Qu'on ne s'y trompe pas, The Drifter est un point'n'click. Un vrai. Présenté comme un P&C plus nerveux, il ne faut pas s'imaginer un jeu d'action pour autant. Non la force de The Drifter est de savoir séquencer son histoire. Plus qu'un point'n'click classique qui a l'habitude d'étendre excessivement son espace de jeu sur une multitude de tableaux, The Drifter sait resserrer son intrigue, sans la rendre étouffante pour autant, à travers 9 chapitres pour une dizaine d'heure de jeu.
En effet le jeu est construit comme un réel thriller fantastique, disséminé de scènes clés dont le but est d'impacter le joueur. En fait, les situations m'ont souvent fait penser à des films (que je ne citerai pas pour préserver la surprise) et je pense que le media vidéo a été une grande inspiration pour rythmer ce jeu. La narration à la voix off appuie en effet ce côté cinématographique. On naviguera ainsi de façon fluide entre différents genres (policier, enquête, survie, horreur, SF...) sans ressentir un effet de collage et c'est un grand tour de force.
Le fait que ce jeu permette de mourir, sans que ce soit pour autant pleinement punitif, participe à donner une dose de stress, sans pour autant impacter les tâtonnements inhérents au genre point'n'click. Il les encourage même. Sans spoiler il arrive que la mort du personnage apporte ses propres solutions.
Le gameplay est admirablement fluide et propre, l'interface est discrète mais diablement efficace. Il n'y a ni trop d'infos ou de zones cliquables, ni trop peu. Le graphisme pixelisé est propre et possède sa touche personnelle. Le scénario en soi est tortueux mais suffisamment captivant pour qu'on se laisse embarquer, même si je doute qu'il tienne la route si vraiment on veut gratter sous la surface (mais l'intérêt n'est pas là). Les personnages sont vite attachants et le jeu prendra un malin plaisir à les malmener (certaines séquences sont riches en émotion).
Bref The Drifter est une plongée enthousiasmante dans une dizaine d'heure de séquences riches en évènements. Fruit d'un petit studio (Powerhoof) jusqu'ici relativement discret et composé de deux personnes uniquement, The Drifter a fait grand bruit dans la communauté et c'est amplement mérité.