The End is Nigh
7.3
The End is Nigh

Jeu de Edmund McMillen et Tyler Glaiel (2017PC)

The End is Nigh...


La fin est proche...


Peut-on rêver meilleur titre pour un jeu qui vous propose de commencer ses premières secondes... par votre première mort ?


Je n'ai que trop tardé à écrire sur ce jeu, qui pourtant mérite toute l'attention du monde quand on a le goût du bon platformer des familles. TEIN (pour les intimes) est le petit frère du grandissime Super Meat Boy, qui déjà donnait un coup de jeune extraordinaire -et nécessaire- à un style du platformer 2D plutôt moribond à sa sortie. Je ne vais pas vous le cacher, j'ai adoré le parcourir, au point d'enchainer (tel le Celeste moyen) 2 runs sur Switch et PC dans la foulée.


On a coutume de dire que ce jeu est une simple copie de son grand frère. Alors certes, il utilise certains éléments qui ne peuvent que confirmer une parenté évidente (éléments de design, moteur flash, 2D, die & retry, difficulté exigeante...), mais propose suffisamment de fraicheur pour se démarquer, et par là même se construire une réelle identité.


On ne va pas se mentir, le scénario du jeu est assez nébuleux. Vous incarnez Ash, une... forme de vie plus ou moins indéterminée qui, peu de temps après une apocalypse quelconque, se met en tête de se faire un ami. Et quand je dit "se faire", je parle bien au sens littéral : votre quête consistera ni plus ni moins à trouver des morceaux de corps (de cadavre ?) disséminés de-ci de-là à travers les niveaux. Et puisque je sens que vous ne trouvez pas ça assez glauque (si, si, je vous vois bien là derrière vos écrans à trouver ça funky), vous serez également amenés très régulièrement à moissonner un type particulier de collectibles : des tumeurs.
Que de bon goût, donc.


Bref, au-delà de la sinistrose ambiante (mais néanmoins... funky), sachez que ce jeu ne possède que des qualités !
Histoire d'aller à l'essentiel, je pars du principe que votre culture vidéoludique est tellement développée que Super Meat Boy n'a plus aucun secret pour vous, ainsi donc il sera plus simple de se focaliser sur ce qui fait la spécificité de ce titre par rapport à son illustre ancêtre (après si vous sortez d'un confinement de 10 ans, mon évaluation de SMB c'est par ici.


La progression pour commencer, ne se fait plus sur des grands niveaux uniques, mais sur des écrans fixes. En revanche, chaque écran communique toujours avec le suivant et le précédent, afin de constituer finalement un niveau géant, aux décors et mécaniques thématiques. Ce choix d'écrans fixes peut paraître retro voire désuet, mais s'avère pertinent pour proposer des défis à la fois courts et intenses, le tout dans une continuité bienvenue. Enfin, courts... quand on perce l'esprit du lieu, et qu'on y devine la bonne trajectoire.
Ces niveaux principaux sont agrémentés par plusieurs types de niveaux annexes : les salles spéciales, les cartouches aux défis multiples (éternel prétexte pour titiller les nostalgiques de la Game Boy), et THE FUTURE. Vous trouviez le présent déjà pas très jouasse ? Attendez de voir THE FUTURE !!


La jouabilité ensuite, qui assume certes sa parenté avec SMB dans son exigence de précision d'exécution ou sa réactivité hors pair, mais en se cherchant en parallèle une personnalité propre. Cette dernière consistera en la suppression des wall jumps, pour offrir à la place "l'accroche", une capacité consistant à se pendre au coin d'une falaise, ou sur un crochet. Truc tout bête a priori, mais qui dévoile une toute nouvelle lecture des niveaux, des chemins possibles, des ouvertures de chemins cachés et des interactions possibles avec le décor. Le tout associé à des idées aussi fraîches que stressantes comme par exemple les murs de chair qui gonflent vers le joueur pour l’avaler (les amateurs d'Akira apprécieront), la créativité et variété des défis dans les cartouches, la gestion fine de l'eau et du poison... Non mais rendez-vous compte : enfin une nage agréable à jouer dans des niveaux aquatiques !
Un truc sympa à signaler au sujet du game design : pour une fois la chasse aux collectibles a une utilité ! De quoi motiver un peu plus leur recherche, puisque les tumeurs glanées tout au long du jeu ne seront ni plus ni moins que des vies disponibles pour le dernier niveau. Autant dire que vous avez intérêt à faire le plein !


Le côté arty enfin, que je tiens à souligner. Je passerai rapidement sur le rendu visuel, un simple trailer suffit à se faire une idée. Sachez juste que la colorimétrie, à la fois triste et magnifique, nous plonge dans des tableaux aux contrastes souvent superbes et donc toujours agréables à arpenter, tout mortels soient-ils. Non, là où je voudrais m'attarder un peu, c'est sur la bande son. Son concept est de reprendre moult musiques classiques et de les remixer. De prime abord peu inspirée, cette idée est tout simplement géniale dans sa mise en pratique. Chaque classique a droit à deux versions (rock -teinté d'electro- et chiptune), pour illustrer les mondes normaux et leurs équivalents 8 bits. Je me dois ici de saluer l'excellent travail de Ridiculon, qui rend ici une copie impeccable. Autant sa venue sur Super Meat Boy (PS4) en tant que remplaçant de Danny Baranowsky s'est soldée par un résultat mitigé (mais pouvait-il en être autrement ?), autant là le bougre s'est surpassé. L'OST étant tout à fait écoutable hors contexte vidéoludique, j'ai envie de dire que c'est là la marque des grands, donc vous mourrez certes, mais vous mourrez les yeux pleins de beaux paysages, et bercés par de belles instrumentations. De quoi mourir avec le sourire, et donc favoriser le fun à la frustration.


Si vraiment je devais pinailler pour lui trouver une écharde dans le pied, à ce p'tit jeu, je dirais juste que la voix du narrateur est énervante à souhait. Dès qu'il ouvre sa baille, c’est pour hurler des monologues incompréhensibles qu’on a juste envie de zapper (en tout cas on doit baisser le son à chacune de ses apparitions c'est une horreur). Je dois confesser que l'absence de sous-titres français n'aident pas non plus à s'attacher à lui, vu que je suis tout simplement dans l’incapacité totale de décrypter son accent US à couper au couteau.
Mais au delà de ça... juste, foncez quoi !


Concluons rapidement : TEIN est donc un excellent titre. Edmund McMillen était vraiment attendu au tournant après son 1er coup de maître, bravo à lui pour avoir su transformer l'essai !

Kaiser-Panda
9
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Créée

le 30 janv. 2022

Critique lue 16 fois

Kaiser-Panda

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