Super Metroid par Antevre
Quel est le plus gros défi d’un jeu vidéo ? Question difficile. Fondamentalement, il s’agit de faire vivre des sensations au joueur, bien entendu. En fait, cela dépend du type de jeu que l’on a en face de soi, et je pense que l’on peut les regrouper globalement en deux catégories : les jeux qui visent une expérience courte (ils doivent alors être intenses), et ceux qui visent une expérience longue (ceux-là doivent être immersifs). Ainsi, un niveau de Super Meat Boy est court, mais l’expérience est tellement intense que l’on n’hésite pas à recommencer encore et encore, et si d’aventure l’on parvient à la fin du niveau, l’on s’attaque avec joie au suivant ; alors que beaucoup de RPG misent sur leur univers ou encore sur l’impression de liberté et de choix qu’ils offrent afin de générer un sentiment d’immersion et de manger littéralement vos après-midis. Bien entendu, beaucoup de jeux combinent les deux, c’est comme ça notamment que l’on parle de jeux d’action-aventure. Faut nous faire rêver, mais également nous donner de l’adrénaline. Parmi les fondateurs de ce genre (et du plus spécifique metroidvania, mais il n’est pas nécessaire d’aller jusque là pour comprendre l’intérêt de ce jeu), il y a le génial Super Metroid.
La recette ? La même que dans presque tous les autres jeux Metroid : on vous balance sur une planète, et c’est parti pour le dézingage d’aliens, l’exploration et la montée en puissance à travers de nouvelles capacités.
Mais alors pourquoi qu’il est plus bon Super Metroid ? Parce que bon Dieu, ce jeu il est tellement méga soigné de la mort que tu peux pas t’en décrocher.
Commençons par l’immersion. Super Metroid bénéficie d’une ambiance de malade. Tout contribue à vous mettre dans la peau de Samus, et vous vous identifiez naturellement à elle, tandis qu’elle arpente encore et encore les méandres du jeu, jubilant avec elle à chaque victoire, mesurant chacun de vos pas dans les situations nouvelles. Rarement un jeu m’a happé autant que ce Super Metroid, et n’a valorisé autant l’exploration. Et cela est dû en partie à sa narration si particulière : pratiquement pas de textes, mais en fait la surface de jeu constitue en soi une trame narrative.
Mais Super Metroid, c’est aussi un jeu super intense. Il se passe toujours quelque chose, chaque salle est unique, et les ennemis, bien que classiques, sont toujours intéressants. Et puis, le jeu est bourré d’énigmes et de secrets, impossible de s’ennuyer un seul instant durant tout le jeu. C’est bien simple, il n’y a pas de temps morts : lorsque vous êtes bloqué, vous avez naturellement envie de visiter les pièces inexplorées, de revenir explorer des endroits auparavant inaccessibles, de vous atteler à la tâche de récupérer un bonus qui vous semblait inaccessible, en attendant de trouver la raison pour laquelle vous ne parvenez pas à progresser. Mieux encore, tout cela vous permet généralement d’apprendre de nouvelles façons d’utiliser vos capacités, et par là-même à être de plus en plus efficace pour passer les énigmes et découvrir des secrets en tous genres. Dans Super Metroid , l’évolution du joueur est tout aussi importante, voire plus encore, que celle de son personnage.
Oui, vous l’avez vu, je n’ai laissé que peu de place à des arguments purement objectifs. C’est parce qu’ils n’ont tout simplement pas leur place en parlant d’un tel jeu.
Super Metroid est une expérience sans aucun doute unique et inoubliable dans une vie de joueur.