Ce billet a mis du temps à arriver... Je ne sais pas pourquoi. Parce que, dès que j'ai terminé Little Hope, une seule envie m'animait : en parler, encore et encore. Car ce jeu est à mes yeux un p*tain de chef d'œuvre, si on peut se permettre les mots forts (spoiler alert : oui on peut, c'est mon blog).


Pour être honnête, avec le recul, Man of Medan m'a déçue. Pour rappel, il s'agit du premier jeu de la Dark Pictures : Anthology, ce qui est dramatique : si le premier jeu n'est pas prometteur, quid de la suite ? Et pourtant... Little Hope est une claque phénoménale qui m'a pris à revers. On m'en avait parlé en bien mais il faut le voir pour le croire, y jouer pour constater.


Même si j'y ai joué il y a plus d'un an, il me hante encore parfois. Je donnerais tout pour le recommencer en ayant tout oublié. C'est parti pour un avis élogieux qui, je l'espère, ne se départira toutefois pas d'un minimum d'analyse (et vous donnera peut-être envie de le découvrir si ce n'est pas déjà fait) !


Une mise en bouche du feu de dieu

Si on me permet ce jeu de mots...

Dès le début, le joueur est mis à rude épreuve, dans un prologue enflammé qui reste assez flou. En effet, nous découvrons une famille dans sa maison, un soir, avec leurs soucis du quotidien et l'étrange méfiance des frères et sœurs envers la benjamine. L'un des frères, cependant, semble rien éprouver à son égard (ni peur, ni amour, peut-être de l'indifférence ? ou est-il plus sensible et le cache-t-il bien ?). Toujours est-il qu'il est évident, dès les premières minutes, que s'il s'agit du prologue, tout est scripté. À l'instar de Until Dawn et Man of Medan, ce jeu offre une mise en bouche fataliste où les personnages sont voués à mourir (dans d'atroces souffrances) et les choix n'ont pas un très gros impact sur la suite. En revanche, ce début que nous voyons (et qui est un chouia traumatisant), nous hante une bonne partie du jeu et amène plein de théories farfelues à mesure que l'histoire avance. Pour ma part, je me posais beaucoup de questions sur Megan, la benjamine. Les réactions autour d'elle était très bizarre... Il semblerait même que certains membres de la famille la suspecte d'employer la sorcellerie ou d'entrer en contact avec des démons.


Une ambiance mortellement sombre

L'intégralité du jeu se déroule dans le noir, sauf la fin. Lorsque l'on débute le soir, c'est un chauffeur de bus que l'on rencontre en premier lieu. Nous le voyons rouler à travers les bois, l'esprit perdu, quand tout à coup... l'impact. Un accident a lieu, et quatre étudiants accompagnés de leurs professeurs se retrouvent livrés à eux-mêmes dans ces bois ténébreux, à la recherche du chauffeur de bus qu'ils sont incapables de retrouver.

J'ai très vite fait un rapprochement entre les membres de la famille du début et les personnages que l'on voyait, et ça m'a même énormément perturbée. Je n'ai pas arrêté de dire à mon binôme de jeu que ce n'était pas anodin, qu'il devait y avoir un sens à tout ça. Je n'y suis pas allée de main morte sur les théories : en fait, ils sont tous morts et c'est un purgatoire, ils se sont réincarnés, etc. Il y a vraiment eu de tout, que ça ait un sens ou non. Bien entendu, je ne vais pas vous dévoiler les subtilités de cette histoire sinon ça vous gâcherait l'expérience de jeu basée sur la découverte.

En tout cas, je ne peux pas écrire ce billet sans souligner la qualité du décor et du casting, qui se retrouve principalement porté par Will Poulter (Gally dans The Maze Runner). Divisé en trois époques différentes, le jeu immerge le joueur en le rendant témoin d'événements du 17ème siècle de par ses découvertes d'indices tout au long du jeu. De temps en temps, nos personnages se retrouvent happés dans le passé grâce à une jeune fille de l'époque, ressemblant très fort à la petite Megan. C'est ainsi que tantôt nous nous retrouvons en plein procès des sorcières d'Andover, tantôt nous devons échapper à d'horribles créatures dans la brume. Et ces questions, sur ces personnages ayant le visage d'une famille victime d'un drame familial, qui ne cessent de nous tourmenter... Qu'est-ce que ça veut dire ?


Tout au long du jeu, nous sommes forcés d'avancer dans une ville abandonnée, dans le noir, tout en sachant que des créatures ignobles nous suivent, et que donc le temps nous est compté. Sans parler de ces retours dans le passé, il y a de quoi fort angoisser. Personnellement, j'ai vraiment eu du mal à gérer le stress dès la première apparition du monstre (que l'on voit sortir d'un lac). Je suis devenue blanche et j'ai filé la manette à mon binôme, illico presto, sans demander mes restes. L'ambiance horrifique est très réussie (même s'ils se sont un peu calmés sur les streamers, merci à eux !). ​


La réponse se trouve en soi

On peut dire une chose : Little Hope a été dix fois mieux exploité que Man of Medan, tant sur le fond que la forme. Ils ont gardé cette idée de plot twist qu'ils ont cherché à mettre en place depuis le succès du switch d'intrigue dans Until Dawn. Ceux et celles qui connaissent les jeux du studio savent de quoi je parle ! Ces aventures vidéo-ludiques ont comme but d'offrir des clichés du genre survival-horreur sur un plateau d'argent, car ces ingrédients fonctionnent bien, puis de retourner le plateau... Tout ce que l'on sait s'effondre, et on en vient à se demander qui est notre véritable ennemi, comment agir, prendre les bonnes décisions.

