Sur Playstation, nous autres joueurs européens et français moyens avons enfin pu nous ouvrir sur ce monde rempli de richesse qu'est le RPG. Alors oui, de très très bons jeux sont sortis avant sur les 8 et 16 bits. Si l'on saute un peu plus loin dans le temps, on trouve beaucoup des jeux de rôle sur des supports bien plus anciens mais les '' progrès '' (techniques principalement, rendus possibles par l'évolution technologique) apportés au genre pendant la décennie 90 vont consolider et les éléments indispensables à la recette et en codifier de nouveaux ; avec son lot de stéréotypes.
The Legend of Dragoon apparaît à la fin du siècle et semble disparaître aussi vite qu'il est entré dans nos magasins de jeux à l'époque. C'est vrai qu'on* avait déjà un bon début de commencement de collection de RPG à entamer depuis 95-96 seulement, en ce temps-là, on pouvait facilement passer à côté des réelles tueries pour plusieurs raisons. L’Internet n'était pas aussi accessible que maintenant et donc les meilleurs moyens de se renseigner, c'étaient d'acheter les magazines (pour ceux qui en parlaient sans se contenter d'un petit encadré), de questionner sans relâche les vendeurs-stagiaires en boutique, de tomber dessus par hasard ou le bouche-à-oreille. Disons qu'il y avait beaucoup moins de spéculation, du moins celle-ci restait discrète et l'amalgame des avis subjectifs ne formaient pas encore cette masse nébuleuse d'objectivité camouflée qu'on connaît aujourd'hui. Ça a l'air d'une critique mais c'est indispensable, et ma foi c'est le jeu, on fait presque tous ça. Pourquoi dis-je tout cela ? Le but n'est pas de polémiquer sur ce dernier sujet mais bien d'expliquer une des raisons qui, SELON MOI, font que The Legend of dragoon n'a pu asseoir sa pérennité.
Parce que The Legend of Dragoon avait tout pour réussir à l'époque. D'ailleurs, j'y ai rejoué il y a pas longtemps pour être certain de ne pas laisser la nostalgie pianoter sur le clavier et je peux affirmer sans mal qu'il se tient sa place parmi les meilleurs RPG de la Playstation. Le jeu est clairement un RPG en mode classique, là-dessus, il n'a rien inventé et il y a beaucoup de similitudes avec la saga Dragon Quest, bien plus qu'avec Final Fantasy (oui je sais, on cite toujours ces deux références mais il n'y avait pas toujours grand-chose d'aussi accessible et populaire, de plus, c'est justement cette popularité assurée qui a abattu TLOD avant même d'atteindre le statut platinum ; de fait, il sera à peine considéré comme un classique). Comme la force du jeu ne tient pas vraiment vraiment (et en même temps si carrément) de l'innovation, il n'y a pas de concept particulier à expliciter. Le test sera dans l'ensemble concentré sur ses points forts et ses points faibles. Banal, mais ça me permet aussi de ne pas faire une colonne d'un mètre vingt tellement il y a à dire.
C'est pourquoi je passe volontairement sur l'histoire du jeu. L’Histoire, devrais-je écrire ; cette majuscule soulignant la qualité et l'importance du scénario. Elle peut paraître basique, attendue, voire totalement dénuée d'inspiration pour certains teigneux ; je tolère... difficilement mais je tolère. L'univers du jeu est quand même assez mature pour de l'heroic-fantasy et on évite certaines facilités même si on retrouve quasiment tous les éléments du genre. C'est en tout cas un rendu original et au final les nombreux retournements de situations justifient la longueur de l'aventure.
La différentiation la plus importante que l'on peut faire concerne le système de combat. Au tour par tour, au premier abord simpliste, basique et mou. Pourtant SCEI est parvenu à insuffler une dimension tactique et nerveuse assez rare pour l'époque. Les attaques s'effectuent à l'aide de combos. En appuyant sur les bonnes touches au bon moment, les coups s'enchaînent et les attaques deviennent plus puissantes quand il est réussi. Ce principe permet au joueur de participer au combat avec plus d'intensité. On en gagne de nouveaux au fur et à mesure de la progression, plus longs, plus puissants et plus difficiles à réaliser pour chaque personnages (sauf l'autre cruche). En outre on peut aussi se défendre pendant un tour (en regagnant une partie des HP max, pratique), utiliser des objets dont certains offensifs très vite inutiles. Heureusement donc que les combos sont là pour que les combats soient un peu plus rythmés (et nous fassent parfois oublier les musiques correspondantes). D'ailleurs je l'ai trouvé à l'époque particulièrement corsé à certains moments. Les boss requièrent quelques fois d'être abordé avec une stratégie bien établie. Ce qui ajoute au rythme pendant les boss est le fait que l'on passe souvent par différentes phases nécessitant bien souvent de revoir sa tactique actuelle. Ce qui ne fait qu'ajouter à la pression, si l'on compte en plus les combos à ne pas foirer et, bien sur, la férocité de quelques élites. Lénus, quand j'étais gosse, m'a pris vraiment beaucoup de temps. Le principe pierre feuille ciseaux avec les huit éléments représentés dans le jeu renforce le côté technique et, pour terminer, nos persos peuvent carrément se transformer en chevaliers dragons (en dragoon quoi) pendant la bataille, rendant certaines luttes totalement épiques. Plus de forces, plus d'attaques, une transformation bien réfléchie peut faire pencher la balance.
On a là droit à un système qui par ces nombreux apports rivalise largement avec les gros titres de l'époque. Le reste du jeu est à découvrir par soi-même, si certains ne l'ont pas encore essayé (bon, il vaut assez chez aujourd'hui donc, tout à fait entre nous...). Les quêtes annexes ne sont pas toutes passionnantes mais occupent tout de même nos esprits donc le jeu, en ligne droite déjà assez long est en plus très complet. Au niveau graphique, on n'atteint pas les sommets mais je n'ai jamais jugé un jeu à ses graphismes, donc difficile pour moi d'en tenir compte mais c'est un petit bémol. C'est vrai que le design polygonal laisse parfois à désirer mais n’entache pas pour autant l’expérience de jeu. Cela dit, les cinématiques sont magnifiques (doublées en plus) et les décors sont ce qu'il y a de plus réussi et sont très agréable à l’œil. On peut par contre reprocher la linéarité, relative, du jeu. J'avoue qu'il aurait été plus pratique et plaisant de pouvoir se promener avec plus de facilité sur la map, par exemple. La plupart du temps, le joueur aura la possibilité de profiter des environs d'une zone mais il n'y a qu'un chemin prédéfini entre deux zones. Alors parfois, en effet, repasser par un endroit pour aller faire un tour en arrière, c'est lourd.
Enfin, il n'est pas certain que la bande-son du soft ait convaincu. C'est un point très important dans le succès d'un jeu. Ça ne le fait pas tout le temps mais en général ça va de pair. Une bonne musique pendant qu'on joue rend peut-être plus tolérant où facilite l'immersion. Pour ma part, certaines musiques de ce jeu font partie de mes musiques de jeu vidéo préférées. « If you still believe » est transcendante, « Hokes village » est dans mon top 5 des meilleurs du jeu. Mis à part quelques pistes un peu fades ou faussement nerveuses, dans l'ensemble, je trouve qu'elles sont de très bonne qualité donc là-aussi, difficile d'être objectif. Et puisqu'il est question de son, on notera l'effort d'avoir ajouté des voix (parfois risibles et énervantes pendant les combats ^^) et même de doubler en français et ça, c'est pas tous les badass de l'époque qui pouvaient s'en vanter.
Alors voilà, je me suis fais un petit plaisir en me remémorant mes vieilles aventures avec ce jeu. Sincèrement, je le considère comme un équivalent de FF (qui est la série que j'ai le plus apprécié et admiré). Je suis content de voir qu'aujourd'hui encore, il compte parmi une référence. C'est peut-être dû à son impopularité que ce jeu a acquis son statut de culte mais je maintiens qu'il n'a pas eu le succès qu'il méritait. Il a, entre autres, été complètement explosé par un premier ovni dans une saga sans tâche : Final Fantasy IX. Quand je vois ce que le 9 m'évoque les années passant, l'amertume que provoque ce gâchis est sans mot. Il n'en reste pas moins une expérience enrichissante et c'est pas dit à la légère. Je remercie les étoiles (et ma grand-mère, si si) de me l'avoir fait connaître.
Si certains ne le connaissent pas et lisent par hasard cette critique, allez jeter un œil sur http://www.legendofdragoon.fr/index.php; le forum n'a pas l'air très actif mais tout y est.

h0lycheat-X5
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le 6 juil. 2015

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