Avant de débuter, je dois vous dire que je ne sais pas vraiment où je vais aller avec cette « critique », je voulais juste annoncer qu’à aucun moment je partais pour ne pas aimer le jeu, à aucun moment non plus j’enfournais la galette dans le but d’avoir une « expérience » comme on dit maintenant incroyablement originale. Le jeu vidéo peut avoir plusieurs formes aujourd’hui on le sait, ce n’est donc pas la peine de marteler partout que The Order 1886 tente autre chose et qu’il faut être un gamer ouvert d’esprit pour en apprécier la valeur. On juge une oeuvre sur son intérêt et non sur ses notes d’intentions alors que Ready at Dawn ait pour volonté d’apporter une vision cinématographique dans leur titre pas de soucis pour moi, encore faut-il réussir à trouver un équilibre pour marier les deux et vu le résultat, nous avons encore la preuve que c’est loin d’être évident.
Titre plein de contradictions, The order 1886 souffle le chaud et le froid tout au long de son aventure mais soyons clair, il est impossible de rester de marbre face à sa réalisation graphique. Jamais je n’avais vu une telle précision dans les détails, jamais un jeu vidéo ne m’avait autant marqué dans son travail incroyable sur les éclairages, les textures. Rien est pris en défaut, l’univers installé est crédible. Bonne chose d’autant plus qu’il s’agit d’une oeuvre originale et non d’une énième franchise. Je crois vraiment qu’il s’agit du plus beau jeu sur le marché et ça faisait longtemps qu’une nouvelle série n’avait pas réussie à vraiment se démarquer par son identité visuelle. Nous n’avons aucun mal à entrer dans le jeu tant celui-ci arrive à installer une atmosphère bien aidé aussi il est vrai par le score étonnant de Jason Graves (Dead Space, Tomb Raider) qui va à l’encontre de ce que nous avons l’habitude d’écouter dans des titres de cet envergure. Donc oui de ce côté là les promesses sont tenues, les transitions entre les cinématiques et le jeu sont invisibles. On démarre donc sur l’envie d’en savoir plus, de plonger dans une histoire qu’on imagine paliptante. Seulement voilà, à trop vouloir nous flatter la rétine avec son moteur flambant neuf Ready at Dawn montre rapidement les limites de leur projet et le soufflet à vite fait de redescendre dés qu’il s’agit de creuser un petit peu.
On est d’accord, le studio ne s’est jamais caché de vouloir proposer une « expérience cinématographique » (mon dieu que je déteste ce terme…) mais cela doit-il se faire au détriment du gameplay et de la profondeur de jeu ? Il est vraiment étonnant de voir le fossé gigantesque entre la technique incroyable du titre et son gameplay que l’on peut largement décrire comme archaïque. Third Person Shooter dans ce qu’il a de plus basique The Order 1886 n’arrive même pas à la cheville de beaucoup de titres du genre pourtant sortis il y a des années. Reprenant quasiment à l’identique le système de jeu de Gears of War (jeu de 2006 qui a popularisé le genre sur Xbox 360), il n’apporte strictement rien et arrive même à faire plus linéaire en installant ses phases d’action dans des arènes aussi étriquées qu’une aire de jeux pour enfants. Heureusement pour nous, les fusillades restent nerveuses mais aucune liberté n’est donné au joueur qui se contente de subir une action dont le rythme est imposé par des développeurs qui vont même jusqu’à imposer les moments où l’on peut courir où non… frustrant surtout lors de séquences pénibles et sans réels enjeux. À noter qu’il y a aussi des phases d’infiltration mais celles-ci sont tellement loupées que je n’ai pas envie de m’arrêter dessus. Concernant les QTE, là non plus rien de vraiment neuf, parfois bien utilisés lors d’affrontement mano à mano bien brutaux, ils servent aussi parfois d’excuse pour ajouter de l’interaction là où l’on sent que ce n’était pas prévu (appuyer sur X après 5 min de cinématique je n’appel pas vraiment ça de l’interaction personnellement). Dans certaines séquences il faut même parfois faire attention car étant donné que le jeu veut mélanger cut-scene et « gameplay » il faut s’attendre à ce que ça se déclenche parfois n’importe comment. Il est compliqué de comprendre les raisons qui ont poussé le studio à mettre de côté les séquences de jeu à ce point. Trop occupé sur le moteur du jeu ? Possible… mais alors que reste t’il pour faire de cette grosse exclue autre chose qu’une simple démo technique se prenant pour un blockbuster hollywoodien ? Le scénario peut être ? Et bien là encore c’est la déception, pourtant ça démarrait plutôt bien.
Il fallait que se soit réussi au niveau de l’histoire. Avec une mise en avant « d’une expérience cinématographique » (Grrrrr je déteste vraiment ce terme…) tu te dois de soigner ton scénario, tes personnages. Ici on a clairement des réussites, l’univers comme nous l’avons déjà souligné est correctement posé, Galahad le héros du jeu est charismatique et certains autres personnages sont bien mis en valeur voir intéressant malgré les clichés utilisés pour les faire exister. Le problème c’est que tout cela fini par manquer cruellement de consistance donnant l’impression de se déplacer dans un monde finalement assez vain, inexploité voir froid. L’intrigue (qui pourtant avait de bonnes bases avec l’utilisation des chevaliers de la table ronde) part très vite dans tous les sens ne laissant pas le temps à l’intrigue de se placer et aux protagonistes d’exister. Un vrai problème d’écriture renforcé par une conclusion bâclée ou tout s’achève n’importe comment. Le final du titre laisse réellement un goût amer, une sensation d’inachevé comme si on venait simplement de voir l’introduction d’un jeu qui venait tout juste de décoller… et ça, je peux vous dire que ça commence à royalement me gonfler ! Marre des ces jeux/films qui pensent saga et rentabilité sur le long terme avant même de construire une oeuvre solide permettant l’installation d’une franchise. The Order 1886 aurait pu marquer les esprits si il avait fait preuve de maitrise dans sa narration et si il avait pleinement utilisé son univers mais au lieu de ça on se retrouve devant la promesse d’une suite surement meilleur et plus ambitieuse. Tout ça pour ça pourrait on dire…
Alors non The Order 1886 n’est pas « une expérience » même si l’on peut saluer la tentative d’offrir un jeu différent et surtout un univers original, non ce n’est pas un jeu qui demande une ouverture d’esprit pour être apprécier par des joueurs qu’ils sont assez aware pour accepter tout et n’importe quoi. Le nouveau jeu de Ready at Dawn n’est ni un bon film, ni un bon jeu vidéo juste à la limite une série B correcte troussée correctement et sincère que l’on tente de nous faire passer pour un blockbuster sur des machines qui ont du mal à impressionner des joueurs qui ont faim de « next gen ». Pas désagréable à parcourir grâce à une réalisation (technique) incroyable, un univers riche en possibilités et à un rythme plutôt maitrisé le jeu aura quand même bien du mal à marquer les esprits tant les défauts de conception sautent aux yeux une fois la claque graphique digérée.
