« The Banner Saga » est un jeu indépendant, développé par le studio Stoic, un trio d’anciens développeurs de chez Bioware. Le jeu, sorti en 2014, offre au joueur une expérience à nulle autre pareille.


Tout commence à l’orée de la modeste bourgade de Strand. En cette journée hivernale, une troupe de Varl, sorte de géants humains munis de cornes, s’approche de l’entrée de la ville. Son chef, le vénérable Ubin, est troublé : voilà quelques temps déjà que l’astre solaire semble avoir disparu, mettant fin à l’alternance entre jours et nuits, plongeant le monde dans une sorte de grise torpeur. Ubin et son escorte est reçue dans le grand hall du seigneur local… le trouvant aux prises avec des brigands visiblement appâtés par l’idée d’un coup d’état. Les Varl ont tôt fait de décimer les malandrins, libérant le bourgmestre qui se confond en remerciements.


En quelques minutes seulement, le ton est donné, permettant au joueur de s’immerger instantanément dans l’univers de « The Banner Saga » tout en apprenant les quelques mécanismes du jeu. Une voix puissante retentit, introduisant les personnages tandis que ceux-ci parcourent un magnifique décor 2D. Une séquence vidéo dynamique sert de prélude au premier combat du jeu, et quelques instructions discrètes s’affichent à l’écran. Les tous premiers instants de « The Banner Saga » sont à couper le souffle, tant l’ensemble graphique et musical affiche une perfection artistique rare et les quelques textes annoncent un univers passionnant.


Et tout le reste est à l’avenant. « The Banner Saga » propose une histoire, à priori peu originale, mais dont l’univers est si riche, détaillé et cohérent qu’il en devient immédiatement unique. Le jeu prend la forme d’un récit interactif, durant lequel l’on suit quelques personnages clés. Il se déroule principalement en trois phases : dialogue, combat et voyage. Les décisions – qui reviennent au joueur – prises durant les conversations auront une importance cruciale sur le déroulement de l’histoire. De la même façon, l’issue des combats pourra avoir des conséquences dramatiques sur le sort des personnages. Les phases de voyage, quant à elle, permettent au joueur de suivre la progression de sa caravane dans les somptueux décors qui constituent l’univers, et le mettent également face à des choix cornéliens.


La grande richesse de « The Banner Saga », c’est d’allier une atmosphère saisissante à des mécaniques de jeu bien trouvées et parfaitement en accord avec l’ambiance de l’univers. Celle-ci est absolument captivante. Sa plus belle réussite, bien sûr, provient de sa direction artistique incroyable, offrant autant de paysages en 2D d’une beauté époustouflante et d’une grande diversité. Les visuels du jeu sont inspirés par le travail de l’artiste américain Eyvind Earle, dont vous avez sûrement déjà admiré la patte graphique unique sur « La Belle au bois dormant ». Dans ces décors grandioses, l’on se prend très vite au charme de cet univers richement détaillé, notamment via le biais d’une carte du monde peu avare d'annotations et informations diverses sur les lieux visités par les personnages.


Personnages que l’on vient d’ailleurs rapidement à apprécier alors que l’on voyage à leurs côtés dans cette espèce d’ambiance mélancolique aux allures de fin du monde, accompagnés par une bande-son excellente. Le coup de génie consiste à confier le commandement à des protagonistes que rien ne destinait à l’origine à un rôle de chef. Le joueur, alors propulsé dans les bottes de ces leaders improvisés, goûte comme eux la difficulté de prendre des décisions graves. Et, perdu comme eux dans ce monde devenu fou, l’on cherche, comme eux, des réponses qui ne viennent pas.


« The Banner Saga » est un jeu vidéo indépendant se situant au croisement de plusieurs genres. Il s’agit avant tout d’une histoire interactive, dans laquelle le joueur contrôle des personnages et prend des décisions affectant le cours entier du récit. Les phases de combat, tactiques, ainsi que la progression des héros sont héritées du jeu de rôle. Ce qui fait la richesse du jeu, c’est l’équilibre subtil entre ses mécaniques originales et son atmosphère unique, bénéficiant d’une direction artistique fantastique. L’on pourrait presque lui reprocher une conclusion un peu brutale – même si paroxystique – mais l’on se contentera plus sûrement d’un "vivement la suite".

Aramis
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le 26 févr. 2016

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Aramis

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