Ce nouveau Tomb Raider si sobrement intitulé nous fait découvrir les origines de la célèbre archéologue au travers de l’une de ses premières aventures, ou, tout du moins, d’une des plus dangereuses. Je vais essayer de ne pas dévoiler trop de détails (juste le premier niveau du jeu, qui fait office de tutoriel).

Tout commence à bord d’un navire en plein cœur d’une tempête. On prend alors le contrôle de notre chère exploratrice à queue de cheval, et on commence à se rendre compte que l’esprit de Michael Bay a pris possession du corps du scénariste, car le monde s’écroule autour de Lara : ça explose dans tous les sens, mais il y a toujours une poutre ou une passerelle bien placée qui met un peu plus de temps que les autres à s’effondrer. Alors bon, je dois bien avouer que je n’ai jamais été le passager d’un navire en train de s’ouvrir en deux, mais j’estime qu’il y a quand même un peu de surenchère niveau explosions. Bref, c’est un détail, mais j’y reviendrais.

Notre héroïne exténuée se retrouve donc échouée sur une plage, et tente, en vain, de se faire repérer par ses amis, qui sont trop éloignés pour l’entendre. Un petit moment d’inconscience plus tard, et elle se retrouve pendue au plafond d’une caverne, ficelée comme un saucisson. C’est alors l’occasion de découvrir l’un des aspects du gameplay du jeu, après avoir découvert un doublage français correct mais pas toujours convaincant : pour la libérer, il va nous falloir maltraiter notre manette (oui, avant de lancer le jeu, je me suis dit « vu qu’il risque d’y avoir pas mal de grimpette, j’ai bien envie de brancher ma manette d’Xbox 360 que j’ai achetée pour Street Fighter 4 mais auquel je ne joue jamais », mais ça aussi, je vais y revenir) pour lui faire faire diverses actions : se balancer, briser des verrous, se retirer un énorme morceau d’os du bide… oui, oui, vous avez bien lu, et il va falloir vous y habituer. Lara en prend tellement plein la tronche, du début à la fin de l’aventure, qu’on se risquerait presque à la prendre pour une version féminine de Rambo. Ne vous inquiétez pas, l’arc et les flèches explosives ne vont pas tarder.

Bref, notre charmante éclopée est toujours dans cette caverne et commence à se poser de sérieuses questions. Evoluant parmi les cadavres fraîchement décomposés, l’eau stagnante et les ossements, elle est toujours poursuivie par son agresseur. Pour se changer un peu les idées, Lara visionne alors un enregistrement réalisé à bord du navire, qui nous donne alors l’occasion de découvrir les personnages secondaires. Malheureusement, ils sont au mieux inintéressants ou antipathiques, au pire stéréotypés et idiots (les méchants, surtout, et vous les aurez repérés rapidement).

Enfin… la première énigme arrive, le premier affrontement aussi. On commence donc à découvrir des mécanismes assez simples à base de physique, et les premiers QTE du jeu, où chaque instant décisif manqué vous ramène au début de la séquence. C’est exaspérant, d’autant plus que la fenêtre de tir n’est pas toujours bien grande et qu’on ne peut pas deviner quels boutons il va falloir presser lors de nos premières rixes. On parvient tout de même tant bien que mal jusqu’à la sortie, après une autre petite session de course et d’escalade pendant que la moitié de la caverne s’écroule. Une petite cinématique lui permet de respirer un peu et de s’armer d’un arc. L’heure de la chasse a sonné. On ne sait pas vraiment pourquoi ça lui prend (le reste du temps, attendre cinq secondes lui suffit pour se remettre d’aplomb, elle n’a pas besoin de se nourrir), mais c’est aussi l’occasion d’évoluer dans un environnement un peu plus ouvert, mais ne vous y trompez pas : Lara ne quittera pas le chemin tracé prévu par le scénario, en dehors de deux ou trois activités annexes qui sont au mieux rapides à compléter, ou, au pire, sans réel intérêt. Les tombeaux facultatifs comportent tous une seule énigme pliable en cinq minutes, pour déboucher sur une petite scène où notre pilleuse de tombes ouvre un coffre astucieusement dissimulé en poussant un « oah » d’émerveillement. Il ne manque plus qu’un « c’est de toute beau-té » pour que notre rictus désabusé se transforme en rire.

