Dis-moi tout

J'avais plutôt bien aimé "The Stanley Parable", c'était marrant et sympa. Je ne sais pas si j'aimerais encore bien ce jeu. Je dis ça uniquement vis-à-vis de ma déception face à ce jeu-ci qui est l'évolution logique du premier.

Je trouve ça chouette de faire des efforts pour écrire de meilleures histoires, car il est vrai que les scénar' des jeux vidéos ne sont pas ce qu'il y a de plus travaillés. Ce qui est dommage, c'est de privilégier cela au détriment du côté ludique. Non pas que je voulais que ce soit drôle, mais qu'un minimum de jouabilité suffit à rendre un jeu ludique. Ici, il est surtout question d'écouter une voix parler. Absolument rien n'est fait pour mettre en marche l'intelligence du joueur pour la simple et bonne raison que tout est expliqué et surligné tout au long de l'aventure. C'est dommage parce que le côté dépressif on aurait bine voulu le découvrir par soi-même.

Dans ma critique de "The Stanley Parable", je disais que j'admirais l'honnêteté du concepteur qui ne cachait pas le fait qu'un jeu est toujours linéaire. Je ne suis plus vraiment d'accord avec ça : certes on doit passer par certaines phases pour déclencher des éléments et résoudre les énigmes jusqu'à terminer l'histoire, mais les concepteurs de jeux vidéos font de plus en plus d'effort pour nourrir ce schéma grâce à des sous-intrigues ou bien diverses possibilités pour résoudre l'énigme. Ici il n'y a rien d'autre que cet unique chemin porté par cette voix harcelante. Et on s'emmerde. On s'emmerde parce qu'il faut tout écouter et puis surtout parce que c'est super redondant, qu'il n'était pas nécessaire de 'tester' autant de jeux avant d'en arriver au twist de fin.

Il y a bien la possibilité de jouer un peu, de contrôler le personnage, d'appuyer sur des boutons, mais j'ai l'impression que c'était vraiment pour remplir un cahier de charge plus qu'autre chose. Cet univers est intéressant, j'aurais voulu l'approfondir. Ne fut-ce que la bande annonce présentait quelque chose d'ingénieux qui n'est pas repris dans le jeu en lui-même : la possibilité de surfer sur le bureau, d'ouvrir les fichiers soi-même dans l'ordre que l'on veut et ainsi pouvoir se faire sa propre idée du scénario par soi-même, découvrir les dessous de cette affaire (peut-être sans garder le twist) comme un grand et non pas en étant pris par la main constamment. C'est bien de proposer un jeu différent, mais peut-être est-il ici trop narratif et pas assez expérimental.

Il y a un autre point qui m'a gêné. Les compliments envers le jeu. Tout au long de la partie, la 'voix' n'a de cesse de dire combien tout cela est génial, bien pensé etc. Au final, ça donne l'impression que l'auteur est vraiment fier de son travail et qu'il tient à le communiquer. C'est hyper chiant. Certes, y a des idées assez marrantes (d'autres idiotes), des trucs qui ne sont pas vraiment des 'jeux' mais qui attisent la curiosité. Mais de là à entendre ce type dire combien ce jeu est génial, c'est juste hyper pénible. Déjà qu'il explique absolument tout ce qui passe, nous empêchant de penser par nous-même, d'interpréter les jeux visités (car je pensais au moins que le joueur aurait le temps de se faire sa propre idée mais même pas).

Pour ce qui est de la technique, j'ai trouvé le jeu inégal graphiquement. Il y a un côté très oldschool du fait que c'est un jeu indépendant sans trop de moyen pour faire de beaux décors. Mais il y a aussi quelques p'tits trucs, sans doute faciles à faire qui sont très jolis et qui ne fonctionnent donc pas avec le côté arcade des autres détails. Bon, je suis pointilleux, inutilement en fait. Car c'est tout de même cohérent dans l'ensemble. Et même dans l'aspect le plus cheap, le créateur offre de jolies petites choses. Et surtout de belles solutions visuelles par exemple pour placer du texte.

Bref, je suis assez déçu par ce jeu ; l'auteur propose une idée intéressante mais se perd dans le traitement et surtout se montre beaucoup trop explicatif là où il devrait laisser le joueur se faire sa propre expérience. Dommage. Cela reste tout de même une expérience intéressante.