Pour se faire pardonner de son retard, Uncharted 4 donne une leçon de jeu vidéo : la plus belle, la plus intense et la plus inoubliable des aventures...


Dire que le dernier rejeton de Naughty Dog était attendu relève de l’euphémisme. Le talent du studio californien allant grandissant, depuis ses débuts sur PlayStation avec Crash Bandicoot, jusqu’à la création de Jak & Daxter, puis d’Uncharted, aux succès immédiats, on sentait monter un potentiel prometteur, et c’est le moins qu’on puisse dire. Après l’incroyable Uncharted 2, la série a reculé un peu avec le troisième épisode, qui assurait pourtant le spectacle, bluffait techniquement, mais manquait peut-être d’un supplément d’âme. Cela était sans doute dû à l’absence, sur cet épisode, du duo de créateurs Neil Druckmann et Bruce Straley, partis se consacrer à The Last of Us, avec le succès que l’on sait. De retour aux commandes de la série Uncharted, les deux réalisateurs stars corrigent le tir dès le début de ce dernier volet, en donnant à leur héros une profondeur, une dimension nouvelle via quelques flash-backs bien sentis, qui servent également de didacticiels pour les chapitres suivants. Dès les premières minutes, le jeu en met plein la vue, et sa sublime plastique se voit complétée par la justesse des dialogues et des « acteurs », comme dans ces scènes de vie quotidienne du couple formé par Nathan et Elena, simples, mais pourtant extrêmement touchantes. Sur le plan de la narration, le contrat est donc plus que brillamment rempli, et Naughty Dog se paie même le luxe de clins d’œil très appuyés, mettant en exergue les meilleurs souvenirs des précédents Uncharted. Le supplément d’âme est au-delà de nos espérances. L’émotion, la nostalgie qui se dégagent de ces surprenants débuts ne sauraient faire oublier qu’on est ici pour vivre de l’action et de l’aventure. Et les développeurs ont su trouver un rythme formidable, qui ne déçoit jamais.


Lorsqu’on reprend péniblement son souffle, régulièrement coupé par la réalisation et l’extraordinaire démonstration de puissance d’Uncharted 4, le titre nous livre ce qu’on attendait et même plus encore ; c’est probablement la plus grande force du jeu. Après avoir visité le passé de Nathan et de son frère Sam, il est grand temps de partir à l’aventure, sur les traces du roi des pirates, Henry Avery. Italie, Écosse ou Madagascar sont autant d’escales qui éblouissent par leurs décors inoubliables, chaque scène, même la plus courte, profitant d’un travail de modélisation exceptionnel. Fort heureusement, loin de la seule démo technique, Uncharted 4 offre autant, voire plus encore, du côté de sa jouabilité.



Mètre étalon



Autre éblouissante preuve de son talent, la prise en main proposée par Naughty Dog tient tout à la fois du délice, de la simplicité et du génie. Chaque nouvelle fonction ici trouve naturellement sa place, se maîtrise sans le moindre effort tant son intégration est parfaite, les tutos quasi invisibles et bien pensés. Côté escalade, Nathan peut désormais compter sur son grappin et une foule d’animations supplémentaires, dont les glissades, qui rendent ses péripéties aussi jouissives que spectaculaires ; d’autant que, le plus souvent, le cadre de ses exploits dévoile des points de vue exceptionnels. Côté combats, la richesse de la palette de possibilités offertes s’avère aussi stupéfiante que facile à utiliser. Face à un groupe d’ennemis, une multitude d’options s’offre alors à nous. D’abord, il y a le bourrinage éhonté, à coups de poing et de coups de feu, avec un système de couverture jamais pris en défaut et des ennemis capables de tactiques de contournement aussi surprenantes que mortelles. Mais il y a désormais aussi une vraie possibilité d’approche furtive, reléguant les mécanismes d’infiltration classique à la préhistoire du jeu vidéo : à tout moment, on peut changer de méthode, fusillade ou infiltration, la jouabilité aussi simple que parfaite permettant une infinité de stratégies face aux groupes ennemis.


