promettaient une grande aventure et des nouvelles mécaniques de gameplay. Super Mario Odyssey tient-il ses promesses ?


Le jeu commence sur une courte cinématique, introduisant rapidement l'histoire du jeu. Rien d'original là-dedans excepté que Bowser semble avoir cette fois un vrai avantage devant Mario.
Après cela, on est directement dans la première zone du jeu, qui nous montre clairement que ce Mario ne sera pas comme les autres. On est frappé par l'ambiance très particulière du monde, et surtout, par les détails qui sont apportés dans la direction artistique du jeu.
Rien qu'à la première zone, tout part d'une certaine cohérence, que l'on retrouve dans le thème du niveau ; les chapeaux. Les grenouilles ont des chapeaux, les oiseaux en ont, et même les structures sont en forme de chapeaux. C'est ce qui permettra au joueur de reconnaître les endroits intéressants ; quand quelque chose n'est pas à sa place, c'est qu'il vaut mieux aller y jeter un coup d’œil.
On retrouve des détails sur Mario lui-même, avec des stries sur sa moustache et les coutures visibles sur ses vêtements. Ce n'est pas grand chose, mais cela aide à rendre l'univers plus cohérent et plus attachant.


Parlons justement de cet univers. On retrouve 14 royaumes répartis sur le globe + quelques autres post-game (je reviendrai d'ailleurs sur le post-game un peu plus tard). Il est intéressant de voir que les différents mondes du jeu apportent en général 2 thèmes qui coexistent ensemble. Par exemple dans le monde de la forêt, le thème de la nature est contrasté par la technologie ; les robots, les structures métalliques et le dôme transparent qui entoure le royaume. Pour autant de beaux mondes l'ajout d'un mode photo et ses filtres est une très bonne idée, et permet de bons moments d'échange entre les joueurs. On reprochait aux jeux Mario de ne pas se renouveler, alors c'est une bonne chose qu'Odyssey offre autant de niveaux originaux et différents. Du fait de leur incroyable variété, on y voit à la fois la force mais également la faiblesse d'Odyssey dans son contenu.
En effet, ces royaumes sont tellement différents en matière de qualité qu'on croirait que chacun a été conçu par une équipe différente. Alors qu'on retrouve des mondes incroyablement denses et intéressants (comme le royaume de la forêt ou New Donk City) on a également affaire à quelques royaumes qui ne servent qu'au contexte scénaristique du jeu et n'apporte, au mieux, qu'une grosse surprise au joueur. Le jeu souffre tout au long de cette inégalité ; on passe constamment d'un état de satisfaction et de bonheur à un état de déception.
Le fait que ces royaumes soient listés sur la map au même titre que les autres laisse un goût un peu amer en bouche. Je me suis retrouvé très inquiet du contenu du jeu en voyant ces royaumes peu à peu remplir la carte du jeu qui ne tient que sur un écran, dérangeant par rapport à tous les autres Mario où les mondes sont plus dispersés, par exemple dans les Galaxy qui tiennent sur plusieurs mondes. Je peux voir ici la volonté de Nintendo à compacter le contenu pour qu'il soit accessible et jouable le plus vite possible sans perte de temps, à l'opposé par exemple d'un hub world à la Mario 64 qui aurait demandé du temps et la connaissance de l'emplacement des niveaux.


A la place, le jeu propose l'Odyssey, un petit vaisseau rouge en forme de chapeau, qui navigue dans le monde avec aisance, à condition d'avoir un nombre suffisant de lunes. Sans être un mauvais ajout, l'Odyssey paraît quelque peu superficiel et forcé au jeu pour faire ressentir au joueur la sensation de voyage ; il se résume à cliquer sur le royaume, et à regarder une cutscene du vaisseau qui décolle et vole dans les nuages en guise d'écran de chargement. Même Mario lui-même n'est pas aux commandes, le concept du voyage qui devait accompagner le jeu n'est donc poussé qu'au minimum ici, et ne sert de prétexte qu'à l'histoire. Le vaisseau lui-même ne propose que peu de contenu : il se résume au final qu'à une collection de souvenirs de vos voyages, qui n'apportent rien d'autre que des effets esthétiques.
Dans le vaisseau vous pourrez également changer vos nombreuses tenues, qui sont vendues dans les magasins "Crazy Cap" présents dans chaque royaume. Ces tenues sont pour la plupart des références subtiles aux jeux Mario précédents et bien qu'étant dispensables, elles font office d'une bonne source d'encouragement à la recherche de pièces, et notamment des pièces violettes exclusives à chaque royaume et présentes en nombre limité.
Car oui ici l'exploration est clé. La structure linéaire apportée par les Galaxy ou les "3D" est complètement mise de côté au profit d'un level design ouvert et souvent construit en verticalité afin de ne pas délaisser le gameplay plate-formes. Vous allez devoir ici collecter des lunes, qui ne termineront plus le niveau à la manière des anciens Mario mais qui permettront d'aller plus loin dans le jeu. S'il existe des lunes dans des sous-zones du royaume (généralement 2, une cachée et une à la fin de la zone) il en existe également qui sont répartis dans des endroits évidents, à la vue du joueur, ou à l'inverse des lunes très répétitives, comme lorsqu'il faut regarder le ciel à travers des jumelles pour chercher un objet volant. Et ne comptons pas le nombre de lunes cachées dans le sol qui nécessitent le "ground pound" de Mario. L'idée est là de récompenser constamment le joueur tout en augmentant la durée de vie et éventuellement grossir le 100%. J'aime comparer Super Mario Odyssey à Banjo-Kazooie car essentiellement, cette idée d'objets cachés est la même, mais dans Banjo-Kazooie, les pièces de puzzle récompensaient toujours un platforming précis ou la réflexion du joueur, et le challenge continuait même après la trouvaille de ces pièces. Dans Mario Odyssey, les lunes récompensent bien trop souvent pour pas grand chose, et une fois récoltées, il suffit de repartir au vaisseau et à explorer le royaume suivant.