Moi qui me plaignais de l'absence de challenge dans Man of Medan, du fait de QTE trop simples, j'ai été servie dans Little Hope ! Les QTE sont toujours aussi faciles à réaliser mais les choix sont parfois IMPOSSIBLES à prendre ou, en tout cas, ils demandent d'intenses minutes de réflexion (et oui, je fais partie de la team qui met sur pause, surtout quand on joue à deux, pour prendre LA décision en corrélation avec mes valeurs). Little Hope a excellé là où Man of Medan a merdé : en rendant le jeu difficile, non pas par son gameplay simple et sobre, mais par sa construction arborescente complexe. Les mises en situation sont réussies, le flou constant tout au long du récit également, et il est très dur de tricher avec la vie (ou la mort) de nos persos sans nous spoiler. L'intrigue, coupée aux petits oignons, s'avère plus profonde que ce qu'elle n'y paraît et m'a surprise plus d'une fois.


Les thèmes abordés sont d'une grande profondeur et amène une réflexion vachement plus poussée que ce que l'on pense de prime abord. Et ces thèmes, p*tain, ce qu'ils m'ont touchée en plein cœur.


Je mentirais si je vous disais que je n'ai pas failli pleurer toutes les larmes de mon corps à la fin du jeu. Vraiment, je mentirais... (Franchement à ça de chialer comme une madeleine, je vous le dis !).


Pourquoi je recommande ce jeu ?

– Des personnages clichés de prime abord qu'on apprend à connaître au fil de leur histoire ;

– Trois épiques bien distinctes qui s'entremêlent pour créer une véritable ambiance mortellement sombre ;

– Les codes et caractéristiques du genre survival-horreur respectés et mis à l'honneur ;

– Le sous-texte de qualité de l'intrigue (que l'on découvre à la fin, avec du recul, car sur le moment, sans toutes les infos, il n'est pas tout de suite perceptible) ;

– Les thèmes abordés, dont certains en lien avec la chasse aux sorcières (lesquelles cachent pas mal de dérives) ;

– Le scénario renversant et l'intrigue bien ficelée ;

​– Le casting de qualité ;

– Certains choix qui relèvent d'un véritable challenge (avec des fins alternatives qui peuvent faire déprimer, et oui c'est positif quand ça touche des cordes sensibles chez moi ahah) ;

– Tous les liens qui sont faits, d'un point A à un point B, non vraiment quelle pépite ;

– Le gameplay ultra accessible ;

​– Wiiiiiill Poulteeeeer !!!


En bref, cette chronique est un peu courte mais je me rends bien compte que je ne peux pas en dire trop sous peine de vous spoiler cette merveille. Juste, si vous aimez les personnages bien creusés et les ambiances sombres, je vous invite à découvrir cette masterclass. Un scénario bien ficelé, coupé en trois époques bien distinctes, mélangeant à la fois les recoins sombres de la psyché humaine et ses dérives, les procès de sorcières comme il y en a eu par le passé et l'angoisse véhiculée par des créatures dont on ne sait rien. Ce jeu nous permet à la fois de partir à la découverte de Little Hope, ainsi que des personnages que l'on joue, mais aussi de nous-mêmes. Son ambiance immersive et sa jouabilité accessible (si l'on oublie la maniabilité catastrophique de la caméra mais c'est leur marque de fabrique) sont accompagnées d'une fin incroyable. Un plot twist dont on ne se remet pas. Jamais. Et c'est à cause de (ou grâce à) tous ces ingrédients combinés que Little Hope me hante encore aujourd'hui. Un chef d'œuvre dans la catégorie des jeux narratifs, et c'est une meuf qui n'aime pas les jeux d'horreur à la base qui dit ça !

PapillonVoyageur
9

Créée

le 25 oct. 2022

Critique lue 3 fois

Critique lue 3 fois

D'autres avis sur The Dark Pictures: Little Hope

The Dark Pictures: Little Hope
Epic-say
7

Little Hope ... and never come back

J'avais plutot été agréablement surpris par Man of Medan et l'idée de créer cette galerie des horreurs en anthologie. Tout comme pour Little Hope je pense que les gens qui ne se basent que sur une...

le 5 nov. 2020

3 j'aime

2

Du même critique

Confessions d'une fille invisible
PapillonVoyageur
6

Film léger qui se regarde une fois, pas plus

Ayant lu le roman avant le visionnage, je dois avouer que partais biaisée. Confessions d'une fille invisible est agréable à regarder, très coloré avec beaucoup de légèreté. On retrouve le côté...

le 5 mai 2022

1 j'aime

Music for the Masses
PapillonVoyageur
7

Depeche Mode, de la musique pour « les masses » ?

​​Depeche Mode, un groupe britannique de new wave et rock alternatif, s'est formé en 1980. Il apparaît au sein du courant de la synthpop et devient rapidement influent et populaire à l’international...

le 15 févr. 2022

1 j'aime

3

Balles perdues
PapillonVoyageur
8

Un roman au style simple mais lyrique !

Happée par la jaquette de couverture de l’édition grand format de Flammarion, je retourne ce roman et tombe sur un résumé encore plus intrigant. De genre contemporain, ce récit ne fait pas partie de...

le 8 juil. 2021

1 j'aime