Si le jeu propose quand même pas mal de phases d’escalades, de mini-jeux répétitifs mais distrayants au début, il ne laisse finalement que très peu de place à l’exploration pure et simple. Ceux qui voudront trouver tous les objets du jeu y passeront du temps (il m’a fallu environ 18h pour terminer le jeu en avoisinant les 100%, mais j’ai pris mon temps), mais retourner un niveau trois fois pour collecter des objets n’est pas vraiment une expérience très enrichissante… pas autant que de trouver une entrée secrète vers un lieu secret digne de ce nom, en tout cas.

Une grande partie du jeu consiste en fait à mitrailler tout ce qui bouge et à courir à tout berzingue pour anéantir la tripotée de psychopathes qui en a après vous et vos amis. Pour cela, l’arsenal va du pistolet à l’arc, en passant par le fusil d’assaut, le fusil de chasse et le piolet, qui servira autant à perforer des gens qu’à escalader des parois. Plutôt réussis, les affrontements vous poussent à vous mettre à couvert, et même parfois à vous déplacer (via des lancers de bombes, de cocktails molotov…) et votre personnage, tout comme vos ennemis, est plutôt fragile. Malheureusement, ces derniers ont aussi laissé leur cerveau au vestiaire, et il suffira bien souvent de dégommer le morceau de tête dépassant de leur caisse pour en venir à bout. Ils sont également omniscients, puisqu’ils sauront où vous trouver s’il vous prend l’envie soudaine d’en descendre un à bonne distance avec un silencieux… Enfin, malgré tous ces points fâcheux, et même si elles n’ont pas représenté un gros défi, ces phases de combat font quand même partie des deux choses que j’ai le plus apprécié dans ce nouvel opus.

Les changements apportés à l’héroïne m’ont plu. Elle ne ressemble plus à une simple poupée en plastique aux proportions monstrueuses et avec une tête creuse. Si quelques absurdités ne venaient pas noircir le tableau, je dirais même qu’elle est attachante et plutôt convaincante. Par « quelques absurdités », je veux dire : si le scénario ne lui faisait pas manger deux bérets verts au petit-déjeuner tout en nous donnant l’impression d’une femme encore fragile et bouleversée (il lui arrive de sortir des répliques assez étonnantes entre deux échanges de bastos ; mademoiselle, ce n’est pas parce que vous demandez à ces gros monsieurs « pourquoi ils sont si méchants » qu’ils vont arrêter de vous tirer dessus). Bon, il lui arrive aussi de gémir sans motif apparent, mais j’ai presque envie de reprocher ça aux épreuves qu’elle subit.

Je n’ai pas vraiment détaillé le scénario… je préfère vous laisser le découvrir. Je le trouvais un peu quelconque au début, avec des personnages secondaires sous-développés et totalement dispensables (du nerd inutile aux lunettes de hipster à l’opportuniste très méchant qui vend son équipe… y’en a pas un pour rattraper l’autre), et une histoire qui part véritablement en sucette à partir de la première moitié du jeu. On retrouve les fameux journaux/enregistrements qui nous donnent un peu plus d’infos sur l’environnement dans lequel on évolue. Un complément narratif intéressant qui ne réussit malheureusement pas à masquer le ridicule du scénario, et le degré de grosses explosions qui atteint ici un point de non-retour. Alors que l’héroïne acquiert son deuxième pistolet (j’ai bien aimé ce clin d’œil), j’ai imaginé les personnages se demander « merde, comment on va faire pour redescendre ? ».

En conclusion, bien qu’ayant été déçu sur un certain nombre de points qu’un fan de la première heure n’aurait sans doute pas pardonné, je suis plutôt content de ce nouveau personnage. Niveau réalisme, le jeu partage l’un des principaux défauts de Far Cry 3 : son héros, casse-cou et sportif… qui maîtrise toutes les armes en un temps record et qui massacre du milicien à la pelle. Ce Tomb Raider aurait sans doute gagné à être plus ambitieux en termes d’énigmes, de scénario, et je conçois qu’un fan des premiers Tomb Raider puisse grincer des dents. Ça ne m’a pas empêché de m’amuser, mais je ne suis pas non plus pressé de mettre les mains sur sa suite.
Makks

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