Je comparais tout à l'heure le jeu aux opus Galaxy. Ce qui nous amène ici à la meilleure partie : le gameplay. Dans Galaxy, Mario n'avait presque aucune souplesse dans les mouvements et sa palette de sauts avait subie une réduction énorme par rapport à Mario 64. Ne parlons même pas de 3D World, où le gameplay avait été encore plus simplifié et où le saut de base était suffisant pour accomplir n'importe quelle tâche.
Et, ouf, dans Super Mario Odyssey, Nintendo semble enfin avoir compris comment rendre le gameplay agréable aux nouveaux joueurs sans faire grincer des dents les plus expérimentés. Mario est extrêmement fun à contrôler, et ses mouvements plus divers et précis que jamais. Dive, Ground Pound, Long Jump, Triple Jump et j'en passe ; tout est là. Et je n'ai pas parlé de la formidable addition de Cappy, le nouveau compagnon de Mario. En le lançant, le joueur peut rebondir dessus, ce qui permet tout un enchaînement de sauts complexe, qui permettra de franchir de très longues ou hautes distances et ainsi de passer plusieurs parties du niveau qui paraissent linéaires et obligatoires à première vue, du jamais vu dans un Mario auparavant. En réalité, le seul mouvement qui n'apporte rien est le spin jump, qui accomplit la même hauteur qu'un saut de base. L'ajout de la Capture est également un élément clé de ce nouvel opus, c'est-à-dire prendre le contrôle d'ennemis ou d'objets en leur lançant son chapeau dessus. Mon seul problème avec cet ajout est que je le trouve quelque peu sous-exploité, avec une liste assez pauvre de captures, où même les objets qui ne servent qu'à résoudre un seul puzzle sont comptés. Le plus étrange est probablement le cas des boss, qui auraient pu être de formidables moments avec la Capture. Au lieu de ça, on retrouve peut être un seul ou deux boss où elle est utilisée correctement. Ne parlons même pas des Broodals, les nouveaux sbires de Bowser, dont les combats sont répétés à plusieurs reprises sans vraie hausse de difficulté.
Une autre chose à préciser sur le gameplay puisque cela semble cher à Nintendo. Le motion-control. Evidemment la Switch étant portable, ils ne sont utilisables qu'en mode TV ou Tabletop, il fallait donc qu'ils aient suffisamment d'intérêt sans nuire au gameplay classique. Heureusement ici il n'est essentiellement pas trop mis en avant : sa plus grande utilité est de rediriger Cappy après un lancer, afin d'éliminer ou de contrôler un ennemi que l'on a raté ; il est également plus facile d'effectuer les lancers vers le haut ou le bas. Le jeu aura toutefois la manie agaçante de vous inciter à jouer de cette manière chaque fois que vous le lancerez ; il semble que Nintendo voulait vraiment faire de ce style la configuration principale du jeu.



Je vais à présent parler de la fin et du post-game, spoilers donc :



