Geralt, il a trop la classe. La seule personne susceptible de faire de la concurrence à la classe de Geralt, c'est Mister Nomé. Avec ses 30 kg tout mouillé, son nez à manger un surimi sous la douche – il ne fume pas – et son regard de braise myope, il impressionne facilement toute personne qui ne le connaît pas. Mais bon, là, le jeu est sur Geralt, donc on va parler de ça. Je vous parlerai plus avant des différentes techniques de combat rapproché contre les insectes de Mister Nomé – lui aussi est un chasseur de monstres hors pairs – une autre fois.


On retrouve donc l'ami Geralt dans le troisième volet vidéo-ludique de ses aventures, alors qu'il recherche Yennefer, la sorcière aux longs cheveux noirs. Cette recherche n'est que l'introduction à une autre recherche, beaucoup plus compliquée, celle de Ciri, que Geralt considère comme sa fille adoptive. Cette quête principale nous mènera dans différentes régions de l'univers, où l'on rencontre des personnages hauts en couleurs et retrouve de vieux amis. Je ne m'étendrai pas dessus tant il serait dommage de vous révéler certains éléments. Toujours est-il que je l'ai trouvée bien écrite, riche et tortueuse juste ce qu'il faut. J'aime beaucoup le fait que Geralt, héros-qui-a-trop-la-classe du jeu ne soit pas pour autant le « sauveur de l'humanité » comme c'est trop souvent le cas. Ce qui l'implique dans cette histoire, même si on lui demande de rechercher Ciri, c'est avant tout une quête personnelle. Et c'est ça qui est intéressant. Bien sûr, Geralt n'est pas Jojo le Clodo, mais il reste une personne qui se retrouve impliquée dans des affaires plus grandes que lui plus ou moins par hasard, qui le dépassent parfois. Le joueur sera confronté à des choix dont il ne connaît pas forcément à l'avance toute la portée et ce qui semble être le mieux – ou plutôt le moindre mal – se révèle parfois catastrophique.


Au fil de notre recherche, on croisera aussi le chemin de damoiselles – et damoiseaux – en détresse qui nous enverront chasser joyeusement le monstre et d'autres activités bucoliques. Ce que j'ai beaucoup aimé, dans les quêtes annexes, c'est qu'à aucun moment je n'ai eu l'impression qu'elle étaient là pour rallonger le jeu, pour apporter du contenu artificiel. Elles s'intègrent dans l'histoire de manière cohérente et ne sont pas du genre « hé, va me chercher mon sandwich et ramène-le t'auras un bisou » que l'on croise trop souvent dans les RPG. Parfois elles sont relativement simples : identifier et trouver le monstre, le tuer, récupérer la récompense, et d'autres elles sont plus compliquées. Le monstre n'est pas forcément ce que l'on croit, ou pas forcément un monstre. Parfois on devra décider si on le tue ou pas, par exemple. Parfois on croise de vieilles connaissances et on se dit « mais la vache si j'étais pas allée traîner dans ce bled tout miteux je n'aurais jamais croisé Bidule ! ».


Pour en finir avec le scénario, j'ai aussi apprécié la narration qui, non contente de nous obliger à explorer plusieurs pistes en même temps, nous permet à l'occasion de flashbacks correspondant au récit des aventures de Ciri faites à Geralt d'incarner la jeune femme. Ce n'est ni très long ni très compliqué, quoi qu'un peu déstabilisant au début car elle ne se joue pas comme notre cher Witcher, mais cela apporte un peu de nouveauté et de fraîcheur à l'histoire.


La prise en main est assez simple pour qui a déjà tâté du Witcher 2 – je ne peux pas dire pour le premier, je n'ai pas encore eu l'occasion de le faire – mais demande quand même un peu d'attention. Pas question d'aller traîner dans des endroits louches sans avoir le bon équipement ou ingurgité les bonnes potions. Le bon point, par contre, est qu'une fois que l'on a fabriqué une potion en gambadant gaiement dans la nature pour cueillir toutes les fleurs nécessaires à la décoction, le stock se remplit tout seul lorsque l'on médite, pour peu qu'on ait de l'alcool – et c'est pas dur à trouver ! C'est appréciable parce que la cueillette des fleurs ça va 5 minutes et les boutiques pour trouver les ingrédients, ça coûte cher. Et Geralt n'est pas très riche. Pas question de se payer le super équipement-de-la-mort-qui-tue après avoir rempli son premier contrat. Il va en falloir, du monstre tué et des épées pourries vendues pour pouvoir l'avoir, cette super panoplie-de-Witcher-trop-la-classe-aussi-beau-que-les-jeans-slims-de-Mister-Nomé. Alors bon, je dois avouer que la tâche ne m'a sans doute pas été facilitée par mon altruisme et ma bienveillance maladifs qui m'ont poussée à ne jamais négocier le prix d'un contrat, à parfois même abandonner la récompense « pour mes principes » ou parce que vraiment, les gens ils en avaient plus besoin que moi. Ah et je ne pique pas chez les gens, non plus, juste dans les trucs désaffectés ou chez les bandits. Mais quand je l'ai eu cet équipement, je n'en étais que plus satisfaite.


Concernant l'évolution du personnage, il y aura là aussi des choix à faire car quand on voit les arbres qui s'offrent à nous, on sait d'avance que l'on ne pourra pas développer Geralt sur tous les terrains. C'est un peu comme avec Mister Nomé, on ne peut pas lui demander le même jour de tendre le linge et de passer l'aspirateur, ça fait trop. On peut faire de Geralt un spécialiste du combat, un fan des signes – la magie simple qu'il utilise – ou un accro aux potions. On peut aussi partir sur un personnage relativement équilibré, ce que j'ai fait quoi qu'en mettant un peu plus l'accent sur les potions.


Enfin – il y aurait encore tant de choses à dire mais je vais finir par vous lasser – je voulais vous parler du Gwent. Geralt a en effet décidé de collectionner un maximum de cartes de ce jeu un tantinet stratégique simulant un champ de bataille. J'ai pris beaucoup de plaisir à en apprendre les règles et à aller voir tous les marchands pour leur demander s'ils voulaient jouer aux cartes avec moi. Pour le coup, Geralt est beaucoup plus docile que Mister Nomé qui n'accepte que très épisodiquement de se faire une petite partie de Zombies VS Cheerleaders avec moi. Je ne saurais dire si c'est la mécanique de ce mini jeu ou le côté collection qui m'a le plus enthousiasmée, sans doute un mélange des deux. Toujours est-il que j'y ai consacré un temps astronomique.


Bref, si vous aimez un tant soit peu les univers dark fantasy avec une histoire bien construite, du contenu et de la bagarre, je vous recommande sans plus tarder d'adopter un petit Geralt. Parce que Mister Nomé est tout aussi bien dans son genre mais je le garde, celui-là.

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le 12 févr. 2016

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Nomenale

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