Visiblement très attaché au genre horrifique narratif, Supermassive a décidé d’apporter sa contribution à une institution du genre : l’anthologie fantastique. Dans la lignée d’un Creepshow ou d’un Tales from the Crypt, ils ont donc lancé en 2019 leur mini série d’histoires courtes baptisée « The Dark Pictures Anthology », avec tout ce qu’il faut : un logo commun, un générique très télévisuel, un narrateur cryptique, une histoire différente à chaque épisode, et des personnages ordinaires face à des situations extraordinaires. Man of Medan est le premier épisode de cette anthologie, et à l’heure de l’écriture de cette critique, les deux suivants sont sortis et le troisième est prévu avant la fin de l’année 2022.
Même si la forme est un peu différente, Supermassive ne change toutefois pas fondamentalement de registre et s’efforce, comme d’habitude, de greffer sur ces histoires horrifiques des choix cornéliens qu’on a pas envie de faire et un arbre des possibles qu’on imagine très étendu (il n’est pas directement visible). Visuellement parlant, la qualité de production est au rendez-vous, même si les progrès techniques restent marginaux par rapport à Until Dawn. Sans aller tutoyer les sommets atteints chez Naughty Dog, la performance capture, cruciale dans ce type de jeu, reste toutefois tout à fait satisfaisante pour une production de cette envergure.
Il n’y a donc que sur le scénario que le studio va pouvoir se distinguer, et c’est malheureusement là que le bat blesse : là ou Until Dawn captivait par son ambiance et ses qualités d’écritures, Man of Medan laisse totalement indifférent avec sa banale histoire de navire hanté : un rassemblement de jeunes écervelés, une virée en mer qui tourne mal, des fantômes… Tous les ingrédients sont là mais la sauce a bien du mal à prendre tant l’intrigue est poussive et les personnages inintéressants au possible. Rajoutons que la multiplicité des intrigues induit des défauts de montage et de cohérence (largement assez proéminents pour briser l’immersion) et vous saurez en gros pourquoi il est difficile de recommander Man Of Medan. Le jeu se parcourt en mode pilote automatique, sans expérience désagréable mais sans jamais non plus laisser de souvenir impérissable. Il est heureusement assez court, 6 heures environ, et est proposé à un prix raisonnable (entre 20 et 30 euros, en fonction des plate-formes et des distributeurs). Pour les assoiffés du genre, c’est un palliatif honnête si tout le reste a été épuisé. Pour les autres, il y a mieux à faire.