Ce n'est pas une surprise de voir que le dernier niveau se situe sur la lune. Toutefois bien que tout était amené afin de faire monter le suspens et l'excitation du joueur, le royaume s'avère plutôt pauvre en idées par rapport aux autres royaumes et se contente de recycler tout ce qu'a déjà fait le jeu. L'apparence est d'ailleurs très classique et l'esthétique est encore réaliste ; ayant joué à Super Mario Land 2, j'espérais que Nintendo revienne sur une esthétique très "Mario" avec ce niveau (des étoiles avec des visages, des ennemis aliens stéréotypés), c'est-à-dire un monde plutôt enfantin et surréaliste. Compte tenu des surprises qu'apporte le réalisme de certains mondes comme New Donk City, un retour à des décors familiers aurait été lui-même une encore plus grosse surprise. Au lieu de ça, le décor n'est qu'un grand vide spatial, dommage. Le véritable changement est la diminution de la gravité, qui s'avère intéressante et plutôt amusante à jouer avec bien que rendant le jeu un peu lent. Le tout est accompagné d'une musique et d'une ambiance qui évoque beaucoup Galaxy, notamment dans ses premiers moments de découverte. Saluons d'ailleurs la référence aux fragments d'étoiles dont la monnaie du royaume prend la forme.
L'ingrédient clé du royaume repose sur la zone à l'intérieur de la lune, un long niveau qui alterne principalement des phases de captures, ce qui amène de très bons moments (comme le Bullet Bill géant ou l'ennemi qui charge), mais encore une fois les décors (type lave, caverne, etc) ne font pas honneur à l'originalité de cet opus. Le final du niveau est encore plus décevant, avec un boss qui est littéralement le premier que l'on affronte dans le jeu, mais avec une plus grosse durée de vie.
Cette étape amène le joueur jusqu'à l'église, où Mario aura sa confrontation finale avec Bowser.
Ce dernier combat est encore une fois un recyclage des autres combats Bowser, avec une difficulté qui est toutefois nettement plus élevée que les boss précédents.
Mais si le royaume était l'apéritif, le sous-niveau l'entrée et le combat contre Bowser le plat de résistance, c'est le dessert qui vient terminer en beauté le repas. La phase de capture de Bowser qui vient clôturer le jeu est une idée amusante et surprenante qui m'a beaucoup plu. Elle n'est évidemment pas très difficile mais sert de "dernier mot" au jeu et récompense le joueur ; on se sent puissant, comme Bowser devrait l'être, et la musique vient renforcer se sentiment. N'ayant jamais été un fan des boss de fin dans Mario, je suis content qu'ils aient ajouté un petit supplément.
J'ai personnellement aimé la cinématique de fin, pleine d'humour. Je sais que beaucoup ne partagent pas mon avis et je peux comprendre que les efforts du joueur n'aient pas été récompensés comme il se fallait, mais la mise en scène fait tout de même sourire.
Après avoir fini le jeu, on débloque le Royaume Champignon, qui est essentiellement une version améliorée du jardin extérieur de Super Mario 64. On y trouve donc pas mal de références à ce jeu et le niveau apporte étrangement plus de surprises que ce que l'on peut voir dans le niveau final de l'histoire. Toutefois après quelques minutes à explorer le terrain on se rend compte qu'il n'y a pas grand chose à voir et finalement l'impression de ne pas être dans un "vrai" niveau se fait gravement ressentir. Dark Side et Darker Side, les deux autres royaumes cachés débloqués en obtenant plus de lunes, sont sans doute encore moins intéressants. Dark Side est un boss rush des Broodals, Darker Side possède le niveau le plus compliqué du jeu. Un challenge intéressant qui utilise ingénieusement les mécaniques des précédents niveaux, mais la difficulté paraît quelque fois un peu injuste, et repose surtout sur l'absence de checkpoints. Il m'aura fallu plusieurs heures pour le compléter tout ça pour avoir... Une tenue invisible. Enfin plus précisément, un chapeau qui rend Mario invisible. Oui, la récompense pour avoir complété le niveau le plus difficile du jeu est un chapeau qui rend Mario quasi-injouable.
Autre chose, des lunes sont débloquées pour tous les autres royaumes. Même si la plupart sont encore une fois des lunes assez superficielles, on peut noter l'ajout agréable de nouvelles zones dans les royaumes. Le 100% n'est pas vraiment encourageant à faire donc, puisqu'il s'agit de revisiter encore tout ce que l'on a déjà vu.


Je ne peux évidemment pas parler de tout ce que possède Odyssey en détails. En outre, parmi ses qualités, le jeu possède de bonnes musiques, parfois dynamiques ou calmes selon les niveaux, mais jamais lassantes à écouter. L'absence d'un mode coop aurait été impensable avec l'inclusion de Cappy, et malgré les fans qui se plaignent que Luigi ne soit pas présent en second joueur, je pense qu'il aurait été plutôt difficile d'inclure un second personnage sur les très grands royaumes du jeu.


En bref, Super Mario Odyssey n'est pas un jeu parfait. Mais il reste un excellent jeu, indispensable à la Switch pour tous les amateurs de jeux de plateforme. Odyssey a été développé avec un grand amour pour la série Mario et cela se fait ressentir ; sans que cela n'empêche le jeu de prendre de grands risques (comme la venue d'éléments réalistes) en les réussissant avec brio.
La franchise ne peut que s'améliorer en suivant les idées d'Odyssey et en les améliorant. En espérant juste que Nintendo ne reprenne pas l'idée de détruire le gameplay pour le simplifier...

Fezzy
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le 29 déc. 2017

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Fezzy

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