Pour ne rien gâcher, les lieux servant de cadre à ces affrontements présentent un level design très élaboré, qui multiplie les possibilités et ce de façon progressive, au fur et à mesure du déroulement de l’histoire. D’abord très simples, les scènes de combat deviennent gigantesques, jusqu’à devenir dantesques. Autres aspects récurrents de la saga qui n’ont pas été oubliés, les énigmes et puzzles jouent parfaitement leur rôle de respiration, offrant une pause un peu plus cérébrale, sans toutefois causer de migraine, entre deux fusillades ou cascades épiques. Ils sont relayés dans cette mission de métronome par la conduite du 4x4, qui distille une sensation de liberté, de monde faussement ouvert et propose quelques poursuites et scènes d’action plus vives. Au fil des chapitres qui s’égrainent, chacune des dimensions d’Uncharted 4 prend de l’épaisseur. Les personnages gagnent en complexité, en relief, avec des dialogues non scriptés qui nous en apprennent plus sans ennuyer une seconde, forçant l’empathie. Des scènes de plus en plus fortes s’enchaînent, les phases de jeu que l’on a appris à maîtriser poussent à se surpasser pour progresser. Surtout, l’histoire prend le pas sur tous ces autres aspects, pourtant fantastiquement gérés. La quête du trésor d’Avery devient obsessionnelle...



Sic parvis magna



Si l’on restera très discret sur le scénario et les scènes-clés d’Uncharted 4, c’est bien évidemment pour garder intact le lot de surprises préparées par le studio, du tout début de l’aventure jusqu’à l’étonnant épilogue. En revanche, l’envie de s’épancher des heures sur l’incroyable ouvrage de ce qui devrait être une référence du média dans les années à venir, elle, est incontrôlable. Rarement on aura pu voir un titre afficher une telle maîtrise, de son arc narratif principal à ses divers types de jouabilité, en passant par des instants qui durent quelques secondes mais qui ne tombent jamais dans la facilité. L’exigence qui aura été celle de Nautghy Dog pour saluer son héros, ses fans, et faire honneur au travail de plusieurs années, force le respect et impose aussi de nouveaux standards. Proposer des scènes de dialogue dignes de véritables films, propulser le joueur au cœur d’une bataille rangée intense et jouissive, le pousser à éliminer ses ennemis discrètement pour se faufiler vers son objectif ou à défier les lois de la gravité dans des décors naturels inimaginables : tout ce que fait Uncharted 4 confine au divin, à la perfection. Comment va-t-on pouvoir jouer à moins bien dans les mois ou les années qui viennent ? En attendant de voir un autre développeur relever le gant, le mode multijoueur enfonce le clou. Des tonnes de modes de jeu, de bonus à débloquer, du rythme, et le plaisir d’évoluer dans des environnements qui nous rappellent notre plus belle aventure en jeu vidéo... et nous permettent de prolonger le plaisir. Naughty Dog peut refermer l’album photo de Drake avec fierté, mais nous n’aurons de cesse de nous y replonger pour voir à quoi la perfection ressemble. La devise de Sir Francis Drake, « la grandeur vient des débuts modestes », embrasse à merveille le crescendo jubilatoire opéré par ce chef-d’œuvre.


#Perfection
#Talent
#Claque

Jouabilité: 5/5
Tout est instinctif, et chaque mécanique de jeu s’emboîte à merveille : en quelques instants, on maîtrise tout, on essaye tout.


Graphismes: 5/5
Modélisations, textures, lumières, animations se mettent au service d’une direction artistique majeure : une énorme claque.


Bande-son: 5/5
Outre une infinité de configurations, tout est enchanteur, du moindre bruitage jusqu’aux musiques, avec une VF majeure.


Durée de vie: 5/5
Une grosse douzaine d’heures pour le solo en normal, bien plus pour tout découvrir, tout rejouer, plus un multijoueur de qualité.


Naughty Dog livre le jeu vidéo parfait, maîtrisant tous les aspects d’une œuvre définitive, sans oublier le moindre détail. Le jeu vidéo ne sera plus jamais comme avant.

Fencer_
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le 13 juin 2018

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