C'est avec une année de retard que je tâte (enfin) la bête, Le grand jeu de l'année 2013 pour beaucoup, tant au niveau des professionnels du monde du jeu vidéo que des simples joueurs comme vous et moi. Parait-il qu'il vaut mieux tard que jamais, alors, je suis encore dans les temps.
Bien entendu, tout (ou presque) a déjà été dit sur le jeu, je livrerai donc essentiellement mes modestes et humbles impressions sans trop rentrer dans les détails ...


L'histoire en elle même ne bouleversera pas les canons du genre. Elle demeure classique, conventionnelle (ce qui n'en fait pas un scénario mauvais pour autant) et sa trame quelque peu cousue de fil blanc. On a déjà vu semblable dans le monde du jeu vidéo ou dans des médias culturels cousins tels que le cinéma ou la littérature. Pour autant, ce qui fait la force du jeu est bien sa narration, lente mais pertinente et la puissance émotionnelle qui se dégage du titre, assez rare à voir dans un jeu vidéo. On est parfois véritablement pris par l'histoire, et on ressent par moment ce que peuvent vivre les personnages sous nos yeux, notamment grâce à ses très bonnes cinématiques souvent placées à des instants opportuns de l'aventure. Oui oui, j'ai parfois été ému, je l'avoue, je l'avoue. En même temps, il faut bien dire que le jeu est accompagné d'une très jolie bande sonore qui colle parfaitement à l'ambiance du titre.


L'écriture des personnages et leurs interactions est aussi un des éléments qui a le plus retenu mon attention au cours de l'aventure. Bien entendu Joel, sorte de père de famille lambda mais complètement transformé par l'univers dans lequel il vit et la perte de ses proches. Point de gentillesse, d'attention dans ce monde de brute. L'homme est retourné à l'état sauvage. L'homme est un caméléon, et notre Joel a su s'adapter. Désormais il est sans pitié, intransigeant, violent, ne recule devant rien pour atteindre ses objectifs. Pour autant son cœur n'est point fait de pierre et notre petit bout de fille a su émouvoir notre grand bonhomme acariâtre sur les bords. Loin des clichés habituels sur les jeunes filles, notre Ellie, au passé tout aussi sombre que celui de Joel, va se trouver être un personnage ô combien impressionnant et attachant. Débrouillarde, amusante, aussi (voire plus) mature qu'un adulte, nous la verrons ainsi évoluer au cours de cette aventure traumatisante et effroyable au possible.
De même il convient aussi de mettre en avant la qualité des autres personnages et des rencontres que vont faire nos deux héros au fil du jeu. Entre un ancien compagnon devenu un peu fou, des individus qui tels nos deux comparses essayent de survivre tant bien que mal dans ce monde de brute, impitoyable (où pourtant ne réside pas Clint), mais aussi des groupes de survivants pas forcément très commodes …


Pour soutenir cet aspect émotionnel, qui tend vers un certain réalisme, et constitué d'un certain côté cinématographique, il était nécessaire d'avoir une réalisation solide à proposer aux joueurs. Et là on vise en plein dans le mille. Non pas qu'il n'y ait rien à reprocher techniquement au titre, si il fallait chipoter j'ai constaté que l'aliasing était assez présent, mais vous me direz, sur les nos vieilles générations claudiquantes il ne faut pas demander la Lune... Pour le reste, effectivement , l'aspect purement technique est assez impressionnant. Visuellement parlant, on doit se retrouver ici avec un des plus beaux jeux sur Playstation 3, sinon le plus brillant. Le niveau de détail est impressionnant, notamment en ce qui concerne les visages et les animations faciales, les personnages sont biens animés, les textures ne bavent pas, les jeux de lumières sont remarquables, les couleurs sont magnifiques, certains panoramas enchanteurs …
De même, malgré son certain classicisme, j'ai plutôt accroché à la direction artistique du jeu, le monde post apocalyptique est bien retranscrit, les environnements variés. Certes, ça manque un peu de magie et d'originalité, mais ça fait tout de même solidement le boulot. En tout cas, sans doute le parangon de la technique sur Playstation 3.
A noter aussi que je n'ai pas remarqué de ralentissement durant toute l'aventure. Mais n'étant pas sûr de moi je préfère laisser la conclusion sur ce point à d'autres ...


C'est tout cela qui m'a amené à dire que les meilleurs moments de The Last of Us sont ceux pendant lesquels on ne joue pas. Un peu provocateur je vous l'accorde. Mais il est vrai que les phases purement de gameplay, sans être bien sûr de mauvaise qualité, m'ont beaucoup moins transportées et convaincues que les autres points mentionnés précédemment.
Le gameplay en lui même, très classique pour un TPS, empruntant par ci par là des éléments ne viendra pas bouleverser les canons du genre, mêlant à la fois des phases d'exploration, d'action et des moments d'infiltration. Voire que des scènes d'actions si vous êtes vraiment mauvais... Discrétion qui est d'ailleurs aidée par ce que je trouve une tare du jeu vidéo contemporaine à travers cette possibilité tel Batman de connaître la position des ennemis aux alentours. Adversaires qui d'ailleurs font souvent mouche et mal en cas d'affrontement direct, qu'il s'agisse des humains et des différents types d'infectés tant notre personnage peut se révéler fragile. Pour autant, bien qu'on ait plutôt l'impression de diriger un individu « lambda », alors même qu'on puisse comme un peu partout maintenant upgrader ses capacités et son inventaire, je ne qualifierai pas le jeu pour autant comme un jeu de survie. En mode normal le jeu se fait tranquillement, certes il arrive de trépasser lors de certains passages, mais rien de très difficile. Pour autant je dois avouer que certains moments mettent une belle tension, notamment lorsqu'on se retrouve en phase d'une tripotée d'infectés, claqueurs, géants et autres du genre et que l'on souhaite à tout prix éviter de se faire repérer pour ne pas déclencher un gros bordel, et souvent aussi dans ce cas finir occis par une de ces saletés.
Par contre je dois dire que les affrontements avec les humains m'ont plutôt laissés de marbre, très peu stimulants et redondants. Ennemis d'ailleurs pas forcément aidés par une intelligence artificielle quelque peu friable, ce qui ne complique guère les joutes. Alors certes, on ne peut pas dire qu'ils sont impassibles et statiques, ils essayent régulièrement de bouger, de contourner et de faire preuve d'initiative, mais la plupart du temps ils sont d'une idiotie sans nom. Il suffit de les attirer dans un coin et hop c'est terminé l'affaire est pliée. De même que parfois, voir son compagnon au sol une flèche dans la tête ne suscite chez eux guère d'inquiétudes et leur tour reprenant comme si de rien était si... ils n'ont pas complètement bugé et se retranchent derrière leur position pendant un temps effroyablement long. Point donc en demi teinte, et qui casse un peu la très bonne immersion du titre.


Voili voilà pour un petit avis rapidou non exhaustif. En tout cas, je peux maintenant affirmer que The Last of Us est clairement pour moi un des meilleurs jeux de la Playstation 3. Certainement pas un chef d'ouvre, car miné par quelques petits défauts gênants, mais en tout cas un jeu à faire absolument pour tout bon joueur qui se respecte. Naughty Dog prouve encore une fois l'étendu de tout son talent.

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