Il est intéressant de constater en 2021 la place de ce jeu, 11 ans après sa sortie initiale sur le XBLA de la Xbox 360.
Super Meat Boy fait donc partie de cette première vague "sérieuse" de jeux indés (à savoir 2009-2011), ceux qui se sont extirpés de leur condition de "jeux-snacks" pour proposer des univers plus travaillés, des gameplays plus profonds et des défis plus intéressants. Une génération de jeux qui a ouvert la voie à tant d'autres, tant pour explorer de nouvelles possibilités impensables pour les AAA que pour ressusciter des genres délaissés par les grandes firmes au fil des ans, catalogués qu'ils étaient de "désuets".
Et c'est dans cette dernière catégorie que naît en 2010 Super Meat Boy, dans un contexte de délaissement quasi-total du platformer 2D, encore vaillamment tenu à bout de bras par l'indéboulonnable Mario et quelques huluberlus tels que Splosion Man. Sorti de nulle part, son ambition est dès le départ très claire : le petit bout de viande est là pour dépoussiérer tout un genre en profondeur, et il compte bien le faire avec fracas.


La première impression en voyant les trailers et en lançant le jeu, c'est celle d'un délire assumé, que l'on accueille avec plaisir mais que l'on espère au fond de soi ne pas trop regretter sur la durée. Musique rock qui explose à la tronche dès le menu, design flash et flashy, animation punchy : une entrée en matière très aguicheuse donc, mais qui a encore tout à prouver une fois manette en main.


Ne faisons pas plus durer le suspense : Super Meat Boy mérite sans aucun doute possible sa place au Panthéon des meilleurs jeux de plates-formes 2D au monde. En dévoilant à petit feu son gameplay ultra-fin et sa physique parfaite, Super Meat Boy sait tout de suite capter l'attention de l'amateur de précision, et lui faire comprendre que sa beauté intérieure risque bien de surpasser de 1000 lieues sa plastique finalement un brin grossière. Le steak répond au doigt et à l'oeil (sauts ajustables, wall jumps), le level design s'enrichit petit à petit, le rythme est sans cesse alimenté de nouvelles surprises. Ce dernier ne s’essouffle jamais grâce à l'astuce du die & retry, qui commence à sérieusement devenir à la mode en 2010 (après le calme N+ et le pépère Splosion Man). Innovation amusante : à chaque tableau réussi, le jeu propose un replay non seulement du fantôme vainqueur, mais de tous les fantômes perdants également. A la fois drôle et instructive, cette idée agit à la fois comme une récompense visuelle et comme une analyse des points critiques du niveau : malin.


Généreux, le jeu l'est également en termes de contenu. Mondes blancs et noirs (versions difficiles des tableaux normaux), Warp Zones (salles secrètes typées 8-bits), collectibles, nombreux personnages à débloquer... de quoi ravir le plus grand nombre. Que ce soit l'innocent joueur du dimanche qui souhaite simplement passer le temps ou le joueur -très- confirmé amateur de speedrun et de challenge hardcore, tout le monde en a pour son argent. L'exemple typique du jeu facile à prendre en main et compliqué à maîtriser. Le genre de courbe de progression qu'il est difficile de qualifier autrement que par "excellente".


Si le jeu se veut résolument moderne dans son exécution, il n'en oublie pas pour autant ses origines. Rien que les personnages à débloquer sont une mine de clins d’œil en tous genre. Si ceux-ci visent principalement à donner des coups de pouce aux licences indés contemporaines du titre, les décors, animations et autres styles artistiques sont quant à eux destinés à faire vibrer notre corde nostalgique : Mario (jusqu'aux initiales du jeu, SMB), Street Fighter, la Game Boy... tout est fait pour flatter les vieux routards vidéoludiques et, admettons-le, le cadeau est appréciable. L'humour du titre fait mouche, et ajoute une couche supplémentaire d'attachement au titre. Comment passer également sous silence cette musique maîtrisée de bout en bout, oscillant entre rock et electro, et ayant le bon goût d'être un plaisir à écouter même en dehors du jeu. L'apanage des plus grands.
[NB : je parle ici bien entendu de la 1e OST, celle composée par Danny Baranowsky avant le "conflit" avec la Team Meat. La seconde OST composée par Ridiculon sera moins marquante (bien qu'il abattra un très bon travail sur le futur The End is Nigh)]


11 ans plus tard, conseiller ce jeu est-il toujours pertinent ? Bien des titres sont sortis depuis, que ce soit de la part des grands éditeurs (Rayman, Mario) ou des indés (Giana Sisters, Fly'n, Pid, Yooka-Laylee...) et malgré toutes leurs qualités intrinsèques (que je reconnais volontiers), bien peu à mes yeux arrivent à doser à ce point finesse du gameplay, richesse du contenu, courbe de progression et intérêt pour l'univers. Seuls The End Is Nigh (du même développeur, COMME DE PAR HASARD) et Celeste tiennent en 2021 la dragée haute à Super Meat Boy, en m'ayant offert le même fun, la même envie de persévérer, de me dépasser, voire de me racheter le jeu plusieurs fois.


Un grand jeu à jamais voué à briller. Merci la Team Meat.

Kaiser-Panda
9
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Créée

le 18 déc. 2021

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Kaiser-Panda

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