Un vrai bon Anno-like, riche, très drôle, mais avec des "mais"

Tropico 6 est un hybride entre un jeu de chaînes de production simpliste, comme Settlers 3, et un city-builder sérieux, comme Cities Skylines. C'est un Anno-like. Ça en fait un jeu de gestion riche de profondeur mais un peu irréel. C'est à la fois son pire défaut et ce qui fait son charme.

Propriétaire de T4 et T5 et de toutes leurs extensions, j'ai, moi aussi, longtemps considéré que Tropico 6 leur ressemblait beaucoup. Or, dans les détails, c'est assez faux et il m'est impossible de retourner jouer à une version antérieure.

Tout d'abord, il gagne en beauté et un peu en ergonomie (et ce n'est pas un luxe), mais aussi dans certaines mécaniques pas si simple à deviner. Par exemple, quand un salarié est absent de son poste de travail, il ne produit pas. Et ça change tout en termes de placement des bâtiments et de gestion des transports.

Alors qu'on le découvre assez facile et qu'on peut finir 13 des 15 cartes de sa campagne de base en difficulté normale sans trop pousser dans la gestion lourde, sa profondeur s'affirme quand on a besoin de plus de finesse et qu'on étend nos connaissances de ses nombreux sous-menus un peu mal fichus. Toutes les informations sont présentes, mais elles manquent souvent de précision et sont diluées; il faut savoir où les trouver. Ça pose beaucoup de déconvenues quand on ne le maîtrise pas. L'observation y est très importante. Trop à mon goût car ça manque de filtres de visualisations ou de tableaux statistiques vraiment parlants. Ça manque de quelques afficheurs constants qui, il est vrai, lui donneraient un aspect austère. Les menus ne sont guère avenants, c'est parfois laborieux. Il faudra même utiliser le web pour comprendre des astuces pas si évidentes à deviner.

Car d'apparence facile, voire trop facile pour qu'on pousse son apprentissage, vlan, une chute de trésorerie inexpliquée! Enfin inexpliquée jusqu'à ce qu'on la comprenne... Facile aussi, et un peu surprenant, car c'est le joueur qui décide des dates historiques de changement d'ère. Mais c'est un Tropico, c'est comme ça, et pourquoi pas?

Du coup, de mon point de vue, c'est un vrai bon jeu, presque "à l'ancienne". J'entends par là qu'on peut y jouer, on peut même gagner quelques parties, mais il faudra vraiment l'apprendre pour comprendre véritablement ce qu'on y fait. Pour ce faire, il faudra jouer un peu la campagne, dont le début fait office de semi-tutoriel, et un peu s'entraîner au bac à sable.

Un jeu rapidement jouable, donc, mais à la profondeur réelle.

On peut y gagner de plusieurs façons. Par exemple, en étant sympa et en essayant de combler le plus possible ses administrés, ce qui est le plus facile, mais aussi en les pressant façon Corée du Nord s'ils venaient à trop se rebeller (et c'est qu'ils se rebellent, en plus).

L'ambiance est fameuse et les blagues de notre petite quinzaine d'interlocuteurs assez fendardes. Encore plus pour moi qui suis fan de farces comme Canteloup ou Kaamelott. Quand le président des Etats-Unis me répète pour la 50e fois: "je me suis fait tout seul, exactement comme papa", ça m'arrache encore un sourire.

Ajouté à cela que le "jeu de base" est suffisamment riche et que, en dehors de quelques bâtiments de décoration de formes qui manquaient, aucune extension ne devient indispensable (bien que de nombreux DLC apparaissent, ce n'est pas une arnaque de type DLC-bomb). Le seul reproche est que le bac à sable n'a plus de challenge aux temps modernes. Le multijoueur doit pouvoir pallier à ce défaut mais, pour l'instant, je n'ai vu personne de disponible en même temps que moi pour une partie à plusieurs. Il faudra donc amener vos amis.

La génération de cartes Bac à Sable n'est pas terrible du tout mais on peut s'en passer puisque il y en a suffisamment fournies avec le jeu pour s'occuper.

Le pire défaut de T6 à mon goût vient d'un décrochage au niveau de la crédibilité entre la taille des bâtiments et le petit nombre d'habitants. Trois centrales nucléaires pour 1800 travailleurs, bien que dans des usines ultra-mécanisées, ça semble beaucoup, par exemple. C'est le point le plus choquant à mon sens; le jeu est bon mais les devs ont peut-être manqué d'équilibrage au niveau des besoins des habitants.

Les DLCs:

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Je possède actuellement cinq DLCs sur six et, si leur prix individuel est excessif pour le peu de contenu, chacun apporte au moins deux cartes (une de campagne et une de bac à sable) assez sympas. (sauf El Prez, qui n'apporte quasiment rien, à éviter hors El Prez Edition)

J'ai moins apprécié les DLCs que le jeu de base, finalement, considérant certains apports un peu gadget. Mais pourquoi pas? D'autant que, je me répète, aucun nouveau bâtiment ne devient réellement obligatoire pour jouer finement. Au contraire, ils apportent des variantes.

En résumé:

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+ Un jeu au top pour qui aime Anno ou Settlers.

+ Très drôle

+ Riche et aux variantes possibles

+ Meilleur que le 5 même au-delà des ponts et du moteur graphique.

+ Des DLCs appréciables mais pas indispensables.

- Des menus toujours aussi peu évidents à assimiler.

- Un brin trop cartoonesque dans la philosophie.

- Pas de joueurs sur le multi.