Coincé dans son époque : mon avis sur Tomb Raider

Vous savez ce que c'est que la dissonance ludo-narrative? C'est en gros le fait que ce que l'on nous demande de faire à l'écran et qui est représenté par le gameplay soit l'opposé de l'histoire. La plus fameuse des dissonances, c'est celle qui consistait à mettre un personnage tout fragile dans un jeu, craintif et sans défense et à la transformer quelques écrans plus loin en une tueuse froide et avide de sang capable de décimer à elle seule la population du Honduras.

Comment, c'est exactement l'un des reproches que l'on faisait à ce Tomb Raider? Ah ben c'est justifié ! Parce que si l'on critique Uncharted pour avoir la même tare, il faut critiquer ce jeu qui la décuple avec le personnage de Lara. Parce que si Uncharted est assumé comme étant (au départ) un jeu bien nanardesque où la psychologie est le cadet du soucis du jeu et du joueur, cette même dissonance ne marche absolument pas pour Tomb Raider 2013. Le jeu est censé nous présenter la toute première aventure de Lara avant qu'elle ne devienne celle qu'elle est devenue par la suite. C'est donc un personnage passionné mais chétif que l'on va contrôler. Mais très vite, Lara va se retrouver kidnappée pour une raison...une raison (on y reviendra), isolée de ses amis et va devoir se défendre seule contre une nature hostile (genre, pendant 15 min) ainsi que ses agresseurs. C'est lors d'un enlèvement (encore) que celle-ci va tuer son premier ennemi et là...et ben là, c'est plus la même. Enfin si. Elle a toujours la crainte de grimper en haut d'une tour, de voir ses amis mourir et de pleurer sur leur sort ce qui contrebalance avec les flèches utilisées et les chageurs de fusils vidés. ça ne peut pas être cohérent.

Dans Uncharted, ça peut passer. Mais pas là. Car le jeu se prend grave au sérieux. ça rigole jamais, Lara vit les pires aventures jamais imaginées à nager dans du sang, au milieu de cadavre d'être humains par milliers sur cette île hostile, à être kidnapper (toujours) pour être...manger ; j'en sais rien. Tout est le contraste entre le "fun" de ce que propose le gameplay et l'incohérence de l'histoire. Parce que si le jeu est déjà incohérent dans sa narration, oulà là l'histoire! Oh oh les incohérences. Je vous ai parlé du premier kidnapping toute à l'heure qui intervient quand on arrive au début de l'île...je cherche encore à comprendre le pourquoi du comment...et je pense que les développeurs aussi. Si on trace la logique de la géographie de l'île par rapport au lieu où Lara est retenue captive, ça ne colle déjà pas. Plus tard, les amis de Lara, eux aussi enlevés (ouais, il est souvent utilisé le biais du rapt dans ce jeu) se retrouve dans une grotte, dans une carcasse d'avion sous un lac de lave...Quoi? Allez, la dernière pour la route : Le final du jeu se déroule sur le toit d'un gigantesque monastère qui s'effondre petit à petit au fur et à mesure de l'ascension (on va y revenir)...et pourtant Lara revient tranquillou portant son ami Sam (pas celui d'Uncharted, l'autre là) par une magie qui m'échappe.

Certains diront "oui mais c'est normal, c'est un scénario de série Z"...mais en quoi cela justifierait-il le fait que le jeu soit aussi incohérent? Pourquoi je trouve des balles de Fusils à pompe sur les corps de gardes antiques? Pourquoi certains ennemis se retrouvent derrière des portes qui sont vérouillées de l'extérieur? Comment font certains ennemis pour se retrouver à certains endroits tout courts? Je suis désolé mais on ne peut pas écrire un jeu aussi mal sous prétexte que c'est une série Z. Tu te dois d'être un minimum cohérent. Sinon, à ce moment là, moi aussi je peux inventer des tas de scénarii en un temps record.

Ce côté série Z qui est renforcé par le fait que le jeu n'arrête pas, n'arrête pas, d'exploser dans tous les sens. Jamais il ne prend le temps de se reposer pour proposer autre chose que du tir ou des explosions. C'est comme ça pendant 10h et si au début on se dit que c'est sympa, très vite, c'est tellement n'importe quoi, c'est tellement l'overdose de Lara qui se gammelle et qui fait des sauts pas possible que ça en devient risible. En préambule de ce test, j'ai dis à quelques amis que le jeu me faisait penser à un enfant qui faisait que des conneries pour capter l'attention. Là, le jeu n'arrêtait pas de me proposer du spectacle pyrotechnique de peur que je m'emmerde. Dire que j'avais trouvé Uncharted 3 vraiment casse-pied là-dessus.Tomb Raider démultiplie le tout par 10. Et quand le jeu se pose, c'est pour nous proposer ses quelques temples optionnels, intéressant et qui, pour le coup, montre qu'il était sans doute possible de proposer un meilleur équilibre que ce que le jeu nous a démontré. Par contre, accrochez-vous pour les trouver, j'ai eu énormément de mal à les découvrir personnellement.

Ces respirations beinvenues ne sont de l'ordre de l'affaire de quelques minutes le temps de résoudre l'énigme du sanctuaire (parfois plutôt maligne d'ailleurs) avant de repartir sur les rails de l'histoire avec des personnages peu intéressants au possible, stéréotypés et creux. Que ce soit les gentils ou les méchants, rien ne semble surnager réellement parmi les personnalités de chacun, le personnage de Lara Croft étant le plus écrit mais aussi le plus mal écrit selon moi pour toutes les raisons évoqués précédement. Et comment ne pas parler du dernier personnage du jeu, le caméraman...mais c'est possible de rater des cinmatiques à ce point? Les cadrages ne sont pas respectés, la caméra tremble tout le temps, elle offre des plans confus, son placement nuie parfois à la lisibilité de l'action...mon dieu, mais que s'est-il passé? Pourtant, le level design est plutôt bien balisé mais des fois, la caméra plante le champ de vue du joueur pour une raison qui m'échappe.

Sinon...niveau gameplay...ben, c'est du TPS classique...pas grand chose à dire si ce n'est que le feeling à l'Arc est intéressant et que manette en main, c'est lui qui offre les meilleurs sensations de jeu. Le côté survie tant promis par le jeu est presque inexistant, c'est du vu et même du déjà vu puisque certaines scènes ne manqueront pas de rappeler un certain jeu commençant par Un et finissant par Charted. Mais. Il y a un point positif qui évite au jeu d'être un naufrage. Il a une sacrée ambiance. Je ne sais pas si c'est l'alchimie entre la réalisation et les péripéties que subit Lara mais à plusieurs moments du jeu, on est vraiment dedans. On est happé par l'atmosphère de cette île, par le destin tragique de ses habitants. Le jeu a subit un soin indéniable au niveau de son contexte et ça mine de rien...peu de jeux vidéos peuvent se targuer de l'avoir réussi. Et à titre personnel, jamais je ne suis parvenu à ressentir ça dans Uncharted.

Néanmoins, c'est trop peu pour sauver ce Tomb Raider qui se révèle être un jeu médiocre avec possiblement la pire histoire que j'ai vu dans un jeu vidéo. Le problème du jeu, c'est qu'il voulait être pleins de choses. Sauf qu'il n'a pas compris ce que c'était. Lorgner du côté de la série Uncharted et de Batman Arkham (si si), c'est bien mais encore faut-il comprendre ce qui a fait leur réussite. Uncharted ne se repose pas uniquement sur ses affrontements et les derniers jeux de lé série l'ont bien fait comprendre. La vision du détective n'apporte clairement rien à l'aventure alors pourquoi en avoir mis une. Néanmoins, excellente idée, tout comme dans Arkham, de donner les upgrades à Lara de manière logique (le piolet dans une "boucherie" , le fusil à pompe dans un avant-poste ennemi). ça se remarque à peine mais c'est des bons points. Mais à quoi bon mettre de la survie si au final ça ne sert à rien. Pourquoi être aussi sérieux et se permettre des failles de la taille de San Andreas dans le scénario?

Pourtant, à l'époque. Le jeu a été globalement bien noté et apprécié. Et il est vrai que le faire 10 ans plus tard ne plaide pas en sa faveur. Il est finalement symptomatique de son époque, ses fusillades et ses QTE. Mais je ne peux décemment pas vous le recommander. Il y a trop de choses qui ne vont pas pour passer outre. Et d'après ce que j'ai compris, la suite ne s'annonce guère mieux. Aie. Tomb Raider est un marqueur de son temps, à l'époque où les AAA étaient d'un tel générique. Hasta la vista. Générique final.