Il y a des classiques qu’on admire sans les aimer.
A Link to the Past en fait partie pour moi.
J’ai essayé, sincèrement. Je voulais aimer ce Zelda qui a marqué toute une génération, que tant de joueurs citent comme le meilleur, le plus pur, celui qui aurait défini l’essence de la saga. Je vois ce qu’il a apporté. Je reconnais tout ce qu’il a posé comme base, ce qu’il a légué aux épisodes suivants. Mais je ne ressens rien, ou pas assez.
Demandez moi de refaire quelques épisodes de Zelda se serait avec plaisir, sauf, si c'est celui-ci...
Peut-être que c’est une question de timing.
Je ne l’ai pas connu à sa sortie, je ne l’ai pas vécu comme une révolution. Je suis arrivé après, quand les Zelda avaient déjà pris une autre forme, plus ample, plus narrative, plus vivante à mes yeux. Revenir à A Link to the Past, c’était comme ouvrir un vieux grimoire, je comprends son importance historique, mais je peine à m’y plonger.
Je le feuillette plus que je ne le vis.
Son monde est bien pensé, oui.
Les deux dimensions, le clair-obscur du monde de la lumière et du monde des ténèbres, cette idée de bascule entre les réalités, c’est fort. Pour l’époque, c’était même du génie, avec encore une inspiration à la Final Fantasy qui nous permettais limite d'avoir deux jeux en un. Mais je reste extérieur, je n’ai pas cette envie d’explorer, de pousser chaque pierre, d’aller au bout des donjons surtout quand il s'agit de cette nouvelle dimension chaotique... Il y a une rigidité, une sécheresse dans la boucle de gameplay qui me tient à distance. Chaque pièce est un puzzle froid, chaque objet une clef pour un verrou prévu à l’avance.
Tout fonctionne, tout est calibré… mais il manque la magie.
Et puis, soyons honnête... Le rythme est rude. Une première moitié un peu molle, puis cette surcouche de monde parallèle devient un terrain de routine plus qu’un émerveillement. À force d’itération, le jeu finit par me perdre. Je le traverse plus que je ne l’habite.
Imaginez...
Un monde ouvert… mais balisé. Une répétitivité qui s’installe, notamment dans la seconde moitié, où l’on enchaîne les temples sans que le monde n’évolue ou ne se transforme réellement. Le Dark World, qui promettait une inversion radicale, se résume souvent à une version plus sombre mais pas plus surprenante. On s’y perd moins qu’on s’y ennuie.
L’ambiance sonore est classique, les musiques iconiques sont là, mais elles ne me touchent pas comme dans d’autres épisodes. Les personnages sont peu marquants, les dialogues réduits à l’essentiel, et même Link, dans cette version, m’apparaît comme un pantin trop sage. Il fait ce qu’on lui demande, il enchaîne les temples, il remplit sa mission.
Mais contrairement à la plupart des épisodes, il ne me raconte rien.
Couplé un design et des animations que je trouve un poil grotesque... Oui pour moi c'est une assez grosse déception.
Alors voilà, Link to the Past est une œuvre majeure, un pilier du jeu d’aventure, un modèle de level design. Je ne le conteste pas et je le respecte même profondément pour ça. Mais le respect ne suffit pas toujours à créer un attachement. Il me laisse froid, ce jeu et il m’inspire plus d’analyses que de souvenirs.
Et c’est peut-être ça, le vrai critère pour moi, surtout sur une sage de cette envergure... Est-ce qu’un jeu laisse une trace ? Est-ce qu’il me revient en tête quand je ferme les yeux ? Est-ce qu’il m’a fait vibrer, même un instant ? A Link to the Past, lui, m’a simplement glissé entre les doigts. Alors je m’incline devant ce qu’il représente, mais je passe mon tour.
J'ose donc enfin avouer, que oui, cet opus est certainement celui que j'aime le moins de toute la franchise.