Je suis rentré dans The Alters un peu par accident. Ce n’était pas prévu, pas mon genre de jeu... J’avais vaguement compris qu’il s’agissait de survie, de gestion, d’un gars qui crée des clones de lui-même… j’ai lancé le jeu sans réelle conviction, prêt à zapper au bout d’une demi-heure. Et puis… j’ai continué.
Le plus étrange, c’est que je ne saurais même pas dire ce qui m’a accroché en premier. Peut-être l’ambiance. Visuellement, c’est très propre, très maîtrisé, et la BO sonne vraiment bien.
Et il y a les alters. Ces versions alternatives de soi-même, issues de choix de vie différents, chacun avec son tempérament, ses blessures, ses rancœurs, ses qualités. C’est franchement une idée brillante. Certains alters sont immédiatement attachants, d’autres profondément agaçants, mais aucun ne laisse indifférent. Il y a quelque chose de profondément humain là-dedans. Le jeu nous met face à nous-même, à ce qu’on aurait pu être, à ce qu’on regrette… et à ce qu’on préfère ignorer.
Mais au milieu de tout ça, il y a aussi le gameplay, et là… c’est plus compliqué.
La gestion de la base, la maintenance, la fabrication de modules, l’organisation des tâches entre les alters, les sorties à la surface… c’est bien foutu, mais ça devient vite très mécanique. J’ai eu l’impression de tourner en rond, au sens propre comme au figuré. J’étais censé vivre une aventure intense, pleine de tension, de dilemmes moraux et d’humanité fracturée… et je passais mon temps à cliquer sur des menus pour gérer la production de repas et filtres et à réparer les modules en panne lors de tempêtes. Y a un vrai décalage entre l’émotion que le jeu essaie de transmettre, et ce qu’il nous demande réellement de faire.
Et pourtant, je continuais. Peut-être par curiosité. Peut-être parce que j’avais envie de voir où tout ça allait. Peut-être parce que, malgré l’aspect répétitif, il se dégageait de l’ensemble une forme de cohérence, un rythme un peu lancinant mais hypnotique. Il y a quelque chose de contemplatif, de presque philosophique dans la manière dont le jeu étire le temps.
Mais je ne peux pas nier que parfois, j’ai soupiré. Que je me suis dit : « Bon sang, encore un déplacement de plus à l’autre bout de la map… » Ou encore : « Pourquoi je dois faire ça, maintenant, alors que je suis dans le cœur d’un arc narratif intéressant ? » Le jeu m’a souvent frustré. Il m’a parfois perdu. Et parfois, il m’a rattrapé de justesse.
C’est un jeu qui, je pense, parlera profondément à certains, et ennuiera poliment d’autres. Je suis quelque part entre les deux. J’ai trouvé dans The Alters une expérience imparfaite, parfois maladroite, mais sincère, ambitieuse, et surtout étrangement mémorable.
Alors voilà. Je ne saurais pas dire si j’ai aimé The Alters. Mais il m’a touché, à sa manière. Et pour un jeu auquel je ne comptais même pas jouer, c’est déjà